Comment imaginez-vous la profession dans dix ans en France ? - La Semaine Vétérinaire n° 1357 du 24/04/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1357 du 24/04/2009

Entre nous

FORUM

Il faudra travailler mieux et plus

Bernard Croisier, praticien aux Ayvelles (Ardennes).

L'avenir de la profession passe par le maintien de structures libérales, naturellement adaptées aux demandes sociétales. Les trois niveaux de services (cabinets, cliniques, hôpitaux) et de compétences semblent indispensables, car complémentaires et interdépendants. Le développement de franchises, forcément coercitives dans leur mode de fonctionnement, n'apparaît pas souhaitable dans notre profession. Les différents degrés de formation (à condition qu'elles répondent aux critères de validation) s'imposent, à l'image de la médecine humaine, comme la meilleure stratégie pour développer des prestations de qualité. Le niveau de formation des auxiliaires devrait se rapprocher de celui proposé pour les infirmières, permettant la délégation de certains actes techniques chronophages.

Avec les années et la baisse de rentabilité des structures qui ont une lourde activité canine, la propharmacie s'est révélée indispensable, car elle dégage quelques volants de réinvestissement en technologie et/ou en personnel. Le rapport actes/ventes de médicaments en pratique bovine est, sur ce terrain, particulièrement exposé.

L'animal de compagnie gardera probablement une place essentielle dans les pays européens. Mais cela suffira-t-il à compenser la baisse de revenu des propriétaires et la hausse des coûts de fonctionnement de nos entreprises ? Si l'investissement de capitaux peut présenter un intérêt dans le secteur bovin ou industriel, est-il envisageable en canine ou en équine, pratiques certes passionnantes, mais grevées de 80 % de charges et qui ne pourront sans doute jamais facturer leurs actes et compétences à leur juste valeur ? Je reste donc optimiste, mais conscient qu'il faudra travailler mieux et plus, sans pour autant dégager forcément davantage de revenus.

Le praticien “de quartier” aura toujours sa place

Frantz Cappé, praticien à Paris.

Il est difficile de savoir quelle image aura notre profession dans dix ans. En tant que praticien dans une grande ville au cœur d'un milieu dit “favorisé”, j'ai du mal à adhérer au plan mirobolant des gros plateaux techniques ou des cliniques franchisées. De telles structures ne pourront jamais assurer le caractère familial du vétérinaire généraliste. Tout en conservant une obligation de formation et des services de qualité, les praticiens “de quartier” seront toujours plus proches de leurs clients et des animaux que les unités inhumaines et anonymes. Bien entendu, il existera toujours quelques propriétaires prêts à dépenser des sommes mirobolantes pour permettre à quelques 'vétérinaires d“exception” d'exercer une médecine jusqu'au-boutiste afin de publier un article se terminant par « devant le manque de résultats et les honoraires à payer, les maîtres ont choisi l'euthanasie ». Evidemment, une clinique franchisée pourra proposer des tarifs attrayants, mais ses vétérinaires salariés inconnus seront peut-être moins aptes à remettre en mains propres à un propriétaire les cendres de son animal, contrairement à un praticien qui l'aura fidèlement soigné pendant quinze ans. Les clients actuels demandent des compétences, de la rigueur et du professionnalisme, c'est certain. Mais face aux difficultés économiques, ils veulent également conserver une addition raisonnable et un service de proximité humain.

Notre profession ne cesse de se transformer

Philippe Pilorge, praticien à Rennes (Ille-et-Vilaine).

En dix ans, il n'y a jamais eu de révolution manifeste pour notre profession. En revanche, des changements se produisent en profondeur, décennie après décennie. Cette évolution lente est la conséquence directe de celle de la société dans laquelle nous vivons : plus d'exigence de la part des clients, de risques judiciaires, de considérations environnementales, de progrès techniques. Cela entraîne davantage de qualité (avec la formation continue, par exemple), de précautions (comme le consentement éclairé ou la radiocompétence), mais aussi des contraintes accrues (comme la gestion des Dasri(1)) et enfin une spécialisation accentuée, avec une tendance au regroupement des compétences. Nous pouvons penser que cette dernière évolution s'exprimera d'une façon plus latine chez nous qu'en Angleterre, où l'organisation en franchises est déjà bien avancée.

Avec le recul, même si tous ces changements apparaissent souvent comme de nouvelles contraintes, ils sont toutefois progressifs et relativement prévisibles. A l'inverse, des modifications rapides et d'origine administrative seraient plus inquiétantes. Il est facile d'imaginer le traumatisme qu'engendrerait la suppression de notre statut de propharmacien.

Il faut aussi se souvenir que parmi les quatre objectifs de la directive “services”, le premier est purement administratif, et les trois autres en faveur des “consommateurs”, ce qui ne présente aucun intérêt pour les prestataires que nous sommes.

Notre profession ne cesse donc de se transformer progressivement. Mais dans le contexte actuel, des décisions fondamentales pourraient prochainement bousculer nos repères.

Il serait bon de savoir qui, aujourd'hui, détient ce pouvoir décisionnaire, et quelle part d'influence nos représentants envisagent d'exercer.

  • (1) Déchets d'activité de soins à risque infectieux.

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