La médecine environnementale est une nouvelle voie d’implication pour les vétérinaires - La Semaine Vétérinaire n° 1349 du 27/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1349 du 27/02/2009

Conservation

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Stéphanie Bourgeois

La triade homme-faune sauvage-environnement est impliquée dans des maladies infectieuses émergentes.

En 1992, la bilharziose est apparue aux abords du lac Malawi, en Afrique, conséquence de la surpêche du poisson prédateur de l’hôte intermédiaire du schistosome. En 1993, la prolifération des rongeurs, favorisée par le climat et par l’élimination des prédateurs, a entraîné la propagation rapide du hantavirus chez l’homme, au sud-ouest des Etats-Unis. En 1999, des chauves-souris porteuses du virus Nipah, affamées par la déforestation, ont trouvé refuge dans les arbres fruitiers proches d’un élevage de porcs en Malaisie, causant une épidémie massive chez ces derniers, puis chez l’homme. Voici trois exemples, parmi bien d’autres, de maladie infectieuse émergente (MIE) impliquant l’homme, la faune sauvage et l’environnement.

Comprendre l’émergence des maladies infectieuses d’origine zoonotique (trois MIE sur quatre) nécessite de connaître la diversité des agents pathogènes dans la faune sauvage, les interactions entre cette dernière et l’homme, les pressions anthropiques sur la faune et son habitat, ainsi que les changements dans la société et les comportements humains. Si le lien étroit entre santé humaine et santé animale n’est pas nouveau, la croissance de la population humaine, la fragmentation des habitats, les émissions de toxiques, les changements climatiques, les déplacements internationaux et l’écotourisme sont autant d’explications de l’explosion des maladies infectieuses émergentes zoonotiques au cours des dernières décennies.

Tenir compte de la “santé” de l’environnement comme de celles de l’homme et de l’animal

La biologie de la conservation est née, dans les années 70, de la prise de conscience du déclin mondial de la biodiversité. La médecine environnementale (conservation medicine en anglais) est la branche qui concerne tous ses aspects médicaux. Elle s’est imposée au milieu des années 90 comme une nouvelle discipline, à l’interface entre santé animale, santé publique et santé de l’écosystème. Elle repose avant tout sur une collaboration interdisciplinaire entre vétérinaires et médecins, parasitologues et écologistes, biologistes de la conservation et épidémiologistes. Cette collaboration a pour vocation de comprendre l’émergence et la propagation des affections, de prédire et de contrôler de futures maladies infectieuses émergentes. En d’autres termes, il s’agit d’étudier les déterminants écologiques des affections, pour comprendre le lien entre changements d’origine anthropique, santé de toutes les espèces (y compris l’homme), et conservation de la biodiversité.

Outre son importance capitale en santé publique, la médecine environnementale joue un rôle clé dans la préservation des espèces sauvages. Des maladies infectieuses émergentes ont entraîné des mortalités massives, voire l’extinction de populations sauvages. Contrairement à l’approche monospécifique traditionnelle de la conservation, cette discipline vise à promouvoir la santé d’un écosystème et contribue ainsi à la protection de toutes les espèces de faune et de flore dans une zone donnée. Les deux approches convergent lorsque l’espèce étudiée est au sommet de la chaîne alimentaire, qu’elle a une large distribution ou une fonction d’espèce “parapluie”, c’est-à-dire dont la préservation profite à l’ensemble de son habitat.

La médecine environnementale fait le lien entre santé et écologie

Récemment encore, vétérinaires et écologistes travaillaient indépendamment, et les aspects sanitaires étaient négligés dans les programmes de conservation. La médecine environnementale fait le lien entre santé et écologie, offrant ainsi une vraie place aux vétérinaires dans la conservation des espèces menacées. Leur rôle ne doit pas se borner à la contention chimique ou aux interventions directes – par ailleurs controversées – comme le traitement et la vaccination. Les évaluations et le suivi de l’état de santé doivent être intégrés dans les analyses de viabilité des populations sauvages. Cela inclut la recherche d’agents pathogènes, notamment zoonotiques, mais aussi l’étude des paramètres physiologiques, qui peuvent être de bons indicateurs des perturbations environnementales.

Par leur approche des maladies animales, les vétérinaires sont les mieux placés pour étudier les zoonoses. De plus, leur expertise en pathologie évite les confusions entre espèces porteuses et malades. Il est regrettable que la focalisation des intérêts sur les animaux domestiques, le manque de perspectives à l’échelle des populations ou encore le faible accent mis sur l’écologie des maladies au cours de leurs études ne permettent pas aux confrères de s’imposer facilement.

Il est souhaitable que les vétérinaires prennent leur place dans cette discipline émergente et d’un enjeu vital. Dans le contexte actuel, la médecine environnementale permettra de comprendre les conséquences de l’empreinte de l’homme dans l’équilibre naturel, tout en gardant à l’esprit que la santé humaine dépend étroitement de celle des autres espèces et du fonctionnement sain des écosystèmes naturels.

POUR EN SAVOIR PLUS

• S.L. Deem, W.B. Karesh, W. Weisman : « Putting theory into practice : wildlife health in conservation », Conservation Biology, 2001, vol. 15, n° 5, pp. 1224-1233.

• P. Daszak, G.M. Tabor, A.M. Kilpatrick, J. Epstein, R. Plotwright : « Conservation medicine and a new agenda for emerging diseases », Consortium for conservation medicine, 2004 (www.conservationmedicine.org).

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