La fièvre catarrhale ovine masque un ralentissement chez les praticiens ruraux - La Semaine Vétérinaire n° 1355 du 10/04/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1355 du 10/04/2009

Franche-Comté

Nord-Est

Auteur(s) : Lorenza Richard

En 2006, les revenus des vétérinaires libéraux de Franche-Comté étaient supérieurs à la moyenne nationale, de 10 % environ. Une forte augmentation avait été enregistrée entre 2004 et 2006(1). Depuis, si le chiffre d’affaires continue sa progression, elle est moins rapide. L’activité rurale connaît un ralentissement plus net que la canine. En règle générale, les confrères canins ont en effet noté une bonne progression l’an passé. Le chômage partiel qui a touché les entreprises de la région, dans le Doubs notamment, semble avoir eu peu de conséquences sur la fréquentation de leurs structures. « Même en période de crise, l’animal de compagnie reste une valeur refuge », analyse un praticien mixte de Haute-Saône. Cela explique peut-être le maintien de la progression de cette activité en zone urbaine et rurale, malgré les baisses de salaire des clients. Néanmoins, depuis deux mois environ, certains praticiens ressentent des hésitations, à l’image d’un confrère mixte du Jura : « Les gens appellent pour connaître les tarifs et disent qu’ils vont réfléchir. C’est comme s’ils cherchaient le praticien le moins cher. Peut-être s’agit-il d’un premier effet de la crise. » En outre, l’étalement des paiements devient de plus en plus fréquent.

L’effet bénéfique de la fièvre catarrhale perdurera en 2009

En rurale, la plupart des praticiens déplorent une baisse des appels. D’après leurs témoignages, cette situation est moins due à la crise économique qu’aux problèmes rencontrés localement par les éleveurs : augmentation du prix du lait tardive, avec une hausse importante des charges de production, foin de mauvaise qualité qui n’a pas permis à certains de fournir leur quota laitier, etc. Pour certains, le nombre d’affections a diminué. Pour d’autres, les éleveurs sont plus compétents. « Ils ne font appel à nous qu’en cas de nécessité, quand vraiment rien n’a fonctionné », témoigne ainsi un praticien mixte du Doubs. Selon les tenants de cette hypothèse, une fréquence accrue de l’automédication, surtout dans les grandes exploitations, explique en partie pourquoi la vente de médicaments, pour sa part, continue de progresser.

Malgré la baisse des actes, la charge de travail a été importante, en raison de la vaccination contre la fièvre catarrhale ovine. « La blue tongue, c’est fastidieux, mais nous ne sommes pas du mauvais côté. Elle donne du travail dans une période où les éleveurs sont moins enclins à faire appel à nos services », analyse un praticien rural de Haute-Saône. Un confrère du Doubs confirme : « Les vaccinations contre la fièvre catarrhale ont augmenté notre chiffre d’affaires de plus de 50 % en juillet et en août 2008 par rapport à 2007, car ces deux mois sont habituellement creux. Sur l’année, nous avons enregistré une progression de 5 %, mais sans cette maladie, notre chiffre serait en baisse. Par ailleurs, les impayés ont augmenté de 10 % l’an passé, car le système de facturation après les deux injections fausse la trésorerie, et fait croire au client qu’il peut payer quand il en a le temps. »

Au final, la fièvre catarrhale est plutôt perçue comme un point positif, dont l’effet perdurera cette année. Pour le reste, les réserves sont de mises, et la solution est peut-être celle suggérée par un praticien rural du Jura pour qui « il faut se diversifier, et aller au-devant de l’éleveur, sans attendre son appel ».

  • (1) Données Valovet.

Repères

• Cabinets/cliniques : 105

• Libéraux (hors consultants et collaborateurs libéraux) : 172

• Praticiens canins : 108

• Praticiens mixtes et ruraux : 136

• Praticiens équins : 50

• Chiffre d’affaires moyen 2006 : 399 k€

• Revenu moyen des libéraux :

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