Les espèces sauvages sont sur le podium du commerce illégal, après la drogue et les armes - La Semaine Vétérinaire n° 1349 du 27/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1349 du 27/02/2009

Commerce international

À la une

Auteur(s) : Marie Sigaud

Environ 15 milliards d’euros par an. Avec un tel chiffre d’affaires, le commerce international légal de la faune et de la flore sauvages se porte bien… Il concerne plusieurs centaines de millions de spécimens de plantes et d’animaux sauvages prélevés dans la nature. L’exploitation et le commerce intensifs de certaines espèces, auxquels s’ajoutent d’autres facteurs comme la disparition des habitats, peuvent épuiser les populations, voire conduire à l’extinction. La surexploitation des espèces sauvages à des fins commerciales a provoqué une telle inquiétude qu’un traité international a été élaboré pour y mettre un terme. C’est ainsi que la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) est entrée en vigueur le 1er juillet 1975. Mais le commerce illicite des espèces sauvages rapporte toujours énormément, certainement plusieurs milliards de dollars par an. Il est tout juste devancé par les trafics de drogues et d’armes. Les exemples de cette circulation clandestine abondent. De nombreuses espèces, même protégées, sont prisées pour les propriétés médicinales que les pharmacopées traditionnelles leur attribuent, notamment en Asie, et font ainsi les frais de leur popularité. La corne de rhinocéros, le vin de tigre ou encore les écailles de pangolin sont ainsi issus d’espèces considérées comme en danger d’extinction, dont le commerce international est strictement interdit.

L’ivoire d’éléphant se vend en masse sur l’Internet

L’immense plateforme d’échanges que représente l’Internet complexifie le contrôle de ce trafic. L’ivoire d’éléphant arrive en tête de ces échanges, suivi par les oiseaux exotiques, selon un rapport sur le commerce illégal des espèces sauvages sur le Web, publié en fin d’année dernière par le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). Bien que sa vente soit illicite depuis 1989, à quelques exceptions près, plus de quatre mille produits en ivoire d’éléphant ont été découverts au cours de cette investigation. La plupart des transactions ont eu lieu sur le site américain d’eBay. Après cette enquête, le groupe a interdit la vente d’objets en ivoire sur son site. S’il faut saluer cette décision, les inquiétudes demeurent pour les autres sites commerciaux de ce type.

Les espèces rares sont de l’or en barre

Depuis 1990, le marché du luxe a plus que doublé, avec une hausse de près de 10 % par an. La rareté accroît le désir. Les espèces sauvages n’échappent pas à la règle. Le marché de l’exception est florissant, comme en témoignent les prix faramineux pratiqués (plusieurs milliers d’euros pour 1 kg d’œufs d’esturgeon). Les espèces rares sont entraînées dans une spirale infernale, la recherche dont elles font l’objet conduisant à leur surexploitation, voire à leur extinction.

La situation actuelle est inquiétante. Seuls une réglementation stricte et le contrôle du commerce d’espèces sauvages, alliés à des mesures de lutte contre le braconnage et d’éducation du public, permettront de limiter l’exploitation illégale de la biodiversité.

Des transmissions virales facilitées

Certains agents pathogènes peuvent “profiter” de contacts et d’une promiscuité interespèce exceptionnels – comme cela peut se produire dans certaines animaleries – pour transiter chez de nouvelles espèces. Ainsi, le monkeypox virus, ou virus de la variole du singe, présent uniquement en Afrique à l’origine, a été importé aux Etats-Unis en 2003 via des écureuils et des rats de Gambie. Au cours de leur séjour commun en animalerie, le virus a infecté des chiens de prairie destinés à la commercialisation en tant qu’animaux familiers, puis s’est retrouvé chez leurs heureux acquéreurs dans onze états de l’ouest du pays. Au cours de cet épisode, plus de soixante-dix cas d’infection ont été enregistrés chez des enfants et des adultes. Les campagnes de dépistage, les investigations épidémiologiques et les traitements subséquents ont heureusement permis de circonscrire rapidement la maladie. Depuis, l’importation de rongeurs en provenance d’Afrique est interdite sur le territoire américain. Cette épidémie a au moins permis de prendre conscience des dangers sanitaires liés au trafic international d’animaux sauvages.

M. S.

De la nourriture à la décoration…

Les espèces sauvages sont commercialisées dans le monde entier sous différentes formes.

• Remèdes : les médecines traditionnelles sont fondées principalement sur l’utilisation de plantes sauvages, ou de certains de leurs composants, mais également sur de nombreuses substances extraites d’espèces animales. La corne de rhinocéros figure en bonne place parmi les ingrédients prestigieux recherchés dans les pharmacopées traditionnelles asiatiques.

• Nourriture : la plupart des espèces sont braconnées dans le cadre de la chasse de subsistance, mais certaines se retrouvent tout de même sur le marché international.

• Décoration : une large variété de composés issus d’espèces sauvages sont utilisés à des fins décoratives et ornementales, souvent vendus aux touristes, comme l’ivoire d’éléphant, les peaux de reptiles, les plumes et autres composantes animales.

• Habillement : peaux, fourrures, plumes et autres éléments tirés de nombreuses espèces se retrouvent sur le marché international de l’habillement. Certains sont mêmes des accessoires de mode de grande valeur.

• NAC : les animaux exotiques rares et originaux sont prisés des collectionneurs, mais également d’un nombre grandissant de particuliers. Les douanes françaises ont confisqué près de six cents animaux vivants en 2007, principalement des reptiles et des oiseaux.

M. S.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr