Quand médecines occidentale et traditionnelle jouent des coudes - La Semaine Vétérinaire n° 1347 du 13/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1347 du 13/02/2009

Pratique vétérinaire en Chine

Éclairage

INTERNATIONAL

Auteur(s) : Christina Lionnet

Les praticiens chinois recourent alternativement à la médecine traditionnelle ou occidentale. Mais la science chinoise a souvent du mal à s’imposer face aux traitements occidentaux, dont les effets sont jugés plus rapides.

Peu importe qu’un remède soit ancien ou nouveau, pourvu qu’il apporte la guérison ; peu importe qu’une théorie soit orientale ou occidentale, pourvu qu’elle se révèle vraie. » Le dicton du docteur acupuncteur Jen Hsou Lin, qui sert de maxime à la Société internationale d’acupuncture vétérinaire, basée aux Etats-Unis, a l’allure de l’évidence. Pourtant, au cours des siècles, médecins occidentaux et orientaux se sont souvent regardés “en chiens de faïence”. La coopération scientifique et la mondialisation ont heureusement permis aux sciences et aux remèdes de traverser les frontières, mettant la Chine et ses vétérinaires face à une alternative : de la médecine chinoise ou de celle de l’occident, laquelle choisir ?

Aux sources de la médecine traditionnelle

La médecine vétérinaire traditionnelle a pour atout une longue histoire, aussi ancienne que la domestication des animaux, soit au moins six mille ans. Si la découverte d’une aiguille dans un site néolithique semble prouver que l’acupuncture était utilisée dès cette époque, « c’est surtout l’emploi de couteaux métalliques et d’aiguilles en bronze pendant la dynastie Shang (XVIe au XIe siècle avant Jésus-Christ) qui a permis le développement de l’acupuncture vétérinaire », explique Liu Zhongjie, vétérinaire et professeur à l’université agricole de Pékin.

Les pratiques vétérinaires chinoises se sont développées sur les mêmes théories que celles de la médecine humaine, transposées pour les animaux. A la base de cette science se trouvent plusieurs principes dont deux servent en particulier de fondement à l’acupuncture : la théorie des substances vitales et la théorie des méridiens.

Parmi les premières figure le Qi, énergie vitale dont la bonne circulation assure l’équilibre du corps. Il coule le long de canaux circulatoires appelés méridiens. Ces derniers se croisent à certains points et émergent à la surface du corps à d’autres (points d’acupuncture), en se prolongeant loin dans les organes internes. Quand le flux d’énergie circule bien, le corps est en bonne santé. « La maladie ou le mal-être survient lorsqu’il y a un blocage, explique Yang Weiwei, vétérinaire à Pékin. Il faut alors faire en sorte de rétablir la bonne circulation. C’est pourquoi il convient de prendre en compte l’ensemble du corps et du flux qui l’anime. »

Les secrets de l’aiguille

Certains points d’acupuncture situés à la surface du corps permettent d’affecter plus directement la circulation interne du Qi. Des recherches ont permis de déterminer qu’ils se caractérisent par une densité de terminaisons nerveuses et de vaisseaux lymphatiques plus élevée que les autres tissus. Leur stimulation, notamment à l’aide d’aiguilles, permet de soulager des symptômes souvent situés sur une partie éloignée du corps. Des chercheurs ont montré que c’est notamment par les bêta-endorphines (qui agissent sur la douleur) ou encore les enképhalines (au pouvoir antalgique) que cette stimulation prend effet.

Le nombre de dysfonctionnements susceptibles d’être soulagés ou soignés par la médecine traditionnelle chinoise (acupuncture, mais également massages et prescription de remèdes par voie alimentaire) est important : douleurs musculaires, troubles intestinaux et urinaires, arthrite ou encore perte d’appétit, entre autres. « Nous utilisons la médecine traditionnelle pour traiter, par exemple, les hernies discales, reprend Yang Weiwei. Lorsqu’un disque pose problème, nous pouvons proposer, dans le cadre de la médecine occidentale, une opération qui consiste à l’enlever, puis à aider les os à se souder à l’aide d’une pièce de métal. Mais il s’agit là d’un traitement agressif qui abîme la physionomie naturelle du corps. La médecine chinoise, quant à elle, voit le déplacement du disque comme un facteur de blocage de la circulation de l’énergie. Elle utilise donc une médication qui aide le disque à revenir à sa place de lui-même, mais il faut pour cela deux ou trois mois. »

« Les techniques occidentales donnent souvent un résultat rapide en soignant spécifiquement le point touché par la maladie, mais elles ont plus d’effets secondaires, reprend-elle. Les techniques chinoises cherchent à soigner le mal en le traitant à la racine et en prenant en compte la totalité du corps. Elles ont moins d’effets secondaires, mais requièrent généralement plus de temps. » Certaines interventions, néanmoins, ont un effet immédiat et parfois spectaculaire. « Prenez le cas d’un chien qui ne parvient pas à uriner. En appliquant une aiguille au niveau du ventre, près du nombril, sur un certain point en contact avec le muscle qui contrôle la vessie, cela lui envoie un signal qui relâche la tension et provoque une miction immédiate. »

La formation en question

En Chine, dans bien des établissements, médecines occidentale et chinoise sont utilisées de manière complémentaire. Cependant, vraisemblablement en raison de ses effets plus rapides, la première a pris le pas sur la seconde dans de nombreux domaines, cantonnant souvent les pratiques traditionnelles aux cas où les remèdes occidentaux sont jugés moins probants, comme les dysfonctionnements nerveux, les paralysies du nerf sciatique, des maladies digestives chroniques, déplore Liu Zhongjie. Pourtant, elles semblent revenir en vogue. A Hong Kong, une clinique vétérinaire spécialisée dans la médecine chinoise a ainsi ouvert ses portes l’an passé. Mais pour répondre aux besoins, il faudra aussi augmenter l’offre. « La formation en médecine traditionnelle est souvent insuffisante et incomplète, poursuit le praticien. Dans bien des cas, l’enseignement est limité à la théorie et ne permet pas assez de pratique. Aujourd’hui, une ville comme Pékin compte trop peu de vétérinaires formés en médecine traditionnelle. C’est inquiétant. » Alors qu’elle revient en force en Occident, où elle fait de plus en plus d’adeptes, la médecine traditionnelle chinoise saura-t-elle, dans sa patrie d’origine, satisfaire les besoins d’une population en expansion : celle des animaux de compagnie ?

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