Un exercice grandeur nature teste le dispositif de lutte contre la peste porcine dans le Perche

Pour tester son plan départemental contre les épizooties majeures, la Direction des services vétérinaires (DSV) d’Eure-et-Loir a organisé un exercice de simulation grandeur nature dans un centre d’insémination artificielle, fin novembre dernier. « La dissémination du sperme peut faire des dégâts dans des dizaines d’élevages, expliquent ses responsables. C’est un scénario catastrophe. » Ce centre d’insémination du Perche étant situé à proximité du département voisin de l’Orne, l’exercice devait donc mobiliser tous les moyens disponibles dans les deux départements, voire dans le Loir-et-Cher, où un élevage était censé avoir été touché.

Le matin de l’exercice, à 6 h 30, le directeur du centre d’insémination, Pascal Cauchois, signale à la DSV des symptômes alarmants chez ses quarante-deux verrats. En même temps, il contacte Nathalie Perez, vétérinaire sanitaire chargée du suivi du centre, localisée en Bretagne. « Ce cabinet est éloigné, mais nous travaillons depuis longtemps avec lui, car il est spécialisé et reconnu dans le milieu porcin », explique Pascal Cauchois. L’alerte est aussitôt déclenchée et les agents de la DSV sont sur place avant 8 h, tandis que la praticienne arrive environ une heure et demie plus tard. Aussitôt, elle effectue un examen clinique des verrats, une prise de température et des prélèvements sanguins. La DSV, présente sur place avec quatre vétérinaires, prend les décisions pour gérer cette crise : confinement du personnel et des verrats, mise en sécurité du site. Un centre opérationnel de décision est mis en place à la préfecture de Chartres, réunissant une dizaine de services de l’Etat pour coordonner les moyens, d’autant que la suspicion se transforme en confirmation de peste porcine classique (PPC) dans l’après-midi.

Il faut barrer (virtuellement) plus d’une vingtaine d’axes routiers, mettre en place des déviations, notamment vers des routes équipées de quatre à cinq rotoluves. Toute la journée, le centre opérationnel pilote les mesures effectives à instaurer, la mobilisation de cinq escadrons de gendarmerie, la définition d’une zone de protection de 3 km et d’une zone de surveillance de 10 km autour de l’élevage.

« Détecter des failles dans les protocoles, clarifier les compétences et la chronologie »

« C’est un énorme travail de préparation, explique-t-on à la DSV, car outre les questions sanitaires, il faut également recenser, géoréférencer et alerter les élevages porcins et laitiers, restreindre la chasse, contacter l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), etc. Notre plan d’urgence est fonctionnel, mais l’exercice montre que dans le cadre d’une crise d’une telle ampleur, notre équipe est petite. Il faut s’appuyer sur les DSV d’autres départements. »

De son côté, Nathalie Perez participait pour la première fois à cet exercice : « Alors que je travaille depuis treize ans dans le secteur porcin, j’étais un peu stressée, car la peste porcine est évidemment théorique. J’ai donc potassé ma documentation pour être parfaitement au point. L’exercice permet au moins de valider ses connaissances. » « Tout s’est bien passé, poursuit-elle. L’objectif était de détecter des failles dans les protocoles, de clarifier les compétences et la chronologie de notre intervention. Si un jour je suis confrontée à une telle crise, je serai ainsi mieux préparée et moins angoissée. »