Qu’attendez-vous de l’Ordre national des vétérinaires ? - La Semaine Vétérinaire n° 1347 du 13/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1347 du 13/02/2009

Entre nous

FORUM

De la pédagogie, mais vers des confrères plus réceptifs

Philippe Crigel, praticien à Saints-Geosmes (Haute-Marne) en clientèle mixte.

Tous les représentants de la profession (ordinaux, syndicaux, techniques, etc.) rencontrent certainement les mêmes difficultés, liées au décalage qui se crée entre la réalité de leur tâche et l’image qu’en a le “vétérinaire de base”. Au niveau national, ils travaillent avec des enjeux, des lobbies, des législations (française, européenne) qui échappent souvent au praticien. Pour éviter d’être l’objet de critiques injustifiées, l’Ordre aurait donc intérêt à multiplier ses actions de communication vers sa base. Il devrait faire preuve d’une meilleure pédagogie.

Par ailleurs, nos élus considèrent souvent comme acquise leur faculté de nous représenter. Mais leur vision du métier reste personnelle. Des consultations plus régulières de l’ensemble des vétérinaires, y compris à l’échelle locale, permettraient d’avancer dans un sens qui convient à la majorité. Mais encore faut-il que les confrères jouent le jeu et répondent aux questionnaires… Nombreux sont ceux qui auraient à progresser dans ce sens. Je trouve en effet déplacé que des vétérinaires qui ne s’impliquent pas se plaignent ensuite des décisions prises. Il faut se rappeler que nos représentants assurent leur mission en plus de leur quotidien de praticien. Tout le monde n’est pas prêt à le faire. Nous sommes tous beaucoup pris par notre activité clinique. Chacun doit donc y mettre du sien : nos représentants pour s’expliquer et nous pour nous y intéresser.

Je pense enfin que l’Ordre a tout à gagner à travailler avec nos autres instances représentatives. Dans notre région par exemple, Ordre et syndicat ont bien lié leurs forces pour négocier un bon tarif pour la prophylaxie FCO.

Mieux représenter la diversité des activités

Julien Avon, praticien à Lamballe (Côtes-d’Armor) en élevage hors sol.

Pour celui qui débute dans la profession, l’Ordre est le « garant des bonnes pratiques du vétérinaire ». Pour ma part, il m’est cependant apparu lointain, voire poussiéreux, comme toutes nos institutions. A part pour la réception de mon caducée en début d’exercice, m’y intéresser ne me semblait pas important. Toutefois, avec la pratique, les changements et les nouvelles obligations réglementaires, l’Ordre est devenu une source d’informations majeure. L’image que j’en ai aujourd’hui n’est plus du tout celle que j’avais il y a quelques années… En effet, l’Ordre des vétérinaires est actif pour diffuser les informations. Ses représentants proposent régulièrement des réunions (pour préparer son évolution, pour son site Internet, etc.). Il s’adapte aux technologies modernes (en instaurant les cartes professionnelles à puce par exemple), ce que j’apprécie particulièrement.

J’attends essentiellement de lui qu’il protège le praticien et qu’il défende avant tout le statut particulier du vétérinaire : prescripteur et délivreur du médicament. Ces deux rôles sont pour moi le nerf de la guerre. Il faut alors un Ordre puissant, qui sache se faire entendre.

A l’avenir, je souhaiterais qu’il se diversifie davantage, afin d’être représentatif de l’ensemble de la profession. Le traditionnel praticien libéral canin est aujourd’hui une forte dominante dans notre métier. Mais l’Ordre se doit d’intégrer un plus large panel de confrères, en incluant ceux qui sont minoritaires dans leur type d’activité ou dont le statut est particulier (les salariés en production hors sol, par exemple). Un mouvement dans ce sens semble être en cours. Je souhaite qu’il se confirme.

Une communication accrue et plus large vers différents publics

Sophie Lemoine-Sarrazin, praticienne à Custines (Meurthe-et-Moselle) en clientèle canine.

J’attends d’abord de l’Ordre une refonte de notre Code de déontologie. Celui-ci pourrait être moins réducteur en termes de communication (signalisation, vitrine, etc.). Sans doute pourrait-il s’inspirer davantage des règles appliquées aux médecins, notamment sur le suivi des soins, qui est inenvisageable dans les petites structures. Sur ce point, pourquoi ne pas différencier cabinets et cliniques ? J’espère aussi une amélioration de la communication de l’Ordre, aussi bien vers les vétérinaires que vers le grand public et nos gouvernants. Ce défaut d’information nous donne l’impression que rien n’est fait. Au plan national, nous souffrons du peu de pouvoir de notre Ordre et notre image s’en trouve affectée. Le lobbying des pharmaciens devrait nous inspirer ! Comme le leur, notre Ordre pourrait être plus énergique dans notre défense contre les professions concurrentes, plutôt que de policer nos rapports entre confrères. Il me semble anormal, par exemple, de trouver des médicaments qui nécessitent une prescription en libre-service dans les pharmacies. Une meilleure répression de ces comportements serait souhaitable.

Dans notre pratique quotidienne, l’Ordre pourrait nous aider en encadrant beaucoup plus la concurrence tarifaire entre vétérinaires. Sans aller jusqu’à uniformiser les tarifs, faire un relevé annuel des prix, le communiquer à tous, et fixer des minima sur certains actes courants (par exemple sous forme de multiples du tarif de la consultation) serait une bonne chose. Cela éviterait la politique de prix d’appels que certains d’entre nous n’hésitent pas à mettre en place.

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