L’imminence d’une pandémie annoncée par l’OMS, c’est du lard ou du cochon ? - La Semaine Vétérinaire n° 1359 du 09/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1359 du 09/05/2009

Epidémie humaine. Nouveau virus influenza H1N1

Actualité

Si l’épidémie de grippe A/H1N1 semble s’essouffler, selon certains observateurs, la prudence reste de mise.

L’épidémie humaine de grippe originaire du Mexique(1), renommée “grippe A/H1N1” par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), montrerait des signes d’essoufflement. Le 3 mai dernier, les autorités mexicaines ont fait état d’un « recul de la maladie » et les Américains ont évoqué des « signes encourageants ». Richard Besser, directeur des Centers for Disease Control (CDC) outre-Atlantique, estime même que « jusqu’à présent, le virus n’a pas l’air plus sévère qu’une souche de grippe saisonnière », tout en rappelant que cette dernière, dite classique, tue trente-six mille personnes chaque année aux Etats-Unis. Force est également de constater que les chiffres sont revus à la baisse depuis l’annonce officielle de l’épidémie. Ainsi, alors que le bilan du ministère de la Santé mexicain comptabilisait entre cent et cent cinquante morts et près de mille six cents personnes touchées sur le territoire au 26 avril dernier, il n’y aurait officiellement que vingt-neuf décès attribués au virus et un peu plus de huit cents cas confirmés.

Aux Etats-Unis, les chiffres font état d’un peu plus de quatre cents personnes touchées et de deux victimes. Désormais, des cas confirmés sont recensés dans une vingtaine de pays (les données varient selon les sources)(2). Au total, le cap des mille cinq cents personnes atteintes est franchi. Mais contrairement au Mexique et aux Etats-Unis, il s’agit de cas importés et non de contamination interhumaine (excepté quelques cas en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Corée du Sud), et aucun décès n’est enregistré.

Le degré d’alerte pandémique de l’OMS est au niveau 5, le niveau 6 est évoqué

Malgré ces constats plus ou moins rassurants, la menace d’une pandémie mondiale divise les scientifiques. La prudence est de mise. De son côté (mais n’est-ce pas son rôle ?), l’OMS reste alarmiste. Depuis l’annonce officielle de l’épidémie humaine due au nouveau virus influenza H1N1 recombiné, le 24 avril dernier, elle a élevé son degré d’alerte pandémique au niveau 5 (sur une échelle qui en compte 6), le 29 avril. La phase 5 se caractérise « par une propagation interhumaine du virus dans au moins deux pays d’une région de l’OMS [Mexique et Etats-Unis, Ndlr]. Elle constitue un signal fort indiquant qu’une pandémie est imminente et qu’il reste peu de temps pour finaliser l’organisation et la mise en œuvre des mesures d’atténuation prévues »(3).

Le 4 mai dernier, dans un entretien au journal El Pais, Margaret Chan, directrice générale de l’OMS, n’écartait pas la possibilité d’un passage au niveau 6, selon l’évolution de la situation. En plus des critères définis pour la phase 5, ce niveau se caractérise par des flambées à l’échelon communautaire dans au moins un pays d’une autre région de l’OMS, et « indique qu’une pandémie mondiale est en cours ». Par ailleurs, l’organisation n’exclut pas le risque d’une deuxième vague épidémique due au nouveau virus H1N1 à l’automne, avec « une virulence sans précédent », sans pour autant expliquer les raisons de cet accroissement de virulence. Le scénario potentiellement catastrophique d’une recombinaison du nouveau virus A/H1N1 avec celui de la grippe saisonnière à l’automne est aussi évoqué.

Le virus A/H1N1 joue un véritable tour de cochon à l’industrie porcine

Quoi qu’il en soit, la crainte de la propagation de la grippe A/H1N1 (appelée initialement grippe porcine) a déjà éclaboussé l’industrie porcine, sans fondement. Comme le souligne l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), il n’existe actuellement aucune preuve d’infection des porcs par le nouveau virus H1N1 ou de contamination de l’homme par des porcs, susceptible d’être à l’origine de l’épidémie.

Certains gouvernements ont pourtant pris des mesures, jugées injustifiées. Ainsi, une quinzaine de pays, dont la Chine et la Russie, ont déjà interdit ou restreint l’importation de porcs ou de produits dérivés provenant des Etats-Unis, du Canada et du Mexique. Les autorités égyptiennes ont, de leur côté, ordonné l’abattage d’environ deux cent cinquante mille porcs d’élevage, le 3 mai dernier dans la région du Caire.

Dans un communiqué conjoint daté du 4 mai, l’OMS, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’OIE et l’Organisation mondiale du commerce dénoncent le boycott du porc et affirment que sa viande « n’est pas source d’infection ».

L’annonce de la détection du virus chez des porcs au Canada (dans l’Alberta), le 2 mai, pourrait également avoir des répercussions sur le commerce. Mais ces animaux ont été exposés au virus par le biais d’un fermier canadien qui s’était rendu au Mexique et présentait des symptômes grippaux. L’homme et les animaux (mis en quarantaine) sont guéris. Ce fait rappelle toutefois le lien entre l’homme et l’animal dans la transmission des virus influenza et leur recombinaison possible. La FAO exhorte donc les autorités nationales à une surveillance étroite des élevages porcins, afin de déceler d’éventuels signes grippaux. Un “passeporc” nécessaire vers une surveillance accrue des virus influenza !

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 2/5/2009 en pages 12 et 13.

  • (2) Consulter les sites www.invs.sante.fr (rubrique “actualités”, puis “Bulletin épidémiologique, grippe A/H1N1”) et www.who.int.fr/index.html (rubrique “actualités”).

  • (3) Les mesures préventives des différentes phases du plan “pandémie influenza” de l’OMS sont consultables à l’adresse www.who.int/crs/disease/influenza/PIPGuidance09.pdf

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