L’examen médical du cheval en visite d’achat est un exercice délicat - La Semaine Vétérinaire n° 1359 du 09/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1359 du 09/05/2009

Evaluation avant l’acquisition

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Cet acte rigoureux repose sur des connaissances approfondies en médecine et en orthopédie.

La visite qui précède l’achat d’un cheval nécessite une certaine expérience et la connaissance de la discipline du cheval présenté afin de diagnostiquer les affections subcliniques et de détecter toute possibilité de problème futur.

Le vétérinaire reporte, tel qu’énoncé, tout ce qui est dit et consigne tout ce qu’il observe. L’idéal est de réaliser cet acte en présence du vendeur et surtout de l’acheteur. L’examen débute par le recueil d’une anamnèse orientée : depuis combien de temps le cheval est-il en possession du vendeur A-t-il eu des problèmes de santé ayant nécessité un traitement A-t-il reçu des médicaments qui peuvent influer sur l’examen en cours Le praticien interroge l’acheteur sur l’usage désiré, le niveau de compétition espéré et discute avec lui des examens souhaitables et souhaités. L’identité du cheval sera, bien entendu, vérifiée grâce au carnet signalétique et à la lecture de la puce électronique. En l’absence de ces documents, il faut refaire un signalement.

L’examen débute par une inspection générale, puis devient minutieux

A distance, le vétérinaire appréhende l’attitude du cheval et sa vigilance, son état général, recherche les amyotrophies et l’éventuelle diminution de son polygone de sustentation, un signe d’ataxie. Puis il examine minutieusement le cheval, appareil par appareil (cutané, cardiovasculaire, digestif, respiratoire, nerveux et organes des sens, reproducteur et, bien entendu, locomoteur).

• L’examen de la peau doit être complet, sur toute la surface du cheval, à la recherche de cicatrices chirurgicales (coliques, cornage, névrectomie, etc.), d’adhérences de castration, de blessures de garrot ou de mors, de masses ou tumeurs. Il faut notamment être précautionneux dans l’évaluation des sarcoïdes qui peuvent évoluer et poser problème.

• L’examen cardio-vasculaire débute par l’évaluation des veines jugulaires, thoraciques et céphaliques : le praticien recherche les signes de phlébites, d’œdèmes de la face ou de distension veineuse.

• L’auscultation cardiaque est orientée vers des signes d’insuffisance cardiaque (œdème sous-sternal, présence d’un pouls jugulaire rétrograde, etc.) et fondée sur l’auscultation à droite et à gauche. Sont évalués la fréquence cardiaque (au repos, après l’effort et la récupération), les bruits surajoutés et le rythme. Mieux vaut prendre son temps pour l’évaluation du rythme, car certaines fibrillations auriculaires peuvent passer inaperçues, notamment lors de fréquence cardiaque assez basse. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à pratiquer un électrocardiogramme. Chez les chevaux de sport et de loisirs, l’auscultation cardiaque après l’effort sera réalisée à la suite de l’examen orthopédique, notamment après cinq minutes de galop pendant lesquelles il faut également rester à l’écoute d’un éventuel bruit respiratoire. Chez le cheval de course, cet examen a lieu obligatoirement après un canter, ce qui nécessite donc la présence du praticien au bord de la piste. Les souffles diastoliques ne sont jamais physiologiques, les souffles systoliques sont physiologiques s’ils disparaissent après l’effort. En cas de doute, mieux vaut ne pas conclure et proposer une échocardiographie cardiaque.

• L’examen de l’appareil respiratoire bénéficie d’une attention particulière, car il est la deuxième cause d’intolérance à l’effort. Deux vices rédhibitoires sont à rechercher : le cornage et l’emphysème pulmonaire. La non-utilisation d’un sac respiratoire lors de l’auscultation peut être interprétée comme un manque de moyens. Il convient également d’écouter le cheval à l’effort et, en cas de doute, de conseiller une endoscopie des voies respiratoires, qui fait partie des examens obligatoires chez le cheval de course et de saut d’obstacles de haut niveau.

• L’exploration de l’appareil digestif est difficile. Il faut noter l’état général, le niveau d’embonpoint et la qualité des poils, puis examiner la cavité buccale à la recherche de surdents, de dents de loup ou de problème de mal-alignements dentaires.

• L’examen du système nerveux comporte un piège : la non-identification d’un syndrome Wobbler (ataxie d’origine cervicale). Le vétérinaire évalue les positions spontanées dans le box, puis pendant l’examen locomoteur sur un huit de chiffre et dans les transitions d’allure descendantes et ascendantes.

• L’examen ophtalmologique est incontournable, notamment pour la recherche des signes d’uvéite (cataracte, synéchies, lésions de choriorétinite en ailes de papillon de la zone dépigmentée du tapis). La non-utilisation d’un ophtalmoscope et l’absence de box sombre seront interprétés comme des manques de moyens et pourront mettre en cause la responsabilité civile professionnelle du praticien.

• L’examen reproducteur est mené différemment selon la destination du cheval. S’il est destiné à une carrière d’étalon, il faut conseiller un spermogramme dans un centre spécialisé et le suivi de sa fertilité sur les années antérieures. Pour les juments, il convient d’expliquer à l’acheteur les risques et les limites de l’examen génital transrectal, en se contentant de noter l’absence d’anomalies. La visite d’achat est un exercice difficile. Elle nécessite des connaissances approfondies en médecine et en orthopédie, ce qui sous-entend une certaine expérience du praticien. Ce dernier doit en outre connaître la discipline des chevaux qu’il voit en visite d’achat. Il devra tout consigner, être rigoureux, exhaustif… et bien assuré !

  • (1) Source : EPU sur la visite d’achat au Cirale, le 19/3/2009 : « L’examen médical », conférence d’Aude Giraudet.

VOIR AUSSI

• M. Neveux : « La visite d’achat n’est pas seulement une visite vétérinaire, chaque cas est unique », La Semaine Vétérinaire n° 1231 du 24/6/2006.

• M. Neveux : « Le vétérinaire ne peut s’exonérer de ses responsabilités civile et pénale », La Semaine Vétérinaire n° 1331 du 17/10/2008.

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