L’abreuvement est l’un des piliers de la production et la base de l’alimentation - La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009

Alimentation

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Sandrine Graille

Le besoin en eau des bovins varie selon le poids, l’état physiologique et la production.

Une vache peut perdre tout son gras et environ la moitié de ses protéines corporelles et survivre. En revanche, une perte de 10 à 20 % de son eau corporelle peut lui être fatale. L’eau représente 99,2 % des molécules qui composent un ruminant et les deux tiers de sa masse corporelle. Une vache contient entre 56 et 81 % d’eau, soit environ 450 kg pour un animal de 650 kg. Proportionnellement à son poids, la vache laitière haute productrice est l’un des mammifères terrestres qui exige le plus d’eau. Le lait, lui, en contient 87 %.

L’eau provient essentiellement de l’alimentation et de l’abreuvement. Seulement 5 à 10 % des besoins hydriques sont fournis par le métabolisme (des sucres, des lipides et des protéines). La prise alimentaire est liée à la consommation d’eau, une activité qui n’occupe que peu de temps (voir encadré).

La conduite d’élevage et l’environnement influent aussi sur la consommation d’eau

L’eau sert à réguler la température de la vache (évaporation par les voies respiratoires et la transpiration), à véhiculer les nutriments, à éliminer les déchets de la digestion et du métabolisme (les bouses contiennent 75 à 85 % d’eau), à réguler la pression osmotique du sang, et participe à la composition des fluides corporels (salive, lait, etc.).

Les facteurs de variation des besoins et de la consommation d’eau sont nombreux. Ils peuvent être individuels : poids de l’animal, stade physiologique (croissance, gestation, vêlage, lactation), gain moyen quotidien (GMQ) ou production laitière (en quantité et qualité : taux protéique et butyreux), capacité à transpirer, niveau d’activité (pâture, attache, estive, etc.) et maladies (diarrhées, cystites, etc.). Le troupeau et la conduite d’élevage ont aussi leur rôle. La hiérarchie entre les vaches, dépendantes de l’espace disponible, conditionne l’accès individuel à l’eau au sein du troupeau. La hauteur et le débit de l’abreuvoir, le voisinage et l’accès à des zones ombragées, la proximité de la table d’alimentation et son éventuelle ventilation, la localisation de la salle de traite par rapport à l’abreuvoir, la qualité et la température de l’eau proposée sont des éléments liés à la conduite d’élevage, parfois difficile à interpréter. A cela s’ajoutent les contraintes environnementales comme la température extérieure, l’hygrométrie ambiante, le vent et les tensions électriques parasites autour de l’abreuvoir. La consommation d’eau varie aussi avec la ration consommée selon le taux de sel, la quantité de matière sèche ingérée, les pourcentages de matière sèche et de protéine brute de la ration. L’ensemble de ces facteurs de variation de la consommation d’eau doivent être appréciés lors d’une visite d’élevage dans le cadre d’un audit sanitaire.

Plusieurs méthodes sont utilisables pour estimer les besoins en eau

Dany Cinq-Mars, agronome et professeur au département des sciences animales de l’université Laval (Québec), estime rapidement les besoins en eau consommée à quatre fois la production laitière. En outre, les vaches boivent environ 3 à 4 l/kg de matière sèche ingérée.

Des chercheurs ont donc tenté d’établir des équations pour évaluer cette consommation à partir de différents paramètres.

Chez la vache tarie, la quantité d’eau ingérée se calcule(1) à partir de la consommation volontaire de matière sèche (CVMS, exprimée en kg/j), des taux de matière sèche (% MS) et de protéine brute (% PB) des aliments, selon la formule : eau (kg/j) = – 10,34 (0,2296 % MS) + 2,212 CVMS + 0,03944 % PB.

Chez la vache en lactation, deux équations peuvent être utilisées selon des données disponibles. M. Murphy(2) établit le besoin en eau à partir de la CVMS, de la quantité de lait produite par jour (PL, en kg), de la quantité de sodium totale ingérée (en g/j) et de la température minimale quotidienne moyenne (T°C), soit : eau (kg/j) = 15,99 + 1,58 CVMS + 0,90 PL + 0,05 sodium + 1,20 T°C. Lorsque la quantité de sodium est inconnue, la formule suivante peut être utilisée(1) : eau (kg/j) = 32,39 + 2,47 CVMS + 0,6007 PL + 0,6205 % MS + 0,0911 j - 0,000257 (j) 2, où j représente le jour julien pour lequel le calcul est réalisé(3).

Au Québec, les besoins ont été calculés selon le poids et le stade physiologique(4) : une vache de 700 kg boit 50,5 l/j en moyenne pendant sa gestation (besoin de base 30,6 l + 19,9 en supplément gestation), alors qu’en lactation, pour 30 kg/j, il lui faudrait 30,6 + (2,8 x 30) = 114,6 l/j.

D’après les estimations, une vache allaitante et son veau consomment 40 l au printemps puis 65 l (vache) et 15 l (veau) l’été. Les vaches taries consomment pour leur part 35 l/j en moyenne. La consommation des vaches en production se situe entre 65 et 90 l/j. Cependant, les valeurs individuelles peuvent varier de 25 à 135 l, voire bien plus l’été.

  • (1) J.B. Holter, W.E. Urban : “Water partitioning and intake prediction in dry and lactating Holstein cows”, J. Dairy Sci., vol . 75, p. 1472.

  • (2) M.R. Murphy : “Nutritional factors affecting animal water and waste quality. Water metabolism of dairy cattle”, J. Dairy Sci., vol . 75, p. 326.

  • (3) La conversion de la date usuelle en jour julien peut s’effectuer sur http://jday.sourceforge.net

  • (4) Voir le tableau sur le site WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’articles”.

  • Source : R. J. Grant, J. L. Albright : “Feeding behaviour”, in Farm Animal Metabolism and Nutrition, J.P.F. D’Mello, ed. Cabi Publishing, New York, 2000.

Activités journalières des bovins

• Alimentation : 3 à 5 heures (9 à 14 repas par jour).

• Coucher/repos : 12 à 14 heures.

• Rapports sociaux : 2 à 3 heures.

• Rumination : 7 à 10 heures.

• Abreuvement : 30 minutes.

• Autre (traite, déplacements) : 2,5 à 3,5 heures.

S. G.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr