La campagne de vaccination touche à sa fin - La Semaine Vétérinaire n° 1360 du 15/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1360 du 15/05/2009

Fièvre catarrhale ovine. Bilan de santé… des vétérinaires

Actualité

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Les manipulations plus fréquentes des animaux ont provoqué davantage d'accidents que lors des prophylaxies habituelles. Se pose alors le problème de la responsabilité.

Le 30 juin. C'est la date limite de vaccination dans les départements qui ont choisi de jouer la prolongation, essentiellement pour les ovins qui,? cette année, auront agnelé tranquillement. Pour les autres, elle est réglementairement terminée, juste avant la reprise “officielle” d'activité du vecteur. Bon timing.

L'heure des bilans a sonné. Un bulletin de santé des vétérinaires sanitaires pourrait notamment être établi. « J'ai eu de la chance. Le couloir n'était pas large, j'ai reculé pour éviter le pied de la vache à qui je faisais la prise de sang, et c'est celle de derrière qui m'a eu ! J'ai quand même dû m'arrêter quelques jours, mais le moins possible. Je n'avais pas d'autre choix », explique un confrère. Pour un autre, la campagne de vaccination a eu des conséquences plus lourdes : un brusque mouvement de tête de la bête, le doigt coincé entre corne et cornadis. Résultat : les tendons coupés et cinq semaines d'arrêt de travail au minimum. Et les confrères ne comptent plus les coups de pieds bien placés, pour peu qu'ils ne les empêchent pas de continuer à travailler.

Le risque de blessure des praticiens avait diminué ces dernières années, parallèlement à l'allégement des campagnes de prophylaxie. La vaccination obligatoire de tout le cheptel ruminant a changé la donne, en raison du nombre d'interventions par animal. Vaccination contre les deux sérotypes, prises de sang habituelles, rappels à trois semaines pour tous les animaux primo-vaccinés… « C'est souvent là que surgissent les pires difficultés. La première fois, les vaches sont surprises. Mais lors du rappel, elles savent à quoi s'attendre, témoigne un confrère. C'est la première année que je vois autant de bêtes lever le cul en plus de vingt ans de carrière. »

Aucune extension des dérogations malgré le danger souligné par les éleveurs

Le danger potentiel de la double vaccination est également bien perçu par les éleveurs. Lors de l'assemblée générale du GDS-France, ils ont d'ailleurs attiré l'attention des représentants du ministère de l'Agriculture et de la Direction générale de l'alimentation (DGAL) sur les risques encourus par les vétérinaires appelés à vacciner les broutards dans les centres d'engraissement semi-ouverts. Une dérogation existe pour les lots d'animaux âgés de moins de dix mois ou engraissés en bâtiments fermés, isolés et conduits directement à l'abattoir(1), qui ne sont pas soumis à la vaccination. Des demandes avaient été déposées pour que cette exception soit étendue, pour des motifs économiques en raison du délai avant abattage des animaux, mais également en raison des difficultés et du risque potentiel d'une vaccination de masse des bovins conduits en lots, peu manipulés et donc potentiellement dangereux. « Cette question a déjà été débattue lors de l'établissement des listes de dérogations, et repoussée car cela représentait un trop fort taux d'animaux non vaccinés sur le territoire », avait alors répondu Claudine Lebon, sous-directrice de la santé et de la protection animale à la DGAL.

Les DDSV sont rarement tenues au courant des accidents subis par les vétérinaires

Face à cette situation, les confrères et les éleveurs ont donc dû se pencher sur la marche à suivre en cas d'accident enregistré au cours des opérations de prophylaxie ou de vaccination collective dirigée par l'Etat. Plusieurs cas de figure sont envisageables, selon que les dommages sont causés à l'animal ou par lui.

En ce qui concerne la vaccination, une déclaration de pharmacovigilance est à transmettre à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments pour tout effet secondaire, choc, mort de l'animal, ou simple réaction locale. Les effets du produit sont évalués et, dans certains cas généralement rares, la perte ou le préjudice peut être imputé au vaccin. Les avortements notés après l'injection d'un vaccin contre la fièvre catarrhale n'entrent pas dans ce cadre, car le produit, inactivé, ne peut pas transmettre la maladie. Ceux provoqués par la manipulation sont plus difficiles à cataloguer, de même que les dommages causés par un bovin au praticien ou à l'éleveur.

« L'exploitant est tenu d'assurer la contention de ses animaux », rappelle notre consœur Nelly Carré, directrice adjointe des services vétérinaires de la Mayenne. Les vétérinaires sanitaires doivent rendre compte des difficultés rencontrées dans l'exercice du mandat sanitaire, mais bien peu informent leur DDSV quand ils sont victimes d'un accident. Tout ce qui est directement lié à la contention des animaux relèverait donc de la responsabilité de l'éleveur.

Le règlement amiable est souvent défavorable aux vétérinaires

La MACSF, spécialisée dans l'assurance des professionnels de santé, note une hausse du nombre des déclarations de sinistre, directement liée à la campagne de vaccination. Cependant, les dossiers sont redirigés vers l'administration, qui les traite sans les lui retourner. En effet, quand un confrère intervient dans le cadre du mandat sanitaire, les assureurs le considèrent comme un collaborateur de l'Etat et estiment que sa responsabilité de praticien libéral n'est pas en cause a priori.

D'un point de vue juridique, le partage des responsabilités n'est pas explicité dans les textes, contrairement aux particularités fiscales de la rémunération, qui créent une situation bancale où l'éleveur paie directement le vétérinaire sur la base de tarifs fixés par l'administration. La porte est donc ouverte à toutes les interprétations. Et le règlement des litiges à l'amiable n'est pas toujours en faveur des confrères, qui ont trop souvent tendance à se reconnaître responsables.

Quand le différend est jugé devant un tribunal, la responsabilité de l'Etat est généralement reconnue, quelle que soit la situation, parfois même lors d'accident dû à une mauvaise contention, puisqu'il est admis que le praticien intervient pour le compte de l'Etat quand il agit dans le cadre du mandat sanitaire. Cependant, le tribunal administratif de Versailles a rejeté cette responsabilité, dans un jugement rendu en février 2008. L'affaire concernait la blessure invalidante d'un praticien, causée par un ovin. Les juges ont souligné que les opérations de prophylaxie avaient lieu pour le compte de l'éleveur, suggérant que la responsabilité incomberait donc à ce dernier.

En l'absence de répartition stricte et explicite des responsabilités de chacun (Etat, éleveur et vétérinaire agissant dans le cadre du mandat), les textes sont sujets à interprétation et les jugements varient parfois considérablement d'une juridiction à l'autre.

  • (1) Arrêté ministériel du 4/11/2008 modifiant l'arrêté du 1er/4/2008.

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