Des problématiques françaises et namibiennes similaires - La Semaine Vétérinaire n° 1346 du 06/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1346 du 06/02/2009

Aspects économiques, sociaux et écologiques

Éclairage

UNE JOURNÉE AVEC…

Auteur(s) : Véronique Luddeni*, Pierre Schropff**

Côté français

• Leviers économiques

Les grands prédateurs sont éliminés depuis toujours pour des raisons territoriales et expansionnistes. Tout d’abord, il faut des pâturages pour les troupeaux, et préserver l’espace dédié à l’homme. Ces terres sont alors conquises au fusil au détriment des prédateurs. Ensuite, la préservation du cheptel s’impose. Chaque loup abattu représente une forme de capitalisation sur le moyen terme, car le revenu de l’éleveur est ainsi “épargné”. Le massacre des loups est doublement rémunérateur : par l’épargne sur le cheptel et par les primes à l’abattage, et ce depuis le Moyen Age… Aujourd’hui, le clivage est toujours aussi manichéen. L’homme veut régner en maître sur son environnement.

• Leviers sociaux

Le métier d’éleveur en montagne compte parmi les plus durs. Pourtant, ils n’ont pas le sentiment d’être reconnus. La difficulté de la tâche de l’élevage extensif tel qu’il est pratiqué dans les Alpes méridionales reste invisible aux yeux du grand public, contrairement à l’élevage intensif où tous les acteurs sont identifiables. Les éleveurs, qui subissent une politique européenne parfois opaque, doivent en outre s’adapter au retour du prédateur de légende, protégé par la convention de Berne : le loup. Leurs cris de détresse ne peuvent être perçus positivement du grand public, pour qui le berger anti-loup est synonyme de berger anti-nature. Pour palier les dégâts des loups, les gouvernements ont mis en place des indemnisations financières qui viennent conforter le sentiment du public : « L’éleveur est un assisté profiteur ! » Là aussi, que de clichés à combattre ! Rien n’est simple dans cette problématique, chacun doit écouter, comprendre la position de l’autre et réfléchir en termes d’équilibre et de biotope.

• Leviers écologiques

D’un point de vue historique, les loups étaient là les premiers. Mais avant leur retour, certains problèmes existaient déjà, même si leur impact était moindre, comme les croisements inattendus entre le mouflon et le mouton, à l’origine notamment de problèmes de stérilité ou génétiques. Il est également avéré qu’un seul loup fait plus de dégâts sur le cheptel domestique qu’une meute organisée et hiérarchisée, capable de s’attaquer aux ongulés sauvages en éliminant les plus faibles, selon la loi universelle de la préservation des espèces par le respect d’une chaîne alimentaire naturelle. Les attaques de loups, proportionnellement plus nombreuses aujourd’hui, font donc plus de dégâts que la prédation du chien. Même si les attaques de chiens existent, elles sont peut-être mieux acceptées, car seul l’homme est responsable de ces errances. Le loup cristallise l’ensemble des problèmes de l’élevage ovin français. Son retour a permis d’identifier un coupable, alors qu’il aide aussi au rééquilibre écologique. Les éleveurs extensifs doivent composer avec cette présence et changer leurs modes de fonctionnement.

Côté namibien

• Leviers économiques

Toutes les grandes fermes, en particulier celles établies au périmètre du parc d’Etosha, subissent des attaques de lions ou de guépards. Depuis toujours, les fermiers chassent ces prédateurs, jusqu'à leur quasi-extinction. Depuis l’indépendance en 1988, l’abattage des animaux endémiques et protégés est interdit. Mais dans les Game Reserves, des chasses “aux trophées” sont quotidiennement organisées et permettent de vendre ce privilège à de riches touristes en mal d’émotions fortes. Longtemps, la devise « one lion, one price » (un lion, un prix) sera d’actualité, malgré les interdictions internationales. Cette maxime pourrait être déclinée à l’infini (éléphants, rhinocéros, etc.). Toutefois, l’Etat essaie de réguler ces excès, car il a compris l’enjeu économique et touristique de la présence des grands prédateurs sur son sol.

• Leviers sociaux

L’élevage bovin namibien peut être comparé à l’élevage argentin. C’est dire la place qu’il tient dans l’économie du pays. Depuis l’accession à l’indépendance de la Namibie, certaines terres ont été redistribuées aux populations noires, mais le compte n’y est pas. Toutes les fermes “industrielles” (donc économiquement bénéficiaires) sont restées “blanches”. L’ascension sociale des nouveaux fermiers noirs reste une image qui ne colle pas à la réalité.

Le succès social des grands fermiers namibiens réside dans une migration progressive de l’activité des fermes blanches vers une forme de plus en plus touristique (Lodge, Game drive), aux dépens des fermes noires qui, faute de réels moyens financiers, ne peuvent lutter efficacement contre les dégâts causés par les grands prédateurs. La “tuerie” se poursuit jusqu’à l’apparition de plusieurs fondations de préservation de la faune sauvage (CCF, Afri-Léo, Trust the Rhino, etc.) qui créent, avec des fonds privés, des programmes de réhabilitation et de conciliation entre faune sauvage et élevage domestique. Ces programmes sont mis en application en priorité dans les fermes économiquement faibles ou exposées.

• Leviers écologiques

Le problème écologique en Namibie est à la fois plus simple et plus compliqué qu’en France, car l’acceptation écologique implique au préalable un changement de culture économique. Les Namibiens vivent de facto en relation étroite, plus ou moins bien acceptée, avec la faune sauvage. Mais cela ne suffit pas à résoudre le problème. Ce serait nier les facteurs économiques et sociaux évoqués. Une amorce de solution passe par l’instauration, peut-être au plus haut niveau de l’Etat, de programmes de développement éducatif adaptés. C’est l’une des actions du CCF : développer la synchronisation des naissances au sein d’un même cheptel, initier un programme d’éducation de chiens de protection, etc. En outre, il teste des solutions nouvelles, toujours en partenariat avec les éleveurs, pour une meilleure efficacité des barrières défensives. Ces dernières favorisent la protection des troupeaux et la circulation des prédateurs par l’établissement de couloirs et de trappes de passage indépendantes des enclos.

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