« L’inspection vétérinaire ne se résume pas aux contrôles à l’abattoir »

J’ai tout à apprendre par rapport à l’Algérie. J’ai acquis ici une expérience en santé publique que je pourrais transmettre à mes confrères  », souligne Noria Seghiea, vétérinaire officielle, venue à l’Ecole nationale des services vétérinaires (ENSV) de Marcy l’Etoile étudier le modèle sanitaire français. Disséquer même, puisqu’elle est l’un des auteurs du rapport sur le mandat sanitaire (voir en pages 12-13). « Nous avons tout un système à améliorer, témoigne également Mounir Serdany, vétérinaire officiel marocain. Nous ne voulons pas copier le modèle français, mais plutôt l’extrapoler pour parfaire le nôtre. Je pense à la gestion des postes interfrontaliers ou au “paquet hygiène”, par exemple. Savez-vous que douze vétérinaires marocains sont déjà passés par l’ENSV  »

Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) depuis 2004, l’une des vocations de l’ENSV est de former les vétérinaires officiels du monde entier. Russes, Japonais, Libanais, Roumains, Sénégalais, etc., plus de mille vétérinaires ont déjà bénéficié de cette formation, principalement dans leur pays pour une session de quelques jours, mais aussi à Lyon pour un cursus d’une année. L’ENSV est également engagée dans des projets de jumelage et de développement d’écoles du même type. L’école inter-Etats de Dakar, qui regroupe quatorze pays d’Afrique de l’Ouest, est désormais sur les rails. Une autre est prévue en Pologne. Le modèle sanitaire français s’exporte bien.

En France, la sélection est rude et les promotions peu fournies

Mais l’ENSV reste évidemment, et avant tout, l’école de formation initiale des inspecteurs vétérinaires français. Ils sont recrutés par concours, en interne à l’issue de leur avant-dernière année d’école vétérinaire ou pour les ingénieurs du génie rural, des eaux et des forêts, mais aussi en externe jusqu’à quarante-cinq ans, quel que soit leur parcours (clinique, industrie, coopérative, etc.). La sélection est rude : un sur quatre en ENV et deux sur cent par voie externe.

Les promotions sont peu fournies. Cette année, elle compte seize étudiants, dont huit intégreront le corps des inspecteurs de la santé publique vétérinaire (ISPV). « Je suis sorti de l’école en 1994. Je me suis lancé dans la recherche à l’institut Pasteur de Lille, puis j’ai découvert l’hygiène alimentaire pendant mon service militaire. J’ai ensuite été inspecteur vétérinaire vacataire », retrace Aurélien Allaert avec aplomb, comme pour marquer l’évidence de son parcours. « Les professeurs de Nantes vendent bien la santé publique, plaisante Marie-Christine Le Gal, qui a intégré l’ENSV à la fin de ses études à l’ENVN. Ils ont su m’y intéresser, puis me pousser à aller plus loin. »

Pour les frais émoulus des écoles vétérinaires, le cursus à l’ENSV est de deux ans.« Dès le début, nous avons visité toutes les institutions de l’Union. Cela donne vraiment une conscience européenne. C’est important pour nous, car l’Europe chapeaute la plupart des politiques sanitaires », remarque Pauline Andrieux, sa consœur de l’ENVN.« La profession est passionnante, s’enthousiasme Marie-Christine Le Gal. Nous touchons à des univers différents tout au long de notre carrière. Les ISPV “essaiment”, selon le jargon, aussi bien en protection animale que dans l’écologie et le développement durable, la faune sauvage ou encore comme assistants spécialisés au ministère de la Justice. Cette diversité m’attire. Il faut le dire aux étudiants : engagez-vous ! Non, l’inspection vétérinaire, ce n’est pas que l’abattoir ! ».

Le corps des ISPV compte environ neuf cents membres. Ils suivent régulièrement des stages de formation continue à Marcy l’Etoile. L’école lyonnaise est également chargée de dispenser les sessions de formation obligatoire (deux tous les cinq ans) que doivent désormais suivre les vétérinaires titulaires du mandat sanitaire en productions animales.

Ces formations sont externalisées dans les régions, en partenariat avec la Société nationale des groupements techniques vétérinaires. Plus de deux mille praticiens seront formés en 2009.

Les seize élèves de la promotion 2008-2009 terminent leurs cursus par une mission à l’étranger de dix semaines, auprès des services vétérinaires de différents pays d’Europe, mais aussi d’Egypte et des Etats-Unis. A leur retour, les élèves inspecteurs français auront encore une semaine de formation… à la prise de poste, avant de rejoindre leur affectation qu’ils ne connaissent pas encore. Suspense…