Le CNRS va tester son plan “grippe aviaire” prochainement

L’épidémie humaine de grippe aviaire en France est annoncée pour le début du printemps. Certaines délégations régionales du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) sont sur le pied de guerre. En effet, elles seront les premières touchées… de façon fictive.

En 2005, pour se préparer à une éventuelle pandémie humaine de grippe aviaire, le gouvernement a demandé aux entreprises et aux grandes entités de recherche de mettre en place des plans d’action. C’est chose faite au CNRS. Le groupe de travail “grippe aviaire”, dirigé par Michel Spiro⁽¹⁾, directeur de l’Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3) du CNRS, s’apprête à tester le plan élaboré en cas de pandémie. Les premières réunions concernant ce dernier remontent à la fin de l’année 2005, au plus fort de l’épizootie animale d’influenza aviaire en Asie.

Les activités qui doivent continuer sont d’ores et déjà identifiées

Le plan du CNRS suit une ligne directrice essentielle : si la crise survient, il faut mettre en sommeil pendant deux à trois mois le maximum d’activités du centre, le temps de trouver et d’élaborer un vaccin contre la maladie. La plupart des agents du CNRS seront ainsi priés de rester à leur domicile, pour éviter de s’exposer à une contamination sur leur lieu de travail.

La première étape a permis d’identifier, avec les dix-neuf délégations régionales, les autres activités, celles qui ne peuvent être stoppées. « Parmi elles figurent les animaleries ou les cultures cellulaires et, bien entendu, toutes les activités liées à la mise au point d’un vaccin contre la grippe aviaire », explique Cyril Thieffry, responsable de la sûreté nucléaire et de la radioprotection à l’IN2P3. A cela s’ajoutent le gardiennage des laboratoires, les fonctions administratives et financières, qui permettent de continuer à payer les collaborateurs pendant la crise, et toutes les infrastructures qui assurent la communication par l’Internet et le téléphone. « Car il faut que l’information circule ! », rappelle Michel Spiro, dont le groupe de travail a prévu la mise en place d’un numéro vert et de cellules de crise nationale et régionales.

Les commandes de masques représenteront 30 000 € environ par an

Le point le plus délicat a consisté à recenser, région par région, les personnes susceptibles de maintenir les activités du CNRS qui ne peuvent pas être arrêtées. Deux mille volontaires sont ainsi identifiés. Pour les protéger, le CNRS a commandé cent mille masques et prévu leur renouvellement, pour un coût de 30 000 € par an environ.

« Ce système de cellule de crise et d’identification des fonctions en veille et actives est opérationnel quelle que soit la crise. Il peut être adapté à un autre virus ou à une attaque bioterroriste », souligne Michel Spiro.

« Il ne nous reste plus désormais qu’à tester notre dispositif sur deux ou trois délégations régionales du CNRS. Ce sera chose faite d’ici à la fin du premier trimestre 2009, ajoute Cyril Thieffry. L’objectif : être réactifs en vingt-quatre heures au maximum. »

• (1) Michel Spiro vient du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et possède donc une culture du risque liée aux activités nucléaires. A ses côtés, le secrétaire exécutif, Cyril Thieffry, responsable de la sûreté nucléaire et de la radioprotection à l’IN2P3, connaît bien aussi ces sujets.

• Source : CNRS.