Quel est l’impact des suppressions d’AMM en élevage avicole et cunicole ? - La Semaine Vétérinaire n° 1336 du 21/11/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1336 du 21/11/2008

Entre nous

FORUM

Traiter les animaux de basse-cour : une gageure

Chantal Chavot, praticienne à Etang-sur-Arroux (Saône-et-Loire).

J’ai connu un temps de liberté où la vétérinaire de campagne que je suis avait à sa disposition les médicaments pour soigner efficacement la gale et la coccidiose du lapin, le pou de la poule, l’histomonose de la dinde, la petite douve de la brebis, la thélite de la chèvre, etc. Cela n’était pas glorieux peut-être, mais cela permettait aux agriculteurs d’apporter les produits de leurs fermes aux marchés locaux (tant appréciés des citadins en vacances). Et ils savaient que le vétérinaire pouvait les aider, aussi bien que le colporteur ou la coopérative.

Mais grâce aux “progrès” de la science, à l’attention que les pouvoirs publics portent à notre santé, à la réglementation et au business (classez par ordre d’importance !), nous n’avons plus rien. Il ne nous reste donc que deux choix : soit nous disons aux clients de laisser faire la nature, soit nous utilisons des produits interdits sous notre responsabilité. Mais un espoir renaît ! J’ai récemment appris que nous pouvions utiliser l’homéopathie, la phytothérapie, l’isothérapie et, pourquoi pas, l’eau de Lourdes !

A quand l’allégement des dossiers d’AMM ?

Samuel Boucher, président de l’AVCF.

J’exerce quasi exclusivement en cuniculture (lapins de chair ou à fourrure, lapins de laboratoire, formation en pathologie des NAC), donc sur une espèce dite “mineure”. L’utilisation de la règle de la cascade (casse-tête devenu routine) est mon quotidien, car seules cinquante spécialités pharmaceutiques environ ont une AMM “lapin”.

L’absence de spécialité avec une AMM “lapin” efficace pour une maladie donnée oblige à appliquer le temps d’attente minimal forfaitaire de vingt-huit jours. Or, un lapin d’élevage reste cinq à six semaines en engraissement. Faute d’un médicament légalement utilisable, nous sommes donc amenés à ne pas soigner une maladie pourtant curable. Cette règle n’est pas à remettre en cause, elle a son utilité dans la majorité des cas, mais elle me semble perfectible. Il devrait être possible pour les entreprises pharmaceutiques motivées de faire valoir des études allégées, qui aideraient à la définition du temps d’attente par exemple. Or, aux dires des industriels de la pharmacie, le retour sur investissement n’est pas assuré pour une espèce mineure. Ainsi, chaque année, notre arsenal thérapeutique diminue. L’Association des vétérinaires cunicoles de France (AVCF) que je préside, en collaboration avec l’administration et l’interprofession, se préoccupe de l’absence de résidus dépassant les LMR dans la viande du lapin français. Nous sommes de fervents défenseurs de la cascade, mais il nous est difficile de comprendre pourquoi une molécule qui a un temps d’attente de moins de sept jours dans un pays d’Europe en a parfois vingt-huit en France. La règle générale, fort utile, devrait pouvoir être adaptée.

Je souhaite vraiment que les laboratoires qui font l’effort de monter des dossiers “allégés” pour le lapin, mais scientifiquement irréprochables, soient entendus. Il en va de notre crédibilité à tous.

Les AMM réduites posent un vrai problème en aviculture

Arnaud Ballot, praticien à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe).

La durée de vie assez courte des espèces avicoles, conjuguée à un nombre de traitements disponibles inférieur à celui d’autres filières, donne au temps d’attente toute son importance (le poulet de chair est abattu à quarante-deux jours en moyenne, ce qui laisse peu de marge de manœuvre).

Pour les antibiotiques, par exemple, nos choix sont restreints à la fois par l’antibiogramme pratiqué à la suite des autopsies et par les AMM. Nous devons en effet parfois traiter avec un antibiotique plus onéreux, parce qu’un autre, aussi efficace, ne dispose pas d’AMM pour l’espèce concernée. Cela crée des difficultés sur le plan scientifique, en limitant nos possibilités thérapeutiques, mais aussi sur le plan économique, car la rentabilité pour l’éleveur dépend des coûts des traitements. Les espèces “mineures”, comme la pintade ou le gibier, sont les plus problématiques. Auparavant, l’AMM “volailles” englobait toutes les espèces avicoles mais, aujourd’hui, les nouvelles molécules ont une AMM le plus souvent réduite au poulet et à la dinde. Ainsi, pour un produit qui a un temps d’attente de deux jours chez le poulet par exemple, la réduction d’AMM nous contraint à appliquer le temps d’attente de vingt-huit jours chez la pintade. Plus encore que le retrait de molécules, ce sont donc surtout les AMM réduites qui nous posent problème.

La conséquence est que nous travaillons plus sur le plan préventif (acidification de l’eau de boisson des volailles, flore de remplacement, etc.). Les éleveurs sont plus réactifs, car ils sont particulièrement concernés par les coûts des traitements et le problème du délai d’attente.

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