L’abattage de chiens et de chats est un risque majeur en Asie - La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009

Zoonose. Transmission de la rage

Actualité

Auteur(s) : Stéphanie Bourgeois

Chaque année, la rage fait trente et un mille victimes en Asie, ce qui représente près de 60 % des cas recensés à travers le monde. Le nombre de cas humains est en augmentation, en particulier en Chine et au Vietnam. La plupart ont contracté la maladie après une morsure par des chiens errants, qui constituent le principal réservoir du virus rabique.

Moins d’un mois avant l’apparition des signes cliniques, des animaux sont “cuisinés”

Une étude(1) récente rapporte le cas de deux patients décédés quelques jours après leur admission dans un hôpital de Hanoï. Les deux hommes présentaient des signes d’agitation, de douleur ou de spasmes musculaires dans les membres, mais surtout une incapacité à déglutir due à un spasme involontaire des muscles inspiratoires. Cela survenait à chaque fois qu’ils se voyaient proposer un verre d’eau (hydrophobie) ou ressentaient une légère brise (aérophobie). L’état des deux patients s’est rapidement aggravé, malgré la mise en place du traitement standard pratiqué au Vietnam, qui consiste en l’administration de diazépam et une perfusion intensive. Les deux hommes sont décédés après la confirmation du diagnostic de rage par RT-PCR sur des prélèvements de salive.

Aucun des patients ne présentait d’antécédents de morsure par un animal potentiellement infecté. En revanche, tous deux ont admis avoir préparé et consommé la viande d’un carnivore domestique, moins d’un mois avant l’apparition des symptômes. Les deux animaux consommés pouvaient être suspectés d’être contaminés par la rage, puisqu’il s’agissait dans le premier cas d’un chien errant percuté par une voiture, dans une zone endémique de la maladie, et dans le deuxième cas d’un chat qui présentait un comportement anormal depuis trois jours.

Les animaux ont été dépecés et préparés entièrement à domicile, avec notamment l’ouverture de la boîte crânienne pour récupérer son contenu. Selon les chercheurs, les contaminations ont certainement eu lieu à partir de ces deux sources, probablement pendant l’étape de la préparation puisque d’autres personnes ont consommé la viande cuite.

L’abattage privé est un mode de contamination négligé

La consommation de viande de chien et, dans une moindre mesure, de chat, est courante en Asie. Souvent dotée de certaines vertus bénéfiques pour la santé et la longévité du consommateur, elle est particulièrement recherchée en hiver parce qu’elle permettrait d’accroître la température corporelle.

L’abattage et la consommation de viande de chien sont déjà rapportés comme des facteurs de risque pour la transmission de la rage. Néanmoins, les auteurs de l’étude déplorent le fait qu’aucun des deux patients n’ait demandé ou reçu de traitement prophylactique immédiatement après l’exposition. Les programmes de lutte contre la maladie prennent en compte les employés des abattoirs pour chiens dans leurs programmes de vaccination, en tant que personnes à risque. Mais alors que les abattages privés sont courants au Vietnam, il existe un réel manque de sensibilisation du public et du personnel médical aux risques sanitaires. L’abattage et la manipulation de viande de chiens et de chats non vaccinés, dans un pays endémique de rage, doivent être considérés comme des facteurs de risque élevé de contracter la rage.

Dix millions de personnes reçoivent, chaque année, un traitement antirabique préventif après une exposition, selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (voir encadré). Les auteurs préconisent de classer dans la catégorie III, c’est-à-dire comme une exposition sévère qui justifie un traitement immédiat, tout abattage d’un animal non vacciné, appartenant à une espèce réservoir de la rage, dans une zone endémique.

Alors que la maladie est invariablement fatale après le déclenchement des symptômes, le pronostic peut être considérablement amélioré par une prophylaxie précoce après l’exposition au virus.

  • (1) Wertheim et coll. : « Furious rabies after an atypical exposure », PLoS Medicine, 2009, vol. 6, n° 3, p. 44.

  • Source : Organisation mondiale de la santé.

Recommandations après l’exposition

• Catégorie I : contact ou nourrissage de l’animal, ou léchage sur une peau intacte.

L’exposition est jugée nulle, aucune prophylaxie n’est recommandée si l’historique est bien connu.

• Catégorie II : mordillage de la peau nue, égratignures ou éraflures mineures sans saignement.

L’exposition est jugée mineure, la vaccination doit être immédiate, avec arrêt du traitement si l’animal est sain lors des dix jours qui suivent l’exposition ou est testé négatif.

• Catégorie III : morsure ou griffure profonde, léchage d’une peau lésée ou d’une muqueuse, exposition à des chauves-souris.

L’exposition est jugée sévère, la vaccination doit être immédiate, ainsi que l’administration d’immunoglobuline, avec arrêt du traitement si l’animal est sain dans les dix jours qui suivent l’exposition ou est testé négatif.

S. B.
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