Une étude réalisée en Tanzanie montre que l'élimination de la rage est possible

Les résultats de récents travaux apportent de nouveaux arguments en faveur de l'éradication de la rage canine dans les pays en développement⁽¹⁾, via la vaccination des chiens. Des chercheurs canadiens, britanniques et américains ont recueilli et analysé des données issues de cas de rage survenus entre 2002 et 2006 dans deux districts de Tanzanie. D'autres foyers de rage ailleurs dans le monde ont aussi été étudiés. A l'interface de l'enquête de terrain et des modélisations mathématiques, ces analyses mettent en évidence le faible indice de reproduction de base de la rage (appelé R₀), qui correspond au nombre moyen de nouvelles infections contractées à partir d'un cas. Calculé par différentes méthodes, il se révèle toujours inférieur à 2.

Les recherches montrent une grande hétérogénéité de la contamination

Pour leur étude, circonscrite à deux provinces en bordure du parc national du Serengeti, les chercheurs ont mené l'enquête au cas par cas, de façon à reconstruire les historiques de plus de mille chiens suspects de rage. Une grande hétérogénéité de la contamination est ainsi révélée, avec des variations de la période de latence, des déplacements et de la propension à mordre. Le nombre moyen de morsures occasionnées par un animal enragé est estimé à 2,15, et la probabilité qu'un chien non vacciné, mordu par un chien enragé, développe la maladie est évaluée à 0,49. La multiplication de ces deux chiffres permet une première estimation de R₀ (1,05) cohérente avec les valeurs obtenues selon d'autres méthodes, toujours comprises entre 1,1 et 2. Les chercheurs⁽²⁾ remarquent que leurs résultats ne permettent pas la mise en évidence de l'influence de la densité canine sur l'incidence de la maladie.

L'étude établit également un seuil de couverture vaccinale au-delà duquel l'élimination de la rage dans ces régions rurales deviendrait possible. Pour cela, des données démographiques ont été prises en compte, car le turn over rapide des populations canines dans ces zones tendrait à contrarier le maintien de l'immunité. D'après les scientifiques, vacciner annuellement plus de 60 % des chiens, quelle que soit la zone, permettrait d'éliminer la maladie.

Fort de ces résultats, les recherches vont se poursuivre à plus grande échelle, avec la mise en place de plans de vaccination des chiens aux Philippines, en Afrique du Sud et en Tanzanie, et visant 70 % des populations canines pour plus de sécurité.

• (1) Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1351 du 13/3/2009 en page 22.

• (2) K. Hampson et coll. : « Transmission dynamics and prospects for the elimination of canine rabies », 10/3/2009, disponible en ligne sur http://biology.plosjournals.org