Célia et Guillaume cohabitent avec les lamas chez les éleveurs quechuas

En remontant au nord du Chili, à travers le désert le plus aride du monde, l’Atacama, Célia et Guillaume Keravec, respectivement agronome et vétérinaire, débarquent à la frontière péruvienne et découvrent une tout autre ambiance : place aux bus bondés et aux rythmes salsa ! A Arequipa, la jolie “ville blanche”, ils commencent leur acclimatation en vue de leur expérience andine. Cette fois, les choses sont plus simples. Annie et Daniel, un couple franco-péruvien rencontré avant le voyage, ont fait jouer leurs contacts et leur ont trouvé un élevage de lamas, typique de l’altiplano.

Ici, pour éviter le terrible mal des montagnes, il faut faire des paliers et, après ces trois premiers jours à 2 500 m, le couple s’arrête deux autres jours dans la vallée de Colca, à 3 500 m. En se promenant parmi ses magnifiques terrasses millénaires qui surplombent la rivière de plus de 500 m, ils découvrent ce territoire escarpé où l’âne est roi… ou plutôt esclave. Ces pauvres burros transportent sans arrêt leurs 80 kg de pommes de terre ou de maïs multicolore. Le lendemain, ils étaient prêts à gravir à pied les 1 000 m les séparant de la ferme du señor Jaíme.

Un cadre magnifique, mais aussi rustique

Suivant péniblement l’âne chargé de leur sac, ils découvrent au lever du soleil un paysage incroyable, mais sont aussi confrontés aux difficultés de la randonnée à cette altitude. Une fois reposés et après la rituelle infusion de feuilles de coca pour calmer les petites migraines, Jaíme leur fait découvrir sa pamparasi. Si bien intégré dans le paysage, cet ensemble de cabanes coiffées de chaume et d’enclos ancestraux en pierres sèches leur offre l’un des plus beaux cadres depuis le début de leur périple. Mais c’est aussi l’un des plus rustiques et, le soir venu, le maigre foyer alimenté au crottin de lama enfume plus la cabane qu’il ne la réchauffe. Couchés sur leurs peaux de bêtes, Célia et Guillaume doivent s’organiser pour se protéger des courants d’air glacés.

Heureusement, dès le petit matin, le soleil réchauffe rapidement l’atmosphère et, rassasiés d’une soupe de quinoa, ils sortent le troupeau des enclos.

Toute la journée, ils joueront les bergers en menant les bêtes des pâturages secs aux prairies humides. Tâche difficile quand les soixante-dix lamas cherchent toujours à monter, que les cent cinquante alpagas jouent les traînards et que les cent trente moutons, fidèles à eux-mêmes, se précipitent dans la bonne comme dans la mauvaise direction…

A chaque espèce son type de laine

Le couple apprend ainsi à différencier ces étranges espèces laineuses. L’alpaga, dont la fourrure est si prisée de par le monde, produit 3 à 4 kg par an d’une laine douce, utilisée pour des vêtements de luxe. Le “suri”, sous-espèce d’alpaga, donne une laine si fine qu’elle se compacte en d’innombrables dreadlocks lui donnant un sympathiqueair“rasta”.

Le lama, plus haut sur pattes, produit une laine moins abondante, moins douce, mais d’une grande résistance. Elle est utilisée pour les cordages et les outils, comme l’indispensable fronde du berger quechua. Bien adapté à cette altitude, le lama est aussi l’ancestral animal de charge.

Enfin, le mouton, apport européen dans cette hétéroclite bergerie, reste l’animal qui fournit la laine la plus isolante. Même si elle se vend moins cher, elle reste utile pour confectionner les couvertures et autres vêtements chauds.

Veillées au feu de bois et au son de l’harmonica

De retour à la tombée de la nuit, avec leur troupeau, ils retrouvent José, le voisin qui ne parle que quechua. Sa petite association avec Jaíme leur permet de descendre à tour de rôle en ville pour retrouver la famille, vendre leurs marchandises et se ravitailler.

A cette heure, comme au Kirghizstan et en Mongolie, les chiens qui se sont reposés toute la journée au soleil prennent le relais pour protéger le troupeau des différents prédateurs, pumas et autres gloutons. Le soir, Jaíme, tout sourire, leur livre ses secrets de berger quechua, en faisant crépiter le maïs, pendant que le couple, ratatiné pour garder la tête sous le niveau de la fumée, lui joue quelques airs d’harmonica. Après ces quelques jours hors du temps, Célia et Guillaume Keravec doivent retourner vers la civilisation et, parfaitement acclimatés, ils avalent facilement la longue descente pour aller se plonger dans les relaxantes sources thermales de Yanque. A peine remis de cette nouvelle expérience, les voilà déjà repartis vers une autre destination, la vallée sacrée de Cusco et son célèbre Machu Picchu. Hasta la proxima…