La pêche au globicéphale noir, entre massacre inhumain et pêche traditionnelle

Dans l’océan Atlantique, à mi-chemin entre l’Islande et la Grande-Bretagne, se trouvent les îles Féroé, qui comprennent une trentaine d’îles, la plupart inhabitées. Depuis plus de mille ans, les Féroïens pratiquent traditionnellement la pêche au globicéphale noir (Globicephala melas). Cela consiste à rabattre vers la côte, depuis le large, des groupes de globicéphales à l’aide d’embarcations motorisées. Sur la rive, ils sont attendus pour être mis à mort et dépecés. La viande de ce mammifère marin représente une part importante du régime alimentaire des habitants.

Cette pratique séculaire déclenche régulièrement des vagues de protestation de la part des associations de protection animale, qui y voient un massacre organisé dépourvu de sens et ravageur. Les images de ces pêches impressionnantes, et surtout sanglantes, ont de quoi heurter la sensibilité publique. Néanmoins, le prélèvement réalisé par les Féroïens s’élèverait à moins de deux mille individus par an, selon les estimations. Cette pêche n’a pas de caractère commercial. La viande récoltée à cette occasion n’est en effet ni vendue ni exportée ; elle est consommée par les Féroïens uniquement.

Les globicéphales noirs sont des delphinidés pélagiques, particulièrement grégaires. Ils fréquentent les eaux subarctiques et tempérées des hémisphères Nord et Sud. Classés en annexe ii de la Convention sur le commerce international des espèces (Cites), ils ne sont pas considérés comme menacés d’extinction. En revanche, des études récentes mettent en évidence les taux élevés de métaux lourds et autres contaminants dans leur chair. La consommation de viande ainsi contaminée pourrait avoir des effets sur le développement neurologique de l’enfant. Elle est donc déconseillée aux femmes enceintes.

Si les populations de globicéphales noirs ne sont pas actuellement considérées comme menacées d’extinction, elles pourraient le devenir. Les pressions susceptibles de peser sur cette espèce, comme la pollution, peuvent s’intensifier jusqu’à devenir problématiques. Dans ces conditions, la pêche pourrait peser plus lourdement sur sa survie.