La diététique reste incontournable lors d’obésité - La Semaine Vétérinaire n° 1361 du 22/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1361 du 22/05/2009

Nutrition

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Même si différentes approches existent (hygiéniste et comportementale), le régime hypocalorique reste l’élément central de la prise en charge de l’animal obèse.

Chez les animaux de compagnie, les années 60 à 90 peuvent être qualifiées de “trente glorieuses du rationnement ménager”. La restriction calorique est alors réalisée grâce à une satiété volumétrique et un régime hypocalorique. Pour cela, de l’eau et des fibres sont ajoutées à la ration. Puis un rapport protido-calorique élevé est recherché (supérieur à 75 g/Mcal d’énergie métabolisable), avec un apport d’acides aminés en équilibre. Pour éviter les carences, l’alimentation est supplémentée. Ces régimes fonctionnent bien. Mais ils sont quelque peu abandonnés dans les années 90, avec l’arrivée en France de la diététique des chiens et des chats. Divers régimes sont alors disponibles : à dilution hydrique, appauvris en graisses, enrichis en fibres hydrosolubles, riches en protéines, en fibres solubles ou insolubles. Tous les aliments ne sont pas équivalents (formule, densité calorique, rapport protido-calorique). Il faut apprendre à comparer les formules, connaître la présence éventuelle de nutraceutiques, savoir si les aliments sont non carentiels, contiennent des composants pour protéger le foie et visent à prévenir les phénomènes oxydatifs. Il faut aussi vérifier que l’aliment est appétent.

Un aliment hypocalorique n’est pas un aliment allégé. Ce dernier devrait contenir 15 % de calories en moins et pourrait éventuellement servir en prévention ou en post-cure. Un aliment hypocalorique est recommandé et prescrit par le vétérinaire. Les formules actuelles font intervenir des fibres (Psyllium, par exemple) et le concept de satiété. Elles mettent en avant les protéines et certains acides aminés comme la L-carnitine (déstockage de la masse grasse et maintien de la masse maigre), la méthionine (prévention de la stéatose hépatique) ou la L-lysine (maintien de la masse maigre).

Des années marquées par les approches comportementaliste, hygiéniste et le sport

Dans les années 90, l’approche comportementaliste reprend un certain nombre d’éléments déjà proposés par les nutritionnistes, comme la correction des habitudes alimentaires, la suppression des friandises, la pratique d’une activité physique, le fractionnement de la ration alimentaire… et la pédagogie ! Les comportementalistes vont beaucoup plus loin en parlant de troubles du comportement alimentaire, de la relation entre anxiété et boulimie ou encore de la gestion des rituels dans les interactions du duo maître-animal.

Les années 2000 marquent l’apparition timide de l’approche hygiéniste, qui consiste à faire faire une activité physique adaptée à la situation. Une marche rapide d’au moins trente minutes par jour est proposée. Le but est de maintenir le métabolisme de base et la motivation. Le sport est mis en avant, par exemple avec des objets adaptés au chat (Pipolino®) ou des activités plus élaborées comme la balnéothérapie et la physiothérapie.

En complément de la diététique, les médecines alternatives peuvent se faire une place, comme la phytothérapie (plantes coupe-faim, drainantes, diurétiques) ou l’acupuncture, même si leur efficacité réelle reste à prouver.

En 2007 apparaissent les médicaments qui font maigrir !

Depuis deux ans, la révolution s’est faite par la mise sur le marché de molécules destinées à lutter contre l’obésité, le mitratapide (Yarvitan®) et le dirlotapide (Slentrol®). Tous deux ont le même mode d’action : ils inhibent une protéine de transfert des triglycérides localisée dans les entérocytes. L’absorption des lipides alimentaires est donc diminuée et une baisse des taux de cholestérol et des triglycérides sanguins est constatée. En raison de l’accumulation des triglycérides dans les entérocytes, le peptide Y est sécrété au niveau de l’intestin et a un effet pharmacologique de régulation de la satiété à court terme, via une action sur l’hypothalamus qui coupe la sensation de faim.

La nutrition a aussi un effet pharmacologique. Un aliment agit directement sur le tissu adipeux en essayant de déstocker les matières grasses ; il influe également sur l’estomac en assurant une vidange lente, ce qui tend à une sensation de satiété à long terme ; il participe à la sécrétion de certaines hormones, qui peuvent avoir une répercussion antagoniste sur la sensation de faim (insuline, par exemple). L’aliment entre donc dans le cadre de la pharmacologie, en plus de la restriction calorique.

Les médicaments de l’obésité ont des effets secondaires au niveau digestif et hépatique, ainsi que des contre-indications. La détection de maladies sous-jacentes, comme l’hypothyroïdie ou l’hypercorticisme, est un préambule obligatoire avant la mise en place d’un traitement de l’obésité par voie pharmacologique. Ces médicaments peuvent être considérés comme des “starters du cercle vertueux de l’amaigrissement”. Il faut évaluer le rapport bénéfice/risque avant leur prescription et, dans tous les cas, il convient de veiller au rebond qui ne pourra être combattu que par l’approche nutritionnelle. Il ne faut donc pas opposer la diététique aux médicaments. Au départ, ces derniers peuvent être utilisés seuls pendant la cure, mais même si l’un des produits comporte une autorisation de mise sur le marché (AMM) au long terme, ils ont un effet de régulation de la satiété à court terme.

Le bénéfice d’une combinaison entre médicaments et régime n’est pas prouvé

Les régimes peuvent, bien entendu, être utilisés seuls. Les mécanismes déclenchés par l’approche nutritionniste sont beaucoup plus intimes et profonds sur la cascade de la satiété et sur le traitement de la cause de l’obésité. Le régime est en mesure de maîtriser les effets rebonds. Une action combinée des médicaments et de la diététique est a priori possible, sans qu’une plus grande perte de poids soit démontrée, d’autant que la limite fixée quelle que soit l’approche est de 1 à 2 % de perte de poids par semaine.

Par ailleurs, des études montrent qu’il existe une interaction entre le médicament et la digestibilité des matières grasses. Cette dernière est diminuée, or le signal que l’on tente de déclencher par la voie du peptide Y dépend des matières grasses. L’utilisation combinée mérite donc d’être réfléchie.

Les rations industrielles sont amenées à évoluer, et avec elles l’apparition de nouvelles approches séduisantes : les nutraceutiques de l’obésité, la nutrigénomique, voire la nutrigénétique, c’est-à-dire l’adaptation de l’aliment à l’individu selon son patrimoine génétique.

Les traitements seront plus personnalisés. Ces approches se feront toujours autour de la nutrition. Les régimes ne sont donc pas morts. Il restera des points incontournables : prouver le surpoids, en essayant d’être le plus scientifique possible (indice de condition corporelle, voire taux de masse graisseuse), choisir l’aliment, calculer la quantité à distribuer, accompagner les propriétaires (coaching nutritionnel).

CONFÉRENCIER

Christophe Blanckaert, titulaire d’un CES de diététique canine et féline, praticien à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

Article tiré de la conférence : « Alimentation et obésité : la fin des régimes », présentée lors du congrès 2008 de l’Afvac, organisé à Strasbourg.

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