Coup de chaud sur l’économie vétérinaire

Deuxième région économique française, Rhône-Alpes semble cumuler les atouts. « La région est attractive et, comme dans celles qui hébergent une école vétérinaire, le nombre de praticiens va croissant », constate Pierre Buisson, président du syndicat des vétérinaires libéraux en Rhône-Alpes. Ainsi, le nombre de praticiens dans la région est passé de 1 100 en 1999 à près de 1 400 fin décembre 2008. Mais en poussant plus avant l’analyse, ce qui ressemble a priori à un atout prend presque des airs de handicap, dans une région où le revenu moyen des vétérinaires libéraux s’établissait à 46 000 € en 2006, soit l’un des plus bas de France. « Globalement, les revenus des confrères ont tendance à stagner. Le marché se resserre en raison d’un nombre croissant de nouvelles installations et, si nous sommes parvenus à compenser ce morcellement du gâteau par de nouveaux services, aujourd’hui nous arrivons au bout », constate Jean-Marc Petiot, président régional de l’Ordre. « La cause de cette baisse de revenus est aussi à rechercher du côté du nombre de structures qui ont été créées, sans avoir l’objectif d’en faire vivre le vétérinaire », analyse Pierre Buisson, visant les nombreux cabinets ouverts à temps partiel, essentiellement par des femmes.

Globalement, la rentabilité comme l’activité se maintiennent

Pour autant, les vétérinaires rhônalpins ne notent pas de baisse d’activité ces dernières années, ni en rurale ni en canine, mais ils s’inquiètent de signes qui pourraient être de mauvais augure pour l’avenir. « En rurale, nous avons maintenu notre activité en 2008 grâce à la fièvre catarrhale ovine. 2009 sera à cette image puisque nous avons vacciné environ la moitié des cheptels l’an dernier », explique Jean-Marc Petiot. De quoi demain sera fait pour l’activité rurale ? Difficile à dire. « De nombreux vétérinaires mixtes arrêtent la rurale pour des raisons économiques », ajoute-t-il.

En canine, Claude Cordel, présidente du syndicat des vétérinaires libéraux du Rhône, estime que la rentabilité comme l’activité se maintiennent. Elle en veut pour preuve une étude conduite début février dernier sur la base du volontariat, auprès d’une quarantaine de cabinets vétérinaires du Rhône. « Huit confrères ont relevé une stagnation de leur activité en 2008, vingt-quatre une augmentation et quatre une diminution. Les taux de marge brute restent stables aussi, mais aucun confrère n’annonce d’embauche d’auxiliaire sur l’année, même s’il n’est pas non plus question de supprimer des emplois », résume-t-elle. La présidente du syndicat rhodanien pointe également une nouvelle tendance au niveau de l’activité qui, selon elle, devient erratique d’un mois sur l’autre et est marquée par un accès à l’information grandissant au niveau de la clientèle, notamment en ce qui concerne les nouveaux animaux de compagnie. « Nous devons compter avec des clients de plus en plus exigeants, constate Claude Cordel. Nous sommes donc obligés de nous former et d’innover pour maintenir nos parts de marché. Nous devons également investir de plus en plus dans nos équipements et nos locaux. »