Nos clients ne sont pas des PME

Les propos tenus dans un récent courrier⁽¹⁾ mettent au rencart tout l’affectif que ma génération croyait être de mise vis-à-vis des clients et des animaux qui nécessitent nos soins. J’écris “nécessitent” en pensant “exigent”, car il me revient en mémoire ces grands élans de générosité plaidant la gratuité pour les économiquement faibles et l’obligation de soigner, consacrée par la formule : « Aucun animal ne sortira de nos cabinets sans avoir été soigné. »

Ne pas accorder de crédit ou de facilités de paiement… on croit rêver ! Surtout lorsque l’auteur du courrier écrit : « C’est plus agréable à vivre et je dors mieux. » Pour moi, l’insomnie viendrait plutôt d’avoir rejeté pour délit de pauvreté une retraitée touchant 450 € par mois, une famille victime du chômage ou vivant avec le Smic.

Ces propos, outre leur aspect odieux de médecine de riche (« meilleur pouvoir d’achat, services haut de gamme ») sont une manière efficace de donner du grain à moudre à ceux qui nous menacent (libéralisation des vaccinations et autres actes, perte de la pharmacie, etc.). C’est pousser aux abandons ou à la chute déjà amorcée de l’acquisition d’un compagnon animal.

Nos clients ne sont pas des PME. Ce sont des êtres humains d’une part, et desanimaux de l’autre. Les premiers peuvent se trouver dans une grande détresse, même passagère. Les seconds ont droit à notre respect, car cela fait des années qu’ils nous font vivre… et bien dans la plupart des cas.

• (1) Notre confrère réagit au courrier de Christophe Blanckaert, publié dans le n° 1355-1356 des 10-17/4/2009 en page 7.