Diagnostiquer une pneumonie par fausse route est un défi - La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009

Pathologie respiratoire

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Philippe Zeltzman

Si les symptômes sont généralement frustes, plus des deux tiers des animaux présentent des bruits pulmonaires anormaux, d’où l’importance d’un examen général minutieux.

La pneumonie par aspiration est une complication potentiellement létale. Son diagnostic est parfois délicat en l’absence de critères pathognomoniques. Pourtant, sa précocité est essentielle. Il n’existe que peu d’informations spécifiques en médecine vétérinaire. Des auteurs (voir bibliographie 1) ont cherché à préciser les aspects cliniques, clinico-pathologiques et radiographiques chez quatre-vingt-huit chiens atteints de pneumonie par aspiration. Ils sont répartis en deux groupes : les animaux présentés spécifiquement pour une pneumonie par aspiration (groupe 1, 75 % des chiens) et ceux qui contractent l’affection après leur admission à la clinique pour une tout autre raison (groupe 2, 25 % des chiens).

L’hyperthermie n’est présente que dans un tiers des cas

Les animaux sont généralement de grande taille, puisqu’ils pèsent en moyenne 27 kg (entre 3 et 91 kg). L’âge moyen est de huit ans (intervalle de quatre mois à seize ans).

Seulement un tiers des chiens présentent une température rectale ou une fréquence respiratoire élevées. Un peu plus de la moitié toussent ou souffrent de difficulté respiratoire.

Ces constatations illustrent la difficulté à diagnostiquer la pneumonie par aspiration. En revanche, plus des deux tiers des chiens présentent des bruits pulmonaires anormaux à l’auscultation thoracique, ce qui rappelle l’importance d’un examen général minutieux.

Les analyses sanguines n’orientent pas le diagnostic

La numération-formule indique que l’hématocrite des animaux du groupe 2 (37 % en moyenne) est significativement plus faible que dans le groupe 1 (41 %). Pour les auteurs, cela pourrait être dû à une hémodilution par les perfusions, car les chiens du groupe 2 étaient hospitalisés. Le nombre de globules blancs dans le groupe 2 (20 000 cellules/µl en moyenne) est significativement plus élevé que dans le groupe 1 (15 000 cellules/µl).

Aucune différence notable n’est constatée quant à l’analyse biochimique du sang, notamment au niveau de l’albumine et des enzymes hépatiques.

L’analyse des gaz sanguins indique une hypoxémie (80 % des chiens), une hypercapnie (7 %) ou une hypocapnie (50 %). Cette dernière pourrait être due à une anomalie de la ventilation ou à une hyperventilation compensatoire.

Il est conseillé de prendre trois clichés thoraciques

La radiographie pulmonaire montre soit une densification de type interstitiel (75 % des cas), soit une hépatisation pulmonaire (25 %). La pneumonie par aspiration concerne le poumon droit dans 53 % des cas, le poumon gauche chez 33 % des chiens, et les deux côtés dans 14 % des situations.

Lorsqu’un seul lobe pulmonaire est atteint, il s’agit le plus souvent du lobe moyen droit (53 % des chiens). La raison invoquée pour la localisation préférentielle à droite est la direction ventrale de la bronche droite. Les auteurs soulignent la pertinence de prendre trois clichés thoraciques (latéral droit, latéral gauche et ventro-dorsal) lors de suspicion de pneumonie par aspiration.

L’origine de la fausse route n’affecte pas le pronostic

L’aspiration de matériel gastro-intestinal engendre des changements biochimiques, bactériologiques et immunologiques qui peuvent entraîner une pneumonie, voire un syndrome de détresse respiratoire aiguë chez le chien.

L’étude du dossier médical des quatre-vingt-huit chiens atteints de pneumonie par aspiration (voir bibliographie 2) montre que la cause est unique dans deux tiers des cas. Deux affections en sont responsables chez 26 % des chiens, et trois chez 6 %. L’origine la plus fréquente est une dysfonction de l’œsophage (trente-cinq cas), des vomissements (trente-quatre), un trouble neurologique (vingt-quatre), une affection du larynx (seize) et/ou une aspiration postanesthésique (douze). L’affection de l’œsophage la plus fréquemment rencontrée est un mégaœsophage. Les vomissements sont souvent dus à une maladie inflammatoire, fonctionnelle ou cancéreuse du tractus gastro-intestinal. Le trouble neurologique le plus courant est une faiblesse musculaire associée à une myasthenia gravis. La paralysie du larynx est l’anomalie laryngée la plus commune. Elle apparaît dans les vingt-quatre heures qui suivent une correction chirurgicale (latéralisation de l’aryténoïde) chez six animaux, et au bout de deux mois à trois ans pour six autres. Un cinquième des animaux présentent un épisode de reflux gastro-œsophagien, selon les estimations.

Près de 90 % des chiens sont hospitalisés. Qu’ils soient restitués à leurs propriétaires le jour même ou gardés à la clinique, les animaux reçoivent le plus souvent une céphalosporine et/ou de l’enrofloxacine. Le traitement inclut également la nébulisation avec du sérum physiologique, suivi de clapping, ou percussion thoracique (voir l’article ci-dessous).

Les auteurs constatent quelques surprises au cours de leur étude. En premier lieu, la gravité des lésions radiographiques n’est corrélée ni à la durée de l’hospitalisation, ni au taux de survie. Les clichés ont cependant été pris à divers stades de l’évolution de la pneumonie, et il est bien connu que les signes radiographiques durent au-delà de l’amélioration clinique. De même, il n’existe pas de corrélation entre la durée de l’hospitalisation, le taux de survie et le nombre d’affections sous-jacentes ou leur nature. Ni l’origine ni le type de traitement n’affecte le pronostic. Au final, 77 % des chiens atteints de pneumonie par aspiration survivent.

BIBLIOGRAPHIE

  • 1 - D.A. Kogan et coll. : « Clinical, clinicopathologic and radiographic findings in dogs with aspiration pneumonia : 88 cases (2004-2006) », Javma, 2008, vol . 233, n° 11, pp.  1742-1747.
  • 2 - D.A. Kogan et coll. : « Etiology and clinical outcome in dogs with aspiration pneumonia : 88 cases (2004-2006) », Javma, 2008, vol . 233, n° 11, pp.  1748-1755.
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