Les 42e Voorjaarsdagen prennent le pouls des praticiens

Mille deux cents vétérinaires ont convergé vers Amsterdam pour assister aux Voorjaarsdagen, congrès annuel néerlandais dédié à la médecine des animaux de compagnie et des équidés. Durant trois jours, conférences de synthèse, présentations sur le modèle How to do et posters leur ont été proposés. Plusieurs de ces interventions réunissaient des duos d’experts, à l’initiative des organisateurs qui prouvaient ainsi qu’il « faut être deux pour danser le tango » ! La plupart du temps, le niveau des conférences était communiqué (basique, intermédiaire et avancé) pour permettre aux congressistes d’effectuer leur choix. Des sessions pratiques complétaient l’offre, sur les techniques d’échocardiographie et de laser.

Du côté de l’équine, l’accent a été mis sur le cheval athlète (gestion, diagnostic et traitement), mais aussi sur la dentisterie, via une étroite collaboration avec la British Equine Veterinary Association (Beva). En collaboration avec l’American Association of Equine Practionners (AAEP), le congrès a également proposé un point sur l’actualité dans le domaine de la neurologie, développé par Stephen Reed.

Pour la première fois cette année, le congrès a en outre fait une place aux difficultés inhérentes à l’exercice de la profession. Equilibre entre vie professionnelle et privée, burn out et premiers pas dans la pratique ont ainsi donné lieu à de multiples témoignages et débats, notamment autour de l’étude de Joops Loomans, réalisée l’an passé aux Pays-Bas pour évaluer la situation des confrères (charge de travail, moral, stress, etc.).

Le praticien est le seul à même de hiérarchiser ses priorités professionnelles et personnelles

« Chaque praticien doit s’interroger sur ses priorités et déterminer le pourcentage qu’il souhaite accorder à la pratique vétérinaire, au management et à la gestion administrative de son activité », a conseillé Ronald Gorter, de l’université d’Amsterdam. Les travaux de Joops Loomans révèlent que les praticiens équins consacrent la moitié de leur temps aux soins, 20 % aux trajets et 30 % au management. « Vous êtes votre propre patron et personne mieux que vous ne peut changer cet équilibre si vous le jugez nécessaire », a souligné l’intervenant. Contrairement à une entreprise classique, le clinicien ne dispose d’aucun regard extérieur pour commenter et améliorer sa façon de travailler, ou encore repérer un risque de burn out. « C’est à vous de vous poser les questions et d’effectuer les changements indispensables. » Pour cela, Ronald Gorter invite les confrères à inscrire noir sur blanc les cinq charges personnelles qui pèsent le plus sur leur travail, pour réfléchir aux moyens d’y remédier. L’étude de Joops Loomans apporte aussi quelques conseils pour ne pas sombrer dans “l’épuisement professionnel”, par exemple refuser de travailler dans des conditions dangereuses, cesser d’enchaîner les heures supplémentaires à outrance, voire recourir à un coach professionnel, mais aussi adopter une posture correcte. L’enquête révèle en effet que 14 % des vétérinaires équins souffrent de troubles musculo-squelettiques supérieurs et inférieurs (au lieu de 17 % et 5 % respectivement pour l’ensemble des travailleurs néerlandais). En outre, 3 % présentent des troubles psychiques (4 % dans l’ensemble de la population active), 1 % éprouvent des troubles respiratoires (versus 36 %) et 62 % n’ont aucun problème (au lieu de 13 %).

Débuter dans le métier n’est pas toujours simple…

« Comment survivre aux deux premières années de pratique », s’est interrogé Martijn Beukers. Ce jeune praticien équin a détaillé les difficultés à surmonter lors des débuts dans la vie active. En termes de responsabilité d’abord : « Le changement est important par rapport à l’université, où un professeur est là pour corriger. En pratique, vous êtes seul. » L’échange avec les confrères est donc primordial. Il faut aussi savoir faire preuve de créativité pour affronter les imprévus de terrain et réussir à surmonter le syndrome “du nouveau” face aux clients qui préfèrent souvent s’adresser à une figure familière. Martijn Beukers a aussi mis en exergue l’importance de la communication vis-à-vis de ces derniers. Par exemple, « présenter un diagnostic différentiel complet peut être une source de confusion pour le propriétaire ». Il est en outre sage de communiquer sur le coût du traitement et sa durée. « Tout le monde fait des erreurs. Parfois, le praticien gagnera la confiance de ses clients en étant honnête et en reconnaissant ses torts », a-t-il estimé.

Veronique Swagemakers, praticienne à l’Equine Performance Center de Mol (Belgique), a pris la parole à son tour, évoquant les “grandes” questions qui doivent présider à l’engagement dans la vie professionnelle : « Vais-je travailler pour vivre ou vivre pour travailler Serais-je spécialiste ou généraliste » Quel que soit le choix de chacun, il convient de faire preuve « de patience et de consacrer assez de temps à ses clients ». « Soyez créatif et rapide si vous devez improviser. (…) Soyez professionnel en toute situation », a-t-elle exhorté, soulignant l’importance de la formation et des échanges confraternels.

Ces conseils devraient aider les praticiens équins néerlandais à profiter pleinement des cinquante-trois heures et demie qu’ils consacrent en moyenne chaque semaine à leur exercice, selon Joops Loomans. S’ils trouvent cela trop important, ils peuvent “éduquer” les clients, établir un planning pour optimiser les temps de trajets, motiver les propriétaires à amener leur cheval à la clinique… sans oublier de déléguer et de consacrer du temps à la gestion administrative.

La prochaine édition des Voorjaarsdagen, du 21 au 24 avril 2010, permettra sans doute de dresser un bilan après la mise en application de ces bonnes résolutions.