L'échographie est bien adaptée à l'exploration des tissus mous chez les reptiles - La Semaine Vétérinaire n° 1359 du 09/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1359 du 09/05/2009

Imagerie médicale

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Lionel Schilliger

Les échographes couramment utilisés en médecine canine et féline sont, pour la plupart, adaptés aux reptiles. La contention de ces animaux dans le cadre d'un examen d'imagerie ne pose pas de problème particulier.

Comme chez les mammifères, l'échographie bidimensionnelle est un outil diagnostique particulièrement adapté à l'exploration des tissus mous chez les reptiles (foie, reins, vessie, appareil génital, cœur et gros vaisseaux de la base du cœur, tube digestif). Elle permet également la réalisation de biopsies échoguidées, sans avoir recours à une cœliotomie chirurgicale, et peut participer au sexage chez les espèces dont le dimorphisme sexuel est inexistant (par exemple, hélodermes, scinques, varans). En revanche, comme chez le chien et le chat, cette technique ne présente aucun intérêt dans l'exploration du tractus respiratoire ou du squelette.

A l'instar des autres examens d'imagerie médicale, l'échographie nécessite une bonne connaissance préalable de l'anatomie topographique des organes internes des reptiles (voir photos 1 et 11). Ainsi, la distinction entre échographie thoracique et abdominale n'existe pas puisque ces animaux, dépourvus de diaphragme, ne possèdent qu'une cavité générale unique, appelée cœlomique. L'objectif ici est de rappeler leurs particularités anatomiques, de présenter le matériel nécessaire, le positionnement de l'animal et les artéfacts éventuellement rencontrés. Les images normales et pathologiques feront l'objet d'articles ultérieurs.

Les échographes utilisés pour les carnivores domestiques conviennent aux reptiles

Les stations d'échographie couramment utilisées en médecine canine et féline sont, pour la plupart, tout à fait adaptées aux reptiles.

L'utilisation d'une sonde à haute résolution de 10 à 15 MHz est recommandée pour l'examen des animaux de moins d'un kilo et/ou dont le corps est assez aplati latéro-latéralement ou dorso-ventralement. Une sonde de 3,5 à 8 MHz convient mieux chez les reptiles de grande taille (grands lézards, varans, boïdés, grandes tortues).

Le choix de la sonde échographique doit être effectué selon :

– l'épaisseur de la région à explorer : plus la fréquence du transducteur est élevée, plus la résolution est fine, mais moins la distance traversée par les ultrasons est importante. Il faut donc toujours raisonner en termes de compromis entre résolution et profondeur de champ visualisée ;

– la fenêtre acoustique utilisée : l'emploi de sondes linéaires de haute résolution est particulièrement recommandé chez les reptiles dont le corps est longiligne (comme les serpents, les lézards serpentiformes), mais impossible chez la plupart des tortues terrestres en raison de l'étroitesse de leurs fosses préfémorales et axillo-cervicales. Les sondes microconvexes, quant à elles, épousent généralement bien la concavité de ces régions anatomiques.

Lézards et serpents sont maintenus en décubitus dorsal ou ventral

La contention des reptiles, dans le cadre de ce type d'examen d'imagerie, ne pose généralement pas de problème particulier. Cependant, plusieurs aides doivent parfois être réquisitionnés pour assurer l'immobilisation des grands boïdés (boas et pythons), soit une personne par mètre de serpent environ ! Une sédation peut se révéler nécessaire chez les reptiles agités, agressifs ou venimeux (par exemple : médétomidine à 0,1 mg/kg et kétamine à 10 mg/kg par voie intramusculaire, propofol à 7 mg/kg par voie intraveineuse, voir photo 6).

Les lézards et les serpents sont généralement maintenus en décubitus dorsal et la sonde est placée ventralement (voir photo 2), parallèlement à l'axe du corps de l'animal (coupes longitudinales, voir photo 8) ou perpendiculairement à l'axe du corps de l'animal (coupes transversales, voir photo 9). Les grands lézards peuvent aussi être immobilisés en position anatomique, face ventrale vers le sol, surélevés par exemple au-dessus d'une table d'examen sur laquelle le bras de l'opérateur prend appui (voir photo 12). Cette méthode de contention est souvent moins stressante pour un reptile qui, lorsqu'il est placé en décubitus dorsal, cherche instinctivement à se retourner. A contrario et assez étrangement, certains lézards, comme l'agame barbu (Pogona vitticeps), s'endorment rapidement dans la chaleur des mains lorsqu'ils sont maintenus sur le dos.

Les serpents peuvent aussi être placés en décubitus ventral et la sonde est alors positionnée latéralement par rapport au corps de l'animal. Cette technique est particulièrement utile dans le cadre d'un diagnostic échographique d'ovogenèse ou de suivi de reproduction. Ils peuvent être placés à même la table d'examen ou dans une boîte de contention spécialement conçue à cet effet : l'opérateur tient d'une main la queue du serpent dont le corps longe la paroi de la boîte pour s'y appuyer, et de l'autre la sonde échographique, placée le long du corps (voir photo 10). La cachette prévue à l'extrémité de la boîte permet au serpent de s'y sentir en sécurité et de rester tranquille. Par moments, la main qui tient la queue de l'animal exerce une traction pour ramener le corps contre la paroi de la boîte.

En ce qui concerne les tortues, elles sont tenues dans les mains d'un assistant et placées soit sur la dossière (en décubitus dorsal), soit sur le plastron (en décubitus ventral), soit tenues surélevées au-dessus d'une table, dans différentes positions, selon la fenêtre échographique utilisée. En effet, si chez les lézards et les serpents la sonde peut être placée n'importe où en face ventrale ou latérale du corps, il n'en est pas de même chez les tortues. L'accès à leur cavité cœlomique est en effet considérablement gêné par la présence des ostéodermes de la carapace, qui constituent un obstacle acoustique majeur. Le transducteur ne peut donc être positionné, chez ces animaux, qu'en trois endroits : au niveau de la fosse axillo-cervicale (entre la base du cou et la face craniale du membre antérieur, voir photo 5), entre la face caudale du membre antérieur et la jonction “plastron-dossière” (voir photo 3), et au niveau de la fosse inguino-fémorale (entre la jonction “plastron-dossière” et la face craniale du membre postérieur, voir photo 4).

Chez les tortues à carapace molle (par exemple Trionyx sp., Apalone sp., Cyclanorbis sp.), la sonde peut être directement placée sur la face ventrale du plastron (voir photo 7).

  • Voir la bibliographie de cet article sur le site WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d'articles”.

AUTEUR ET CONFÉRENCIER

Lionel Schilliger, praticien à Paris.

Article tiré de la conférence « From A to Z : how to perform a diagnostic ultrasound examination in reptiles », présentée à Orlando (Etats-Unis), en janvier dernier, lors du congrès de la North American Veterinary Conference.

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