Le bien-être animal et “l'exception britannique” au menu de Birmingham

Le « plus grand congrès annuel canin du monde », comme le qualifient les responsables de la British Small Animal Veterinary Association (BSAVA), s'est tenu à Birmingham du 2 au 5 avril. Outre une douzaine de symposiums satellites et plus de deux conférences scientifiques présentées par une centaine d'intervenants selon les modèles et les niveaux habituels, un nouveau format a fait son apparition durant cette édition : les thèmes controversés. Au-delà de quelques controverses techniques, il a permis d'aborder un sujet on ne peut plus actuel : l'élevage des chiens et la sélection “extrême”. « Peut-on concilier les standards de race avec la santé et le bien-être animal ? » était le thème central du débat, ou plutôt du “ring”. Dans le coin gauche, se tenait notre confrère Chris Laurence, à la tête du Dog Trust, fondation caritative pour chiens, et ancien directeur de l'influente Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA). A l'opposé se trouvait Steve Dean, vétérinaire, éleveur et juge de border terriers, également chef des services vétérinaires du Cruft's, la plus grande exposition canine au monde. « En termes de bien-être animal, l'élevage actuel pose trois problèmes majeurs : la sélection vers une conformation exagérée, les maladies héréditaires et, parfois, l'ultra-commercialisation », a estimé le premier. Plus de trois cents maladies héréditaires sont actuellement recensées parmi les cinquante races canines les plus populaires, a-t-il rappelé. Selon notre confrère, l'écueil le plus important est cependant la conformation exagérée, voulue par les standards des races. « Si vous étiez un pékinois, un carlin ou un bulldog, vous auriez des difficultés pour respirer chaque jour de votre vie. » Et de citer également les pattes trop courtes, les plis cutanés trop nombreux, les arrière-trains trop bas, les crânes trop bombés ou l'absence de poils, autant de causes de souffrances quotidiennes. Chris Laurence déplore un manque de données et de réglementation dans ce domaine et plaide pour que la profession vétérinaire prenne l'initiative pour sensibiliser les éleveurs et le public à l'impact de ces pratiques sur le bien-être.

« Les standards ne sont pas le problème, a rétorqué Steve Dean. Celui du pékinois exige “une truffe courte”, mais en aucun cas son absence ! » Par ailleurs, chez le shar pei adulte, la présence de plis cutanés sur le tronc est « hautement indésirable », a-t-il poursuivi. Au contraire, tous les standards exigent des chiens « en bon état physique pour l'activité cible », ce qui devrait exclure les animaux qui présentent des problèmes respiratoires. Quant à la relation entre éleveurs et vétérinaires, « elle a grandement souffert du débat récent sur la coupe des queues et des ergots, ainsi que sur les frais de traitement croissants ».

Malgré leurs différends, les deux intervenants conviennent toutefois de l'importance d'une meilleure information du public et d'une promotion des éleveurs sérieux et enregistrés au Kennel Club.

“L'exception britannique” en matière de mesures prophylactiques fait débat

L'abolition – ou non – de la dérogation anglaise aux mesures prophylactiques européennes, qui vise à éviter l'introduction de la rage, des tiques et des ténias sur le territoire britannique via les mouvements d'animaux de compagnie, a été longuement évoquée. Outre des experts des maladies concernées, le chef des services vétérinaires britanniques, Nigel Gibbens, s'est exprimé face à un auditoire qui comprenait de nombreux représentants vétérinaires européens.

« Il existe une importante variation génétique dans la réponse vaccinale, a rappelé William Ollier (université de Manchester), en particulier chez les chiens, dont la population présente un fort taux de consanguinité. » Toutefois, même au sein d'une race, des différences sont souvent observées selon la lignée. En examinant les titres antirabiques⁽¹⁾, il a identifié d'autres facteurs dont le rôle dans la réponse immunitaire est significatif, comme l'âge de l'animal, l'intervalle entre la vaccination et le titrage, la taille du chien… ainsi que la marque et le lot du vaccin utilisé.

« La dérogation britannique au règlement européen n'est pas éternelle, a prévenu Nigel Gibbens. Il nous faudra présenter des arguments solides pour convaincre les autres pays membres de l'Union si nous voulons continuer à appliquer une protection renforcée contre ces agents pathogènes » que sont la rage, les tiques et les ténias. Selon lui, trois scénarios politiques sont envisageables : une dérogation permanente (« peu probable »), une conformation à la prophylaxie appliquée sur le reste du territoire européen (« ce qui implique, entre autres, la disparition de l'exigence de traiter contre les tiques et les ténias »), un couplage des exigences sanitaires et d'une évaluation de risques. Dans ce dernier cas de figure, les mesures appliquées dépendraient de la prévalence dans le pays d'origine. Pour Nigel Gibbens, cette option mérite d'être débattue.

Peut-être les discussions auront-elles avancé lors du prochain rendez-vous de Birmingham, du 8 au 11 avril 2010.

• (1) Le test sérologique est obligatoire après la vaccination contre la rage lors de l'introduction d'un chien sur le territoire britannique.