L’enseignement vétérinaire reste un réel atout

La formation vétérinaire est à l’interface entre plusieurs disciplines qui m’ont toutes servi par la suite. Cet aspect éclectique et généraliste des études est un atout pour un certain nombre de carrières », témoigne Michel Thérin. A la polyvalence, vantée également par tous les “autres” vétérinaires, il faut ajouter une « formation de l’esprit structurée et pragmatique », comme l’explique Guy Potier : « Nous sommes initiés à faire un état des lieux, à réfléchir de façon pratique, à essayer un traitement. » Si la classe préparatoire nous a appris à apprendre, l’école apprend à raisonner et à aborder les problèmes.

Mélange de connaissance, d’expérience et d’instinct, « ce sens diagnostique que l’on nous enseigne s’applique à d’autres champs que la médecine, au business notamment », souligne Guillaume Gauthereau. Ainsi, « les vétérinaires sont adaptables partout où ils se placent. Ils savent travailler, parler, écrire, analyser. Ils ont acquis la capacité de présenter les choses de manière construite et intelligible », estime Jacques Sauret.

Un cursus qui prépare mal au monde de l’entreprise

Mais notre formation, notent certains, a aussi les défauts de ses qualités. « Elle est essentiellement causale et peu systémique », regrette Arnaud Greth. Se focaliser sur l’enchaînement des causes et des effets (les symptômes) n’encourage pas à la compréhension globale des systèmes que prône l’écologie ou l’économie du développement. « L’avantage du vétérinaire, c’est d’être quelqu’un de concret. L’inconvénient du vétérinaire, c’est… la même chose », plaisante notre confrère Dominique Rojat, économiste, qui travaille aujourd’hui à l’Agence française du développement (AFD). Il témoigne que, dans le milieu du développement, “l’activisme” des vétérinaires est parfois mal perçu.

Les “autres” estiment également que les écoles vétérinaires gagneraient à combler certains manques. « On n’y parle pas assez de l’opportunité de faire des études complémentaires », déplore Olivier Piazza, aujourd’hui conseiller en développement personnel. « On n’y prépare pas non plus assez au fonctionnement du monde de l’entreprise », estiment quant à eux Michel Thérin et Guillaume Gauthereau. De son côté, Arnaud Greth s’étonne qu’une profession aussi proche de la nature n’ait pas accordé dans son cursus de réelle place à l’écologie et à la faune sauvage.

Tous ces parcours originaux confirment que rien n’est jamais joué à la sortie des écoles. « Les études vétérinaires ont été pour moi le premier étage de la fusée », résume Dominique Rojat. « Il est surtout important de croire dans ce qu’on a envie de faire et de poursuivre cet objectif sans se mettre de barrières parce qu’on est vétérinaire », conclut Guillaume Gauthereau.