La crise commence à se faire sentir

Heureux vétérinaires bas-normands ! Avec des revenus 2006 moyens au-delà de 71 000 €, selon les dernières données de la Caisse autonome de retraites et de prévoyance des vétérinaires, ils sont les mieux lotis de la profession. Mais depuis quelques mois, dès la fin de l’année 2008, les praticiens de la Manche, de l’Orne et du Calvados, comme beaucoup d’autres, ont ressenti un net ralentissement. Difficile d’obtenir des chiffres précis, mais tous sont unanimes : la baisse d’activité est réelle, particulièrement en canine. « Cette diminution se ressent surtout au niveau de la vente au comptoir. Les consultations et les actes se maintiennent. Mais le département n’est pas très médicalisé en canine, il existe donc un gros potentiel », explique Marc Delavenne, installé à Octeville, dans la Manche, et président du Groupement technique vétérinaire.

La Basse-Normandie a été vivement impactée par la crise. La région compte beaucoup d’entreprises de sous-traitance automobile. Les plans sociaux, les fins des contrats à durée déterminée et d’intérim ont entraîné une forte hausse du chômage (+ 18,4 % fin 2008). Heureusement, la région compte autant de salariés dans ce secteur moribond que dans le bâtiment et l’agro-alimentaire qui, lui, tire plutôt bien son épingle du jeu. « En rurale, avec la fièvre catarrhale ovine, nous sommes fort occupés. Pour ce qui est du secteur laitier, l’année 2008 a été plutôt bonne, mais nous surveillons de près la dégradation actuelle du marché du lait, qui pourrait avoir un impact sur notre économie », souligne Marc Delavenne. Si la campagne de vaccination a généré un surcroît d’activité conséquent, un vétérinaire reconnaît que, grâce à « la fièvre catarrhale, le cap a pu être maintenu, car cela a apporté un plus non négligeable en termes de chiffre d’affaires ». La situation de la filière équine, véritable poumon de l’économie de la région qui valorise plus de 170 000 ha de terrain, soit 12 % du territoire bas-normand, et emploie près de sept mille personnes, est plutôt stable. Une forte baisse des inséminations est cependant ressentie par certains praticiens équins. Face à la crise, qui gagne du terrain, « nous ne pouvons que courber la tête », souligne Marc Delavenne, qui reconnaît « retarder les investissements », sans toutefois « réduire le nombre de salariés ».