Des couleurs et des vaches à cornes au pied du Kilimandjaro - La Semaine Vétérinaire n° 1348 du 20/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1348 du 20/02/2009

Carnet de voyage en Tanzanie

Éclairage

INTERNATIONAL

Pour l’arrivée du couple de globe-trotters, le pays avait mis les petits plats dans les grands. A peine franchie la frontière, le son des tam-tams les attirait vers une école où répétaient des danseurs traditionnels.

Après quelques jours dans le sud du pays, oublié des touristes avides de safaris, Célia et Guillaume Keravec, respectivement agronome et vétérinaire, abordent les terres des Massaïs à la recherche d’éleveurs intéressés par leur projet. Dans ce paradis du tourisme de luxe, certains villages sont devenus une attraction comme une autre et il est difficile de nouer des contacts hors de ces circuits. Pour compliquer la situation, un faux pas inflige à Célia une belle entorse et la limite dans ses mouvements. Heureusement, après un repos forcé sur les plages de Zanzibar, leur bonne étoile brille de nouveau pour les mener vers le contact idéal. Hamad les accueille à Arusha, au pied du Kilimandjaro, et leur présente Joshua, un jeune Massaï ravi de leur faire découvrir sa culture.

La faune sauvage cohabite avec les éleveurs massaïs

A bord d’un dala-dala surchargé, le couple fait son entrée dans l’univers massaï au cœur d’un marché haut en couleurs. Sur place ils achètent riz, sucre et fruits pour leurs hôtes et découvrent un peuple fier et authentique. Enveloppés dans leurs couvertures multicolores et parés d’innombrables bijoux en perles, ces éleveurs sont vraiment les plus “esthétiques” qu’ils ont rencontrés. Leurs scarifications rituelles et leurs crânes rasés mettent en valeur leurs visages fins et leur grande taille, affichant ainsi un air noble et impressionnant.

Une fois chargés de victuailles, Célia et Guillaume montent à l’arrière d’un taxi-brousse pour parcourir 120 km à travers la magnifique savane où ils croisent girafes, autruches et autres antilopes. Même en dehors des parcs, la faune sauvage est omniprésente et cohabite en harmonie avec les éleveurs massaïs. Selon Joshua, les lions s’aventurent souvent jusqu’aux portes du village. Les jeunes Massaïs n’ont plus le droit de les chasser à la lance, comme le voulait le rite de passage à la vie adulte.

Les femmes chargent les ânes pour aller tirer l’eau

Arrivés à Mundarara après une difficile ascension en béquilles, ils découvrent à la nuit tombée la famille de leur hôte, rassemblée dans son engang. Composée de six maisons de torchis qui entourent l’enclos du bétail, cette enceinte familiale est protégée des animaux sauvages par des buissons d’épineux.

Levé avec le soleil, chacun s’attelle à ses tâches journalières. En y participant, le couple découvre le rôle de chaque membre de la famille. Les femmes débutent la journée par la traite matinale. Le lait des dix vaches est récolté dans d’étroites calebasses décorées de perles. Durant la saison sèche, les vaches produisent peu (moins d’un litre par traite) et le lait est donc intégralement dévolu à la consommation familiale. Le reste de la journée, elles s’occupent de la maison, des nombreux enfants et de la corvée d’eau. Chargeant leurs ânes de bidons vides, elles rejoignent le point d’eau et y retrouvent les hommes. Toute la matinée, armés de leur engudi et alalem, la longue canne et le poignard indissociables de tout guerrier massaï, ceux-ci ont mené le troupeau de vaches dans les pâtures asséchées et ils profitent de l’abreuvement des bêtes pour discuter à l’ombre. Les enfants se relaient pour suivre les chèvres et les moutons quand ils ne s’agglutinent pas autour des aquarelles de Célia…

La taille du cheptel reflète le statut social

Le lendemain, ils accompagnent Joshua à la messe, où ils seront heureux d’assister aux fameux sauts massaïs, rythmés par la chorale. Remontant ensuite vers leur engang, ils croisent l’imposant troupeau du chef du village. Plus de deux cents vaches aux cornes impressionnantes les dépassent dans un nuage de poussière. Chez les Massaïs, la vache est la plus grande richesse et le nombre de têtes reflète le statut social.

De retour dans leur maison en colimaçon, le couple aide à la préparation du repas. La seule ouverture étant la porte, l’atmosphère est particulièrement confinée et la fumée du foyer envahit rapidement toute la pièce.

L’après-midi, un orage impressionnant éclate. Il inonde les petites cases, mais provoque l’hilarité des enfants. Regroupés sous un toit de tôle, Célia et Guillaume discutent avec Jonathan, qui semble être le “vétérinaire” du village. Maniant l’antibiotique comme une recette miracle, il dispense sa magie, généreusement, mais pas toujours à bon escient. Les strongles ne sont pas inquiétés par ses traitements !

Le soir, une fois les animaux mis à l’abri, sous un ciel maintenant rempli d’étoiles, le couple déguste un thé épicé en mêlant des chansons de leurs ethnies respectives. Dans cette ambiance festive, les femmes insistent pour vêtir Célia du costume traditionnel de la jeune mariée. Amusante coïncidence pour le couple, qui célébrait son premier anniversaire de mariage ce jour-là.

Ainsi s’achève le séjour de Célia et Guillaume Keravec parmi ces éleveurs mythiques qui avaient motivé leur projet. Des couleurs plein les yeux, ils vont traverser l’Afrique pour retrouver les rivages de l’Atlantique, au Sénégal.

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