Que manque-t-il à votre arsenal thérapeutique ? - La Semaine Vétérinaire n° 1350 du 06/03/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1350 du 06/03/2009

Entre nous

FORUM

Les produits manquants occupent des niches

François Bertrand, praticien à La Ciotat (Bouches-du-Rhône).

Actuellement, les quelques manques en pharmacie vétérinaire sont facilement comblés par l’approvisionnement en pharmacie : par exemple, quel vétérinaire n’a pas de diazépam à sa disposition ? La plupart des produits susceptibles de nous manquer occupent des niches étroites, ce qui explique peut-être la timidité des laboratoires en matière d’adaptation : le développement d’antiviraux, d’anticancéreux ou d’antiarythmiques serait difficile en raison de la relative rareté de prescription (quoique la digoxine puisse être souvent conseillée dans les insuffisances cardiaques). Parmi les molécules qui manquent en médecine vétérinaire canine, je pourrais citer un antibiotique auriculaire Gram positif à spectre étendu (un projet avec la ticarcilline n’a jamais vu le jour) et l’allopurinol (j’exerce en zone d’endémie leishmanienne).

La galénique a fait d’importants progrès, notamment avec la mise à disposition de présentations orales appétentes. Il manque cependant encore un anti-infectieux intestinal appétent (si possible sulfamide !). Si l’arsenal thérapeutique est presque complet pour les carnivores, des absences demeurent pour les nouveaux animaux de compagnie (une quinolone orale adaptée serait bienvenue). Pour le reste, les prescriptions que nous pouvons faire relèvent d’habitudes individuelles : prazosine pour les spasmes du syndrome urologique félin, bumétamide en relais du furosémide ou carvédilol dans certaines insuffisances cardiaques décompensées. Par ailleurs, le prix de certaines présentations vétérinaires (clindamycine, kétoconazole, par exemple) est aussi un frein à la prescription. Il est trois à cinq fois supérieur à celui de la pharmacie humaine, ce qui est difficile à expliquer aux clients qui s’en aperçoivent… Un effort dans ce sens serait souhaitable de la part des laboratoires !

Plusieurs molécules font défaut en équine

Isabelle Pignard, praticienne à Mansigné (Sarthe).

Concernant l’espèce équine, il manque en France plusieurs molécules, voire classes thérapeutiques, comme les immunostimulants ou les antifongiques. Les premiers (de type parapoxvirus inactivé ou extrait purifié de parois de mycobactéries) se révèlent utiles dans la prévention et le traitement des infections virales ou en soutien lors de stress lié à l’entraînement ou à l’hospitalisation. Il est extrêmement difficile, par ailleurs, de prescrire un traitement ophtalmologique (en collyre ou en pommade) antifongique ou de traiter une affection respiratoire d’origine fongique. La natamycine existe en présentation ophtalmique aux Etats-Unis, mais pas en Europe. Certaines molécules antifongiques existent en médecine vétérinaire, mais leur présentation (souvent en association avec d’autres molécules pour un usage auriculaire) n’est pas adaptée et il n’y a pas d’AMM chez les équidés. Parmi les molécules de base, je trouve dommage que la présentation en pâte orale de la phénylbutazone ne soit pas commercialisée en France. Pour un particulier, elle est en effet plus simple à administrer et à doser chez les animaux de petite taille.

En matière de traitement par inhalation, qui représente une alternative intéressante chez le cheval, peu de spécialités vétérinaires existent, ce qui conduit le praticien à en limiter l’usage, en particulier chez le cheval de course où la connaissance des délais d’élimination des principes actifs est d’une extrême importance.

En matière d’antibiothérapie, la rifampicine n’est pas disponible, alors qu’elle est indispensable lors du traitement par voie orale de la rhodococcose équine, l’un des fléaux de l’élevage équin, de même que la nitrofurazone (molécule bactériostatique) préconisée dans le traitement des pharyngites folliculaires.

Adaptons nos traitements aux molécules qui existent

Pascal Loriot, praticien à Chatillon-sur-Chalaronne (Ain).

Le DMV : environ mille huit cents pages sur deux colonnes.

Le Vidal : trois mille pages sur trois colonnes. Il doit exister quelques possibilités d’étoffer notre arsenal thérapeutique, mais est-ce utile ?

Une épidémie de fièvre catarrhale de sérotype 8 débute et, en moins d’un an, nos laboratoires développent un vaccin adapté. Voilà un vrai besoin satisfait et un exemple dont la profession ne peut que se féliciter. Mais doit-on pour autant disposer d’antiviraux utilisables lors de trithérapie humaine, alors que certaines populations défavorisées ne peuvent même pas les acheter ? Doit-on utiliser les nouvelles générations d’antibiotiques afin d’anticiper d’éventuelles résistances en productions animales ? Et pour les toutous, faut-il des médicaments antirejet des futures greffes rénales en comprimés quadrisécables au goût “foie gras de canard du Gers élevé au maïs transgénique”, ou en liquide au goût “cabernet vieille vigne” sans alcool ?

Plus sérieusement, l’évolution thérapeutique de notre profession ne peut-elle passer que par le “toujours plus” ? Adaptons nos traitements de médecine générale aux molécules qui existent. Encourageons nos laboratoires pour leur effort sur l’appétence et laissons-les faire leurs études de marché pour nous “pondre” des nouveautés adaptées à notre médecine préventive de demain.

Militons pour que la pharmacie humaine laisse accessibles certaines molécules utilisables dans des cas restreints et sous certaines conditions.

N’est-il pas jouissif de voir un client ébahi de constater que le vétérinaire se casse la tête pour adapter un traitement à la maladie rarissime de son matou ? Il faudra pleurer auprès du pharmacien pour qu’il reconditionne, mais bon…

Et puis, comme disait Coluche en parlant du rôle des technocrates, « écrivez-nous ce dont vous avez besoin, et nous vous expliquerons comment vous en passer »

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