Les séquelles d’une noyade varient selon la salinité de l’eau

Un chien peut se noyer dans un plan d’eau, parfois en raison d’une crise de convulsions, lors d’un accident de “natation”, à la suite d’un acte criminel ou en tombant à travers une couche de glace. La noyade peut même se produire après une chute dans une baignoire ou dans les toilettes. La physiopathologie de la noyade dépend beaucoup de la salinité de l’eau. En revanche, l’eau de Javel ne semble pas avoir d’influence sur le pronostic.

L’eau douce, hypotonique, est rapidement absorbée dans l’espace vasculaire, ce qui engendre une hypervolémie, une hémolyse et une hyponatrémie. En outre, elle modifie la tension de surface du surfactant. Cela permet aux alvéoles de s’affaisser, ce qui entraîne un shunt intrapulmonaire de droite à gauche. L’eau salée, hypertonique, a les effets inverses : elle attire l’eau des vaisseaux vers les alvéoles à travers la membrane alvéolo-capillaire. Une hypovolémie s’ensuit. Le surfactant étant moins affecté, les alvéoles sont perfusées, mais mal ventilées. Dans les deux cas, la noyade résulte d’un laryngo-spasme, d’une vasoconstriction des vaisseaux pulmonaires, d’une hypertension pulmonaire, d’une acidose métabolique et, au final, d’une hypercapnie et d’une hypoxémie qui peuvent entraîner la mort. In fine, l’animal souffre d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë. A cela s’ajoute l’éventuelle contamination de l’eau par des particules en suspension et/ou des bactéries, ce qui peut entraîner une obstruction ou une pneumonie. Pourtant, l’antibio-prophylaxie ne semble pas affecter le pronostic.

Idéalement, la réanimation devrait débuter sur le lieu de l’accident, par un “bouche à nez”, des compressions cardiaques, un réchauffement dans une couverture, puis un transport rapide de l’animal vers une clinique vétérinaire. Il est important de déterminer si la noyade a eu lieu en eau douce ou salée. L’analyse des gaz sanguins est indispensable. La radiographie pulmonaire est importante, mais pas systématique, car les changements peuvent être retardés par rapport aux processus pathologiques. L’électrocardiographie permet de détecter les arythmies et de les traiter après avoir placé un cathéter intraveineux. L’essentiel du traitement repose sur l’oxygénothérapie, au besoin via la respiration artificielle. Le protocole idéal reste controversé en médecine humaine. L’administration de stéroïdes n’est pas indiquée chez les animaux noyés. A contrario, les broncho-dilatateurs peuvent être utiles lors de suspicion de bronchospasme. Le taux de survie est inversement proportionnel au volume d’eau aspiré. Trois études récentes indiquent un taux de 11, 39 et 62 %.

Les auteurs⁽¹⁾ insistent sur l’importance d’informer les propriétaires quant aux risques de noyade, notamment chez les chiens aveugles, affaiblis, sujets aux convulsions ou aux syncopes. Une barrière ou une veste de sauvetage sont deux outils préventifs simples.

• (1) C.E. Goldkamp et M. Schaer : « Canine Drowning », Compendium 2008, vol. 30, n° 6, pp. 340-352.