Les glucomannanes peuvent lutter contre les effets immunotoxiques des mycotoxines

La lutte contre les mycotoxines suit différentes stratégies, depuis la mise en place de bonnes pratiques culturales jusqu’à l’utilisation de fongicides sur les cultures en passant par l’addition d’agents séquestrants dans l’aliment⁽¹⁾. Des chercheurs du laboratoire de pharmacologie-toxicologie de l’Institut national de la recherche agronomique de Toulouse se sont penchés sur l’intérêt d’un complément alimentaire composé d’extraits de parois de levures (glucomannanes) chez des porcs exposés à des mycotoxines pendant plusieurs semaines⁽²⁾. Les mycotoxines étudiées étaient l’aflatoxine B1, (qui contamine principalement l’arachide, le maïs et les fruits secs) et la toxine T-2 (qui contamine les céréales comme le blé, l’orge, le seigle et l’avoine).

Les chercheurs montrent que la réponse immunitaire spécifique est une cible de l’action toxique des mycotoxines, via l’utilisation d’un protocole de vaccination chez le porcelet (simulation d’infection). Par ailleurs, ils mettent en évidence que l’aflatoxine B1 (AFB1) retarde la mise en place de la réponse immunitaire spécifique à médiation cellulaire, et que cette mycotoxine entraîne une augmentation de la production de cytokines pro-inflammatoires (les hormones du système immunitaire). Ils révèlent aussi que la toxine T-2 inhibe la réponse immunitaire spécifique à médiation humorale, ce qui se traduit par une réduction de la production d’anticorps. Dans les deux cas, le bon fonctionnement de la réponse immunitaire est altéré, ce qui induit une diminution de la protection des animaux.

Les glucomannanes restaurent la réponse immunitaire spécifique

Dans un deuxième temps, les chercheurs montrent l’effet protecteur des glucomannanes. Supplémentés avec ces composés à la dose de 2 g/kg d’aliment, les porcs soumis à l’exposition aux mycotoxines (jusqu’à 1 mg d’AFB1 et 2 mg de toxine T-2 par kilo d’aliment) présentent une réponse immunitaire normale. Les glucomannanes restaurent la réponse à médiation cellulaire chez les porcs exposés à l’aflatoxine B1, ainsi que la production d’anticorps chez ceux exposés à la toxine T-2.

Les mécanismes d’action des glucomannanes ne sont pas encore connus, mais ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives dans la lutte contre les effets toxiques des mycotoxines, soulignent les auteurs.

• (1) Vincent Niderkorn : « Activités de transformation et de séquestration des fusariotoxines chez les bactéries fermentaires pour la détoxification des ensilages de maïs », thèse, 2007.

• (2) Cette étude a été réalisée dans le cadre d’une convention industrielle de formation par la recherche (thèse Cifre n° 486/2003), fruit d’un partenariat entre l’Inra et la société Alltech France.

• Source : Inra, En direct des labos, 27/1/2009.