La chasse aux phoques pratiquée au Québec suscite toujours la controverse - La Semaine Vétérinaire n° 1354 du 03/04/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1354 du 03/04/2009

Canada. Pratique décriée

Actualité

Auteur(s) : Maëlle Gouix

Cette année encore, le fleuve Saint-Laurent est au cœur de la polémique, alors que se déroule la chasse commerciale aux phoques du Groënland (Pagophilus groenlandicus) dans les îles de la Madeleine (Québec), pratiquée fin mars/début avril.

La population des phoques du Groënland est estimée à plus de cinq millions d'individus. Dans le golfe du Saint-Laurent, les femelles mettent bas sur la glace au début du mois de mars. Les jeunes, ou blanchons, y trouvent refuge jusqu'à leur sevrage, qui se produit douze jours après leur naissance. Ils perdent leur duvet blanc caractéristique avant l'âge de trois semaines. Ces jeunes de l'année constituent actuellement la majorité des prises des chasseurs.

La méthode officiellement préconisée pour la chasse se déroule en trois étapes : assommage au gourdin ou à l'hakapik (sorte de piolet), vérification de la perte de conscience, puis exsanguination. Ce procédé, comparable à celui utilisé pour l'abattage des animaux de rente, n'est généralement pas remis en cause par les opposants à la chasse. Mais sur le terrain, la technique n'est ni systématiquement appliquée, ni rigoureusement contrôlée. En effet, la rapidité d'exécution empêche, dans de nombreux cas, une mise à mort éthique. Les conditions périlleuses associées au milieu où la chasse se déroule expliquent en grande partie l'empressement des chasseurs à quitter la banquise mouvante et parfois fragile. Mais c'est avant tout la compétition entre les bateaux, liée à l'attribution d'un quota de chasse global (clos une fois le chiffre atteint), qui favorise la précipitation et engendre une souffrance inutile. L'année dernière, le total autorisé des captures de phoques du Groënland s'élevait à 275 000 individus, pour tout l'est du Canada. Il est arrivé que le quota soit atteint en deux jours.

Une souffrance inacceptable établie par des vétérinaires

Dans le passé, des groupes de vétérinaires indépendants ont rédigé des rapports qui établissent qu'une souffrance inacceptable est associée à la chasse au phoque telle qu'elle est pratiquée. Des observateurs aériens ont relevé des cas d'exsanguination, voire de dépeçage, d'animaux vivants et conscients. Les vétérinaires souhaitaient qu'après l'assommage, la perte de conscience soit établie (par le test du réflexe cornéen ou par la constatation manuelle de l'écrasement des hémisphères cérébraux), ce qui ne se faisait pas dans la pratique. L'examen du crâne d'animaux abattus montrait aussi que les coups assénés n'entraînaient pas la perte de conscience dans de nombreux cas. Des fractures d'os de la face seulement, et non du crâne, étaient parfois observées.

Les efforts du gouvernement canadien n'ont pas convaincu les autorités européennes

Le changement du mode d'attribution du nombre de captures autorisées n'est que l'une des revendications des activistes du bien-être animal. Il est aussi reproché au gouvernement canadien son laxisme quant au dépassement du nombre de prises et le non-respect du principe de précaution pour l'établissement de quotas jugés “durables”. En outre, le plan de gestion de la population de phoques ne prend pas en considération les modifications de l'habitat dues au changement climatique, qui pourraient faire chuter les effectifs dans un futur proche.

Face aux critiques internationales, l'Etat canadien a tenté de redorer son image, en imposant aux chasseurs, entre autres, une formation, dispensée par des vétérinaires, contre l'attribution du permis de chasse. Depuis 1987, la chasse aux “bébés phoques” est aussi interdite… bien que ceux de trois semaines, sans duvet blanc, soient légalement abattus.

Ces efforts ont été vains, puisque l'Union européenne vient d'adopter l'interdiction de tous les produits dérivés du phoque (sauf pour les animaux abattus par les chasseurs Inuits) sur son territoire, qui pourrait s'appliquer dès la fin du mois.

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