La prise en charge des colites ou entérocolites doit être rapide - La Semaine Vétérinaire n° 1346 du 06/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1346 du 06/02/2009

Inflammation du cæcum ou du côlon

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Les pertes en eau et les déséquilibres électrolytiques peuvent conduire à la mort en quelques heures. Ces affections sont donc à considérer comme des urgences absolues.

La colite aiguë chez le cheval fait référence à l’inflammation du cæcum (typhlite) ou du côlon (colite) avec l’implication ou non du petit intestin (entérite) et l’apparition rapide d’une diarrhée chez les adultes et les foals. Le gros intestin, en particulier le cæcum, héberge une grande quantité de bactéries Gram négatif et leurs endotoxines auxquelles le cheval est particulièrement sensible. Le gros intestin présente en outre des taux élevés de prostaglandines et de granulocytes, responsables d’une réponse inflammatoire intense dans le tube digestif lors de lésions de la muqueuse.

La colite aiguë associée à une diarrhée a une incidence sporadique. Elle se caractérise par une séquestration des fluides dans la lumière intestinale, des coliques modérées à sévères et une diarrhée profuse avec, pour conséquences, endotoxémie, leucopénie et hypovolémie. Cette affection atteint les chevaux de tout âge, elle est d’apparition soudaine et d’évolution rapide, souvent précédée d’un événement stressant. Le diagnostic étiologique n’est établi que dans 30 à 50 % des cas.

Une urgence absolue en raison de la déshydratation et de l’hypovolémie aiguë

Cette diarrhée associée à une colite aiguë est la conséquence d’une perte anormale de fluides et d’électrolytes à travers la muqueuse du gros intestin, lors de processus de malabsorption ou d’hypersécrétion (ou les deux associés) qui induisent une sévère déshydratation puis la mort du sujet.

Cliniquement, le cheval présente une dépression sévère, de l’anorexie, de la fièvre, de la tachycardie, des muqueuses sèches et rouge brique, un temps de recoloration capillaire augmenté, des coliques, le plus souvent une diarrhée aqueuse, profuse, souvent nauséabonde, et parfois une distension abdominale progressive.

Cette affection doit être considérée comme une urgence absolue, en raison de la déshydratation et de l’hypovolémie aiguë et dramatique qu’elle engendre.

L’anamnèse fait souvent état, dans les jours qui précèdent, de traitements antibiotiques, antiparasitaires, anti-inflammatoires non stéroïdiens, de transition alimentaire brutale, de parasitisme sous-jacent ou d’un événement source de stress (voyage, sevrage, etc.).

Plusieurs causes sont à rechercher en priorité

Certaines causes doivent être recherchées prioritairement pour le cheval malade, mais également pour le risque de contagion et de contamination aux congénères. C’est notamment le cas pour la salmonellose qui représente, en outre, un risque de zoonose. L’excrétion de cette bactérie étant intermittente, il conviendra de réaliser des prélèvements (trois pour la technique PCR ou cinq en culture microbienne) à vingt-quatre heures d’intervalle pour la mettre en évidence.

La Potomac Horse Fever due à Neorickettsia risticii (Ehrlichia risticii) est répandue aux Etats-Unis et au Canada, mais aussi en Europe, avec une incidence accrue à proximité des étangs et des cours d’eau. Clostridium difficile et Clostridium perfringens sont impliqués dans les colites des juments dont les poulains sont traités contre la rhodococcose avec de l’érythromycine associée à la rifampicine, mais également chez des chevaux qui n’ont reçu aucun traitement antimicrobien. Certains parasites intestinaux tels que les cyathostomes ou les grands strongles peuvent jouer un rôle dans le déclenchement de cette affection. Mieux vaut ne pas l’oublier, à l’heure où les résistances aux anthelminthiques font leur apparition.

Déséquilibres électrolytiques, pertes de fluides, endotoxémie, septicémie

Quelle que soit l’étiologie, le traitement doit pallier les déséquilibres électrolytiques et les pertes de fluides, gérer l’endotoxémie et la septicémie. Exception faite de la Potomac Horse Fever qui répond spécifiquement aux tétracyclines, le traitement n’est pas étiologique, mais symptomatique et de support : il repose sur les perfusions intensives, les analgésiques, les anti- inflammatoires, les thérapeutiques anti-endotoxémique et antimicrobienne et, s’il est indiqué, sur un support nutritionnel. La fluidothérapie intraveineuse à base de solutions polyioniques (de type Ringer lactate) est à mettre en place immédiatement. La quantité totale de fluides à administrer prend en compte le degré de déshydratation, les pertes (diarrhée) et les besoins de maintenance. Un cheval peut nécessiter plus de 50 l, à perfuser en moins de douze heures au rythme de 6 à 10 l/h, puis le rythme d’administration sera adapté. Il peut atteindre 120 ml/kg/j, des mesures répétées de l’hématocrite seront alors utiles. Certains chevaux déshydratés et en déséquilibres électrolytiques veulent boire spontanément. Il est donc possible de leur proposer de l’eau fraîche additionnée de différents ions (chlorure de sodium, de potassium). Ceux qui souffrent de colite aiguë présentent souvent une hypoprotéinémie marquée (pertes protéiques par la barrière intestinale lésée et enflammée). L’administration de plasma frais ou récemment congelé est idéale pour restaurer la pression oncotique, associée ou non à des fluides de type colloïde synthétique. Le plasma est notamment intéressant pour les chevaux atteints de troubles de la coagulation, qui présentent en outre un risque élevé de fourbure, de thombophlébite, de coagulation intravasculaire disséminée et de syndrome de réponse inflammatoire systémique en raison de l’absorption massive d’endotoxines. Les deux objectifs du traitement de l’endotoxémie sont la neutralisation des endotoxines et la prévention de leurs effets délétères via l’utilisation d’un anti-inflammatoire non stéroïdien. La douleur abdominale sera aussi contrôlée à l’aide d’AINS. Le butorphanol, associé (ounon) à un α2 agoniste à doses réduites, a peu d’effets sur la mobilité intestinale, mais peut induire une bonne analgésie chez certains chevaux.

Des études récentes suggèrent que ces chevaux sont en phase de bactériémie. A ce titre, une thérapeutique antimicrobienne à large spectre se justifie : elle associe par exemple la pénicilline à la gentamicine. Le traitement peut être complété par l’administration de charbon et de pansements digestifs. En outre, il convient de considérer les besoins nutritionnels de ces chevaux, souvent anorexiques avec des pertes protéiques massives. Une nutrition parentérale est indiquée chez ceux qui ne mangent pas. Le pronostic est d’ailleurs meilleur chez les animaux qui continuent de s’alimenter.

  • Source : P.A. Wilkins : « Colitis and enterocolitis », conférence présentée lors du congrès Care of the hospitalised horse, British racing School, Newmarket, 10 et 11/11/2008.

Anomalies lors d’entérocolite

• Elévation de l’hématocrite

• Normoprotéinémie à hypoprotéinémie

• Acidose métabolique

• Hyperlactatémie

• Hyponatrémie

• Hypochlorémie

• Hypokaliémie

• Hypocalcémie

• Leucopénie sévère

• Présence de neutrophiles toxiques

• Lymphopénie

• Urémie

• Troubles de la coagulation.

S. P.-J.
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