La blue tongue plombe les trésoreries

Les frontières de l’Auvergne ne sont pas étanches à la crise. La canine en ressent les effets. Dans le cabinet de Laurent Planeix, à Aubière, par exemple, une commune de l’agglomération clermontoise (Puy-de-Dôme), les ventes d’aliments ont baissé « de manière significative depuis le début de l’année ». Partout, la diminution progressive des soins de convenance est patente. L’activité en fin de mois des cliniques suit, hélas !, la courbe des dépenses des ménages…

La rurale fait également grise mine. « En 2008, nous avons enregistré moins d’actes en obstétrique que l’an passé. Il y a eu des petits veaux, des jumeaux, des vaches vides, et cela se ressent inévitablement sur le nombre annuel de vêlages, souligne Jean-Marie Arnaud, président du Groupement technique vétérinaire du Puy-de-Dôme, installé à Saint-Gervais d’Auvergne. De façon générale, les délais de paiement n’en finissent plus de s’allonger ! Heureusement que demeure cette mentalité paysanne qui pousse à payer ses dettes, ce qui ne se vérifie pas toujours en ville. »

Certains éleveurs prolongent la tradition de ne payer qu’une fois par an

Dans l’Allier, terre historique de fermage, les vétérinaires ont longtemps vécu avec l’habitude de ne se faire régler qu’une fois l’an, en même temps que le paiement des fermages et le renouvellement des baux. C’était à la Saint-Michel, le 29 septembre, après les récoltes. Aujourd’hui, certains éleveurs prolongent cette tradition après la vente des broutards ou quand les premières primes d’automne tombent. C’est d’ailleurs le cas un peu partout en Auvergne. « Pour favoriser le paiement comptant et faciliter notre gestion comptable, nous pratiquons l’escompte », indique Eric Lejeau, praticien à Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier).

Mais la fièvre catarrhale ovine n’arrange rien. Les retards de paiement affectent tout particulièrement la trésorerie des vétérinaires du Cantal : « Nos encours ont augmenté de 50 % d’une année sur l’autre, s’alarme Michel Moisset, de Saint-Flour, vice-président du Groupement technique vétérinaire. Ici, la profession vit des jours difficiles. C’est naturellement lié à l’évolution de la situation économique agricole. Avec trois vaches pour un habitant, nous sommes aux premières loges… D’autant que nous avons un problème aigu d’effectifs, les confrères sur le départ n’étant pas systématiquement remplacés. Nous sommes surmenés et, en outre, nous ne savons pas toujours si nous allons être payés. Beaucoup d’éleveurs sont endettés, voire en redressement judiciaire. Dans ces conditions, il n’est pas simple de se faire régler les factures. Difficile de tondre un œuf… »