LES NAC SONT L’OBJET D’UN ENGOUEMENT À SURVEILLER - La Semaine Vétérinaire n° 1349 du 27/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1349 du 27/02/2009

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Auteur(s) : Marie Sigaud

Depuis les années 70, les vétérinaires voient défiler de plus en plus d’animaux exotiques dans leurs cliniques. Pourtant, ils peuvent représenter un certain nombre de menaces, pour la santé des hommes et celle des écosystèmes. Le praticien a donc un rôle essentiel de sensibilisation à jouer auprès des propriétaires de nouveaux animaux de compagnie (NAC), notamment en matière de santé et d’hygiène, mais aussi pour prévenir les invasions biologiques.

Chats, chiens, mais également oiseaux, rongeurs, lagomorphes et espèces à sang froid font le bonheur des Français. Plus d’un foyer sur deux possède un animal familier, ce qui place la France au premier rang des pays européens en termes de possession d’animaux de compagnie(1). Depuis les années 70, les vétérinaires voient défiler de plus en plus d’animaux exotiques dans leurs structures. C’est ainsi qu’est né l’acronyme NAC (nouveaux animaux de compagnie) dans le milieu des années 80, à l’initiative de notre confrère Michel Bellangeon, pour désigner ces nouveaux venus.

Les NAC qui n’appartiennent pas à des espèces domestiques peuvent être d’origine diverse. Individus issus d’élevages spécialisés ou directement prélevés dans la nature, leur provenance est souvent difficile à déterminer. Parmi eux figurent aussi des animaux domestiques détournés de leur emploi traditionnel, comme le furet domestiqué pour la chasse aux lapins, ou encore le rat échappé du laboratoire.

Le “phénomène NAC” alimente le commerce international des espèces sauvages

L’engouement pour ces nouveaux compagnons est tel que 11 % des foyers français possèdent au moins un rongeur et près de 5 % au moins un oiseau(1). Cette attirance s’observe aussi de l’autre côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis, où le furet est le troisième animal de compagnie.

Ce phénomène s’explique de nombreuses manières, notamment par la diversité des espèces à la disposition des particuliers, qui peuvent choisir celles qui s’adaptent à leurs exigences. Toutefois, l’entretien des NAC est spécifique et exige un véritable engagement personnel et financier. Certains animaux nécessitent la mise en place d’installations qui recréent un environnement nécessaire à leur bien-être, en particulier les reptiles qui ont besoin d’une température et d’une hygrométrie adaptées. En outre, cela alimente le commerce international des espèces sauvages, et probablement leur trafic (voir l’article en page 30).

De nombreuses inconnues persistentsur le risque zoonotique

Nouvelles espèces, nouvelles maladies. La compétence des vétérinaires s’accroît en matière de connaissances et de soins prodigués à ces animaux. Ils jouent également un rôle essentiel d’information auprès des propriétaires quant aux conditions d’entretien particulières qu’ils requièrent. Toutefois, la vigilance reste de mise, notamment en ce qui concerne les zoonoses. Les maladies infectieuses associées au chat et au chien sont bien connues des confrères et des médecins généralistes, mais il n’en est rien de celles des animaux exotiques. Si la chlamydiose aviaire est une maladie légalement réputée contagieuse (MLRC) bien connue des éleveurs d’oiseaux et des services vétérinaires, qu’en est-il des parasitoses d’origine reptilienne ? Même si des règles de prophylaxie sanitaire classiques suffisent, la plupart du temps, à éviter tout type de contamination, il est essentiel d’informer les clients sur les bonnes pratiques.

NAC exotiques et propriétaires peu scrupuleux : un risque pour les écosystèmes

Il arrive que les NAC s’échappent ou soient “relâchés” dans la nature. Ils se retrouvent alors dans un habitat naturel ou semi-naturel (zone périurbaine ou agricole) qui n’a rien à voir avec leur lieu d’origine. Pourtant, certaines espèces parviennent à s’y maintenir, et forment parfois des populations qui vivent partiellement ou totalement à l’état sauvage. Elles peuvent alors devenir envahissantes et nuire non seulement à la faune native, mais également à la stabilité de l’écosystème qu’elles colonisent (voir l’article en page 31). Plusieurs exemples illustrent cette triste réalité. Des propriétaires “rendent à la nature” leur animal de compagnie, souvent parce qu’il ne correspond plus à leurs attentes, comme la jolie petite tortue devenue trop encombrante et agressive. Ainsi, la tortue de Floride (Trachemys scripta elegans), introduite au XXe siècle en France comme espèce d’agrément, a été relâchée en masse dans les cours d’eau par des particuliers peu scrupuleux et soucieux de s’en débarrasser rapidement. Elle est désormais devenue envahissante et menace les espèces indigènes comme la cistude d’Europe (Emys orbicularis). Autre lieu même constat : le bulbul orphée (Pycnonotus jocosus), introduit à La Réunion comme oiseau d’agrément, est actuellement considéré comme une “peste” animale en raison des dégâts qu’il provoque dans les cultures.

Les NAC représentent donc un certain nombre de menaces, à la fois pour la santé des hommes et celle des écosystèmes. Dans ce contexte, le vétérinaire a un rôle essentiel d’information et de sensibilisation à jouer auprès des propriétaires, en matière de santé et d’hygiène, mais aussi pour prévenir les invasions biologiques. Un animal exotique n’a pas sa place dans n’importe quel milieu naturel.

  • (1) Source : Facco/TNS Sofres 2006.

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