La Seevad aura à cœur d’établir une passerelle entre la recherche et le travail de terrain

La nouvelle Société européenne d’éthologie vétérinaire des animaux domestiques (Seevad) a été présentée le 29 janvier dernier dans les locaux de Centravet, à Maisons-Alfort. Plus de quatre-vingts vétérinaires, étudiants vétérinaires et … éthologues ont assisté à cette soirée en faveur du dialogue entre “vétos” et “éthos”qui célèbre la naissance d’un concept novateur : l’éthologie vétérinaire.

L’éthologie et le monde vétérinaire du comportement sont deux univers scientifiques qui se côtoient encore peu. La Seevad sera désormais l’interface pour mutualiser leurs apports réciproques dans l’étude du comportement des animaux domestiques. Ses membres fondateurs sont des vétérinaires comportementalistes : Isabelle Vieira, Alain Weiss, Monique Bourdin, Thierry Bedossa et Anne-Claire Chappuis-Gagnon. Leur approche commune doit beaucoup aux travaux de Bertrand Deputte, directeur de recherche au CNRS qui est par ailleurs, depuis 2002, professeur d’éthologie à l’école d’Alfort. Il a appuyé l’initiative et accepté d’en être à la fois le membre d’honneur et le directeur scientifique. Comme il l’a défini lui-même, l’éthologie est l’étude objective de la biologie du comportement, c’est-à-dire avant tout une discipline scientifique. Si elle en est encore à ses débuts vis-à-vis de l’animal de compagnie, elle entend se distinguer des données empiriques et des affirmations mal étayées. En ce sens, Bertrand Deputte a plaidé en faveur d’un esprit critique pour évaluer la validité des travaux scientifiques.

La Seevad s’inscrit dans une démarche d’ouverture

L’éthologie peut donc fournir au clinicien le socle de connaissances fiables qui lui manque, mais elle bouleverse également l’approche des troubles comportementaux de l’animal. A la différence de la zoopsychopathologie, l’éthologie vétérinaire ne parle pas de maladie comportementale, mais considère que les troubles ou les comportements gênants sont majoritairement le fait de milieux contraignants vis-à-vis desquels l’animal n’a pas développé de capacités adaptatives. Il s’agit donc d’animaux normaux (non malades), mais en souffrance comportementale. La responsabilité environnementale et humaine est ici davantage prise en compte dans les hypothèses diagnostiques et le “traitement”.

La Seevad se présente comme une alternative à l’école zoopsychiatrique, “dominante” en France. Isabelle Vieira qui, comme Monique Bourdin, en a été une ambassadrice, résume son revirement avec humour : « C’est parmi les anciens enfants de chœur que l’on trouve les plus fervents anticléricaux. » La controverse montre que la discipline n’a pas encore atteint sa maturité, mais elle est aussi stimulante. Une ère prometteuse s’ouvre à la profession. A cet égard, la Seevad s’inscrit dans une démarche d’ouverture à l’égard de tous les acteurs du comportement animal, en France et en Europe, visant une meilleure harmonisation des savoirs etdulangage. Comme l’a rappelé Thierry Bedossa, le vétérinaire, de plus en plus sollicité sur ces questions, reste l’interlocuteur privilégié du terrain. Sa position d’observateur de l’animal de compagnie, durant toute sa vie, lui fournit le recul et le temps pour s’impliquer dans une prise en charge globale (pas forcément médicalisée) de son comportement.

Le nombre important d’étudiants présents à cette soirée indique une nette sensibilité des futurs praticiens à ces sujets et l’avènement d’un nouveau courant ne peut qu’encourager la tendance.

• Renseignements : Seevad, 44 rue de la Gare, 77130 Varennes-sur-Seine, tél. : 06 07 22 31 08.