Les polluants organiques persistants sont traqués de la fourche à la fourchette - La Semaine Vétérinaire n° 1346 du 06/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1346 du 06/02/2009

Contaminants d’origine anthropique des produits avicoles

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Le risque de transfert vers les produits avicoles, notamment les composés chlorés, est avéré.

La dioxine appartient au groupe des polluants organiques persistants, ou POP. Ces substances organiques sont caractérisées par des propriétés qui leur confèrent une action toxique, une bioaccumulation potentielle, une stabilité dans les milieux et une propension à migrer vers des lieux éloignés, notamment par voie atmosphérique. La majorité des produits avicoles présente des teneurs en dioxines, furanes et poly-chloro-biphényls (PCB) bien inférieures aux limites réglementaires. « Toutefois, des enquêtes menées dans différents pays européens (Belgique, Suisse, Allemagne, Irlande, France, Suède, Royaume-Uni) révèlent une contamination par ces composés d’œufs de poules ayant accès à l’extérieur », a expliqué Catherine Jondreville, chercheur à l’Inra de Vandœuvre-lès-Nancy, à l’occasion des dernières Journées de la recherche avicole. « L’ingestion de sol et de pédofaune par les poules est avancée comme le principal facteur explicatif de la contamination des œufs. » Des enquêtes dans des élevages de type biologique, menées aux Pays-Bas et en Belgique, montrent que 13 % des œufs collectés dans 26 % des élevages examinés dépassent la limite réglementaire de teneurs en dioxines et en furanes, suggérant leur possible contamination, y compris dans des zones rurales a priori peu contaminées.

5 à 50 % des POP ingérés sont transférés vers l’œuf

Chez la poule, les œufs représentent une voie d’excrétion majeure des POP ingérés. « Selon les estimations, 5 à 50 % des dioxines, des furanes et des PCB ingérés sont transférés vers l’œuf, 7 à 54 % sont stockés dans le gras corporel et moins de 1 % dans le foie, indique la chercheuse. Souvent, la valeur de 25 % d’excrétion via les œufs est retenue. » Après l’absorption, dioxines, furanes et PCB sont déplacés vers le foie, puis distribués dans différents organes et tissus. Un modèle mathématique élaboré pour les dioxines et les furanes montre que la décontamination de l’œuf est biphasique, avec une phase rapide (demi-vie de deux jours et demi) et une phase lente (demi-vie de cinquante jours). Toutefois, des variations existent. Le transfert des dioxines, des furanes et de certains PCB vers l’œuf diminue lorsque leur degré de chloration augmente. Toute détérioration de l’intensité de ponte ou de l’indice de consommation contribue à augmenter la concentration des contaminants dans les produits consommables. Le gras corporel joue un rôle de stockage des POP de grande capacité. Ses cinétiques de contamination et de décontamination sont plus lentes que celles de l’œuf.

Contrairement à une autre catégorie de contaminants, les éléments traces métalliques (ETM), certains POP sont biotransformés par les organismes supérieurs (oiseaux, mammifères, etc.). Le mécanisme de détoxification consiste à transformer des molécules hydrophobes en molécules plus hydrophiles qui seront éliminées par voie urinaire. La plupart de ces transformations ont lieu dans les hépatocytes, même si le premier lieu de métabolisation est l’entérocyte. Cette biotransformation explique le faible transfert des non dioxin-like PCB 52 et 101 vers l’œuf. Grâce aux données disponibles et aux modèles développés, il est possible d’estimer la contamination des produits avicoles par les dioxines, les furanes et les PCB. En revanche, aucune donnée ne permet de statuer sur une contamination possible des produits avicoles par les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).

Il est admis que 10 % de la quantité de matière sèche consommée par les poules pondeuses élevées en plein air est représentée par du sol. Elles peuvent ingérer des granulés contenant jusqu’à 30 % de sable, sans modifications de leurs performances, grâce à l’ajustement des quantités absorbées. Les lombrics sont capables d’accumuler les dioxines jusqu’à des niveaux qui atteignent cinq fois la concentration du sol. Le temps de séjour des poules à l’extérieur, la densité d’élevage, le déséquilibre alimentaire protéique et minéral sont autant de facteurs d’élevage susceptibles de modifier la quantité de sol ou de pédofaune volontairement ingérée par les poules, donc la contamination des œufs. Toutefois, ces derniers contribuent pour 3 % à l’exposition de chaque individu aux dioxines, furanes et dioxin-like PCB (voir graphique). Entre 2000 et 2006, l’exposition moyenne due aux œufs a diminué de 87,5 %, celle de l’ensemble des aliments de 60 %(1).

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr