La castration par voie scrotale des rongeurs peut entraîner des complications - La Semaine Vétérinaire n° 1346 du 06/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1346 du 06/02/2009

Stérilisation des rongeurs

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Emmanuel Risi*, Julien Goin**, Sylvain Larrat***

Fonctions :
*praticiens au centre hospitalier vétérinaire Atlantia, à Nantes (Loire-Atlantique)
**praticiens au centre hospitalier vétérinaire Atlantia, à Nantes (Loire-Atlantique)
***praticiens au centre hospitalier vétérinaire Atlantia, à Nantes (Loire-Atlantique)

Deux cobayes sont présentés en consultation pour des tuméfactions consécutives à une stérilisation réalisée par voie scrotale.

Deux cobayes mâles sont référés en consultation spécialisée pour les nouveaux animaux de compagnie (NAC) en raison de tuméfactions – l’une de la région inguinale, l’autre de la région scrotale – apparues à la suite d’une castration par voie scrotale. La lésion concerne le côté droit chez le premier cobaye, elle est bilatérale chez le second. L’examen clinique révèle la présence d’une masse ronde d’environ 2 cm, de consistance ferme, localisée en région scrotale (cobaye 1) et inguinale (cobaye 2). La palpation de cette masse se révèle douloureuse. Dans le cas du premier cobaye, une fistule périanale est présente, associée à un écoulement de nature séro-hémorragique en petite quantité. L’état général est bon et l’appétit est conservé. Chez le second, l’état général est altéré et la radiographie montre la présence d’un iléus cæcal. Pour les deux rongeurs, l’hypothèse retenue est un abcès de la bourse scrotale, éventuellement associé à une hernie inguinale.

Parmi les complications observées figurent des hernies, des fistules et des abcès

Une intervention chirurgicale est envisagée. Les cobayes ne sont pas mis à la diète afin d’éviter les risques d’hypoglycémie et d’iléus digestif. L’induction de l’anesthésie est réalisée au masque à l’isoflurane à 5 %, puis l’entretien est assuré à une concentration de 2 %. L’analgésie est gérée à l’aide de butorphanol (0,5 mg/kg, par voie sous-cutanée, vingt minutes avant l’induction). L’animal est placé en décubitus dorsal sur un tapis chauffant, afin de limiter les risques d’hypothermie. Le scrotum, la région ante-pubienne et la région abdominale ventrale sont préparés chirurgicalement. Le monitorage anesthésique est assuré par électrocardiographie. Une incision longitudinale du scrotum et de la région inguinale est réalisée, ainsi qu’une dissection des tissus mous sous-jacents. Chez le premiercobaye, l’examen révèle un tissu conjonctif fortement remanié, non abcédé et associé à une hernie inguinale d’un organe abdominal non identifiable directement. Une laparotomie par la ligne blanche est effectuée pour déterminer la nature de l’organe hernié et un taxis manuel permet de faire migrer la partie herniée dans la cavité abdominale via l’anneau inguinal. L’organe hernié est identifié, il s’agit de la vésicule séminale droite, glande sexuelle physiologiquement volumineuse chez le cobaye mâle (voir photo 1). Afin d’éviter les récidives, l’exérèse des deux vésicules séminales est faite, puis les deux sites d’incision sont suturés (voir photo 2). L’exérèse de la fistule périanale est réalisée avant une suture cutanée (voir photo 3). Chez le second cobaye, l’examen après une laparotomie révèle la présence d’une hernie du pôle cranial de la vessie à gauche (voir photo 4) et de deux abcès bilatéraux associés à une funiculite (voir photo 5). La vessie herniée est replacée dans la cavité péritonéale et les abcès retirés en masse. Le diamètre des canaux inguinaux est réduit par une suture partiellement oblitérante.

L’iléus digestif est traité avec un anti-inflammatoire non stéroïdien

Les animaux sont laissés sous oxygène à 100 % au masque et sur un tapis chauffant jusqu’à leur réveil.

Une fluidothérapie est assurée par deux injections sous-cutanées au niveau des flancs de 15 ml de soluté de Ringer lactate préalablement tiédi. Une injection d’antibiotique (enrofloxacine, Baytril®, à raison de 10 mg/kg par voie sous-cutanée) et d’anti-inflammatoire (méloxicam, Metacam®, à la dose de 0,3 mg/kg par voie sous-cutanée) est réalisée.

Le premier cobaye retrouve une activité et un appétit normaux le soir même et est rendu à son propriétaire le lendemain, avec une poursuite de l’antibiothérapie pendant dix jours et du traitement anti-inflammatoire durant cinq jours.

Le second cobaye reste trois jours en hospitalisation, en raison de l’iléus digestif, traité médicalement par l’administration de méloxicam (Metacam®, à la dose de 0,3 mg/kg/j per os), de métoclopramide (Primperid®, à raison de 1 mg/kg/j en trois prises per os) et de gavages (Oxbow Critical Care Herbivores®, per os). Un contrôle clinique et un retrait des sutures sont réalisés dix jours après l’intervention.

La castration par voie abdominale est simple et présente de nombreux avantages

Chez les rongeurs et les lagomorphes, les testicules peuvent passer d’une position scrotale à une position abdominale, en raison du diamètre important de l’anneau inguinal. Ainsi, plusieurs voies d’abord peuvent être envisagées dans le cadre d’une castration chez le mâle, notamment les voies abdominale, inguinale ou scrotale. Lors de castration par voie scrotale, plusieurs recommandations doivent être respectées en vue d’un résultat postchirurgical satisfaisant. Il convient en premier lieu de procéder à une ligature de l’anneau inguinal superficiel après l’ablation du testicule. Du fait de sa largeur importante, le canal inguinal peut devenir le lieu de hernie de viscères abdominaux après la castration à testicule découvert. Il faut par ailleurs veiller à l’hygiène correcte de la litière du lieu de vie de ces animaux durant le temps de cicatrisation, afin de prévenir toute infection et abcédation ultérieure. Les complications observées dans les deux cas décrits n’apparaissent pas lors de chirurgie par voie abdominale. Il s’agit d’une technique simple et rapide, qui présente certains avantages par rapport à la voie scrotale (voir encadré en page 42). Elle réduit le risque d’éventration, car elle se fait à testicule couvert. Au contraire, lors d’un abord scrotal, la vaginale est incisée. Elle doit alors obligatoirement être suturée pour éviter les risques d’éventration à travers l’anneau inguinal, particulièrement large chez les rongeurs (la castration à testicule découvert sans suture de la vaginale et à proscrire). La laparotomie par la ligne blanche permet de visualiser et d’extraire les testicules repoussés manuellement dans la cavité abdominale via le canal inguinal. La castration est ensuite réalisée, après l’identificationet la ligature du cordon spermatique et du cône vasculaire. Les sutures abdominale et cutanée sont classiques.

  • Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1286 du 12/10/2007 en page 46.

Les avantages de la voie abdominale

Lors de castration d’un rongeur, l’utilisation de la voie abdominale présente cinq avantages majeurs par rapport à la voie scrotale :

– réduction des risques d’éventration postopératoire (aucune incision de la vaginale, laissée intacte) ;

– réduction de la macération et des frottements de la cicatrice contre la litière ;

– réduction de l’émission d’urine sur la cicatrice ;

– réduction des risques d’infection, du prurit et léchage de la cicatrice ;

– réduction du temps opératoire et des risques anesthésiques.

E. R., J. G., S. L.

Physiologie de la reproduction chez le cobaye

• Saison sexuelle : toute l’année.

• Nombre de mamelles : 2.

• Maturité sexuelle : 10 semaines chez les mâles (tentatives d’accouplement dès 1 mois) et 6 semaines chez les femelles.

• Première portée nécessaire avant 8 mois (soudure de la symphyse pubienne).

• Durée du cycle : 15 à 17 jours, polyœstrien.

• Œstrus : 6 à 11 heures.

• Ovulation : spontanée.

• Gestation : 59 à 72 jours (moyenne de 68 jours).

• Œstrus post-partum : 10 à 48 heures après la mise bas (possible dès 2 heures).

• Arrêt de la fécondité : 4 à 5 ans chez les femelles (pic de fécondité entre 3 et 20 mois).

• Taille de la portée : 1 à 13 petits (2 à 4 en moyenne).

• Poids à la naissance : 45 à 115 g (moyenne de 70 à 110 g).

• Sevrage : 2 à 4 semaines (ou 180 g).

• Comportement des nouveau-nés : nidifuges, yeux ouverts (ouverture à la naissance), présence de dents et de poils. Pas d’agression de la part de congénères. Adoption par une autre mère en lactation possible.

• Nombre de portées par an : 2 à 5.

E. R., J. G., S. L.
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