Retour sur les nouveautés en chirurgie orthopédique exposées à San Diego

1 CICATRISATION DES FRACTURES : INTÉRÊT DE LA BONE MORPHOGENIC PROTEIN.

Cassio Ricardo Auada Ferrigno (université de Sao Paulo, Brésil) a étudié 33 chiens d’un poids inférieur à 6 kg, atteints de fractures distales du radius et de l’ulna. Lorsque le radius est stabilisé à l’aide d’une plaque vissée (^{voir photo} ci-dessous), l’union osseuse est en moyenne de quatre mois. Quand la bone morphogenic protein (BMP) est appliquée au site fracturaire, la cicatrisation ne dure en moyenne qu’un mois. Cette protéine est un facteur de croissance capable d’induire la formation d’os.

2 RUPTURE DU LIGAMENT CROISÉ ANTÉRIEUR : LA STÉRILISATION PRÉCOCE, UN FACTEUR FAVORISANT ?

Comme chaque année au congrès de l’ACVS, la rupture du ligament croisé antérieur a généré un nombre considérable de présentations. Brian Beale, chirurgien à la clinique Gulf Coast Veterinary Specialists (Houston, Texas), déconseille de sacrifier la partie intacte d’un ligament croisé antérieur partiellement rompu, dans la mesure où il est encore fonctionnel. Les chiens étudiés ne présentaient pas de signe du tiroir, mais l’arthroscopie révélait des fibres déchirées. L’étude objective à l’aide d’un plateau de force donne les mêmes résultats, avec ou sans débridement des fibres, à l’occasion d’une ostéotomie de nivellement du plateau tibial. Peter Boettcher (université de Leipzig, Allemagne) estime, pour sa part, que l’arthroscopie est plus sensible que l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour détecter les déchirures méniscales. Dans une étude chez quarante-deux chiens affectés de rupture du ligament croisé antérieur, la moitié des genoux présentent une déchirure du ménisque. Seulement 30 % sont confirmées par l’IRM.

Ross Palmer (université du Colorado) estime que la stérilisation précoce (avant six mois), en entraînant un retard de fermeture des plaques de croissance, peut conduire à un angle extrême du plateau tibial chez certains chiens. Il décrit ainsi le cas d’une série de chiens, âgés en moyenne de deux ans, dont l’angle est supérieur à 35°.

3 IMPLANTS EN TITANE : PAS DE PRÉVENTION DES INFECTIONS.

Les implants en titane sont parfois recommandés lors de fort risque d’infection. Cory Pinel (université du Minnesota) a montré que ni le titane ni l’acier inoxydable ne présentent d’activité antibactérienne vis-à-vis d’E. coli et du staphylocoque.

4 DYSPLASIE COXO-FÉMORALE : LA DÉNERVATION EST REMISE EN CAUSE.

Stéphanie Lister (université du Kansas) a étudié la dénervation coxo-fémorale chez dix chiens dans la lutte contre la douleur engendrée par la dysplasie de la hanche. L’utilisation d’un plateau de force révèle que l’intervention n’améliore guère la fonction du membre après trois mois chez la moitié des chiens.

5 OSTÉOTOMIE DE NIVELLEMENT DU PLATEAU TIBIAL : L’ORIGINE DE LA FRACTURE DU PÉRONÉ EST SOUVENT IATROGÈNE.

Jim Taylor (Veterinary Surgical Center, Virginie) a étudié le risque de fracture du péroné après la réalisation d’une ostéotomie de nivellement du plateau tibial chez 326 chiens. La fracture peut survenir après un traumatisme, mais elle est souvent iatrogène : lorsque le chirurgien fore un trou dans le tibia, le péroné peut être foré par inadvertance. Le risque de fracture est alors dix fois plus élevé. Un poids corporel important accroît encore ce risque (^{voir photo} ci-dessus).

6 CELLULES SOUCHES : UN FACTEUR DE CICATRISATION OSSEUSE PROMETTEUR.

Plusieurs études ont été consacrées aux cellules souches. Ces dernières ont la capacité de se différencier en de multiples types de cellules, selon les signaux moléculaires dans leur environnement. Ainsi, par l’addition de certains facteurs de croissance, il est possible de stimuler la transformation de ces cellules en ostéoblastes ou en chondroblastes. Selon les chercheurs, les cellules proviennent soit du tissu adipeux, soit de la moelle osseuse, mais de nombreuses autres sources ont été étudiées : périoste, peau, foie, etc.

7 ARTHROSE FÉLINE : LA RADIOGRAPHIE SOUS-ESTIME SON INCIDENCE.

Milagros Freire-Gonzalez (université de Caroline du Nord) a envisagé l’incidence de l’arthrose chez 100 chats. Des radiographies des membres et de la colonne vertébrale indiquent que 72 % d’entre eux présentent de l’arthrose dans au moins une articulation.

L’articulation la plus souvent affectée est le genou, puis la hanche. Plus de 40 % des chats sont atteints d’arthrose du rachis. L’analyse statistique montre que l’âge est la seule variable corrélée à l’incidence de l’arthrose.

Le même auteur poursuit sa recherche lors de l’autopsie de 8 chats âgés de plus de sept ans. Seuls le coude, la hanche, le grasset et le jarret sont étudiés, soit 64 articulations. D’après l’aspect radiographique, 48 % des articulations présentent de l’arthrose. Pourtant, 85 % révèlent des changements arthrosiques à l’autopsie. Il apparaît donc que la radiographie sous-estime fortement l’incidence de l’arthrose du chat.

8 PROTHÈSES TOTALES : LEUR INTÉRÊT SE CONFIRME.

La recherche se poursuit dans le domaine des prothèses articulaires, à commencer par la prothèse totale de hanche, cimentée ou non, y compris chez le petit chien, voire le chat. Les prothèses totales du genou et du coude continuent de faire parler d’elles. Ces options, de moins en moins considérées comme expérimentales, sont utiles, par exemple lors d’arthrose extrême (^{voir photo} ci-contre).