La présence de résidus de médicaments vétérinaires dans l’environnement inquiète les vétonautes - La Semaine Vétérinaire n° 1336 du 21/11/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1336 du 21/11/2008

Entre nous

QU'EN PENSEZ-VOUS ?

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

La révolte des vétonautes n’a pas eu lieu. En proposant un sondage sur la présence de résidus de médicaments vétérinaires dans l’environnement, nous nous attendions à recevoir une volée de bois vert, au mieux une bordée de remarques acerbes. Nous venions alors de publier(1) un article présentant un rapport alarmiste de l’Académie de pharmacie sur le sujet. Selon elle, les médicaments vétérinaires « représentent un risque encore plus direct [que les médicaments humains], car ils sont éliminés directement sur les sols ou dans l’eau par les animaux d’élevage ». La présence d’antibiotiques dans le tube digestif des animaux « sélectionne une flore antibiorésistante qui peut être diffusée dans les sols, les eaux ou les sédiments, pouvant modifier ainsi leur fonctionnalité, les équilibres écologiques et les risques infectieux pour les diverses espèces. Cette transmission se fait aussi à l’homme par l’alimentation, réduisant ainsi ses possibilités de traitement », souligne encore le rapport. Etre interrogés sur ce thème pouvait donc apparaître aux yeux de certains vétérinaires comme une attaque contre la profession. Mais non ! Une majorité (courte, certes) des sondés ont visiblement conscience de ce problème et s’en inquiètent. 6 % n’en avaient pas conscience, tandis que 20 %, tout de même, jugent l’information douteuse. Pour eux, tout cela ne serait que fariboles, égarements de vénérables apothicaires académiciens.

« On ne peut pas éluder la question, remarque en contrepoint Gaël Virlouvet, vétérinaire, agent de l’Afssa, spécialiste du sujet. L’impact des traitements aux avermectines sur les bousiers ou encore la contamination de vautours en Inde par du diclofénac contenu dans les carcasses dont ils se nourrissent sont des cas avérés de contamination de l’environnement par des résidus de médicaments vétérinaires. Le risque est donc réel, même s’il est encore mal connu et demande à être étudié plus précisément sur le terrain. » Pourtant, l’impact des médicaments vétérinaires sur l’environnement doit être distingué de celui des spécialités humaines. « Les résidus de médicaments humains se retrouvent concentrés en bout de chaîne dans les stations d’épuration, tandis que l’exposition de l’environnement aux médicaments vétérinaires est directe mais, sauf cas particulier, plus diffuse. Les concentrations retrouvées aujourd’hui dans le milieu aquatique, par exemple, sont de l’ordre du nanogramme. La difficulté est de définir le seuil à partir duquel cela pose un problème. » Il reste également une inconnue de taille, qui fait peur à beaucoup : quel peut-être l’effet synergique de plusieurs molécules mises en contact dans l’environnement ?

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1331 du 17/10/2008 en page 17.

réactions Internet

Il est plus que temps de s’inquiéter

L’impact des traitements aux avermectines (en particulier à l’ivermectine) sur la faune du sol (scarabées bousiers) est connu depuis longtemps ! Il est temps de remettre en question les pratiques de traitements non raisonnés qui ne prennent pas en compte l’écologie des parasites. Ces données écologiques peuvent permettre de limiter l’exposition des animaux avant même de traiter, donc de restreindre l’emploi de traitements chimiques (et de mieux les cibler), et ainsi de limiter les effets délétères de leurs résidus dans l’environnement.

Romain Garnier

Et les pharmaciens ?

Je suis surprise de constater qu’il y a encore tant de résidus médicamenteux dans l’environnement, malgré le “conditionnement” que nous réalisons à destination de nos clients pour les sensibiliser, avec des résultats puisque nombre d’entre eux ramènent dans nos cliniques les flacons périmés non vides. Mais ce n’est pas le cas des pharmaciens, qui distribuent sans ordonnance à qui le désire des antibiotiques et des corticoïdes (enquête facile à faire discrètement) avant de laisser chacun repartir sans autre commentaire (vendu c’est vendu !). Les éleveurs ou les autres clients nous avouent difficilement cette pratique, et ne nous “rendent” donc pas les flacons obtenus par ce biais. Quand l’argent vaut plus que mère nature…

Florence Bouckaert
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