Le médicament reste le premier intrant dans les cliniques - La Semaine Vétérinaire n° 1334 du 07/11/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1334 du 07/11/2008

Rencontres nationales vétérinaires. Atelier pharmacie

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Médicaments en libre-service, publicité, rapports entre les ayants droit ou encore ouverture du capital des entreprises vétérinaires ont été évoqués à Lille, fin octobre.

Nous ne pouvons pas exclure que ce qui se passe en pharmacie humaine se produise chez nous ! », s’est alarmé Claude Andrillon, vice-président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), lors de l’atelier sur la pharmacie organisé dans le cadre des rencontres nationales vétérinaires à Lille, en octobre dernier. Intervention prémonitoire ? Au même moment, au congrès des pharmaciens de Deauville (Calvados), la ministre de la Santé indiquait en effet qu’elle était favorable à ce que le public ait libre accès aux médicaments vétérinaires ne nécessitant pas de prescription, notamment ceux des gammes Clément-Thékan ou Biocanina, ceux exonérés ou qui ne relèvent pas des substances vénéneuses. Ce n’est pas une grande nouveauté puisque, dans les officines, les présentoirs de ces produits vétérinaires sont souvent placés dans l’espace parapharmacie, devant le comptoir, et pas derrière celui-ci comme l’exige la réglementation…

Le médicament représente 80 à 90 % du poste achat des cliniques

Au-delà de cette inquiétude d’ordre général, cet atelier a aussi permis d’aborder des problématiques de terrain, d’autant plus importantes que, selon Claude Andrillon, le médicament est le premier intrant dans la structure vétérinaire. Il représente 80 à 90 % du poste achat des cliniques et dégage un ratio achat/chiffre d’affaires de l’ordre de 30 % chez les praticiens canins. « Pour les ruraux, plus le revenu est important, plus le ratio est élevé », observe notre confrère. Si les intervenants s’accordent sur la nécessaire valorisation des actes, celle du médicament est donc également importante pour la santé économique des entreprises.

Notre confrère Jean-François Rousselot a par ailleurs expliqué l’intérêt de limiter la durée des traitements sur les ordonnances afin de prévoir des visites de contrôle de l’animal. « Les affections chroniques sont sous-médicalisées », a renchéri Nicolas Dumoulin, de Boehringer Ingelheim.

Les rapports économiques entre les ayants droit se judiciarisent

Abordant les relations entre les différents ayants droit, Claude Andrillon a estimé que « la pharmacie vétérinaire n’est plus un enjeu stratégique pour les officines. Les pharmaciens ont d’autres problèmes. Quelques-uns d’entre eux véhiculent une vision rurale du médicament. Leur volonté est d’effectuer des renouvellements et ils tentent d’établir des compérages avec certains praticiens. Mais la partie vétérinaire de leur chiffre d’affaires n’est pas énorme. »

En revanche, la judiciarisation marque aujourd’hui fortement les rapports économiques entre les ayants droit. A l’occasion de cet atelier, un confrère belge a détaillé le fonctionnement des « vétérinaires d’autoroute » qui partent de Belgique et délivrent des médicaments de façon illégale pendant une semaine, sur une large zone des Ardennes belges. Les éleveurs qui sont surpris avec des fils de suture ou des anesthésiques se retournent alors contre les praticiens libéraux… Ce témoignage a poussé les participants à souligner, une nouvelle fois, la nécessité de faire la chasse aux affairistes.

Notre confrère Thierry Chambon est intervenu dans le cadre des relations entre praticiens et industriels. « La viabilité de l’activité pharmacie pour chaque entreprise vétérinaire est largement sous-tendue par la politique commerciale des industriels et de la distribution en gros », a-t-il estimé. Claude Andrillon a renchéri, souhaitant que « les contrats commerciaux dynamisent l’activité, sans exclure les structures les plus faibles ». Jean-Louis Hunault, président du Syndicat des industriels du médicament vétérinaire (SIMV), s’est efforcé de réconcilier les parties : « Nous pouvons travailler ensemble. Nous avons des objectifs communs, y compris en termes de déontologie. »

« La jurisprudence sur le décret prescription-délivrance reste à constituer », a conclu sur ce point Me Jean Dechezleprêtre.

Des évolutions de pharmacie humaine transposées au secteur vétérinaire ?

Outre les médicaments OTC (over the counter), en libre accès, Claude Andrillon, a évoqué d’autres évolutions de la pharmacie humaine susceptibles d’être transposées au secteur vétérinaire. Un nouveau décret sur les grossistes-répartiteurs est ainsi annoncé par Roselyne Bachelot. Ils négocieraient les prix pour l’ensemble des pharmaciens, « comme une sorte de super Groupement d’intérêt économique (GIE) ».

Si les médicaments sortent des officines pour investir, par exemple, des rayons dédiés dans les grandes et moyennes surfaces, « il est difficile d’imaginer que les médicaments vétérinaires ne se trouveront pas au même endroit ». « Demain, le mode de commercialisation des antiparasitaires internes ne risque-t-il pas d’être similaire à celui des antiparasitaires externes ? », s’est-il interrogé.

Quant à la notion de prix d’achat unique des médicaments, notre confrère estime qu’il s’agit d’un mirage. Si tel était le cas, les remises et les prix d’achat commerciaux ne se justifieraient plus. En outre, « si ce prix unique était négocié avec les Groupements de défense sanitaire, par exemple, cela serait extrêmement dangereux ». « Nous sommes dans une économie libérale et libre. Je souhaite que cette situation perdure, pour peu que l’industrie reste raisonnable », a insisté Claude Andrillon.

40 % des médicaments dégagent un chiffre d’affaires inférieur à 50 000 €

Notre confrère Daniel Denaud (Pfizer) a abordé les mises à jour régulières dont les médicaments font l’objet après leur mise sur le marché. « 35 % du budget de recherche et développement des industriels est consacré à la défense des produits existants. » Les contraintes administratives contribuent également au maintien de l’arsenal thérapeutique. 40 % des médicaments dégagent un chiffre d’affaires inférieur à 50 000 €, leurs coûts de maintien étant disproportionnés au regard de cette performance. « En interne, nous avons du mal à justifier économiquement le maintien de certains produits, mais il s’agit d’un service auquel nous tenons pour les vétérinaires. »

L’intérêt de la publicité à destination du grand public a également été évoqué. « Je n’y vois pas un effet dévastateur pour les praticiens », a estimé François Bost (Merial). Pour lui, « les vrais concurrents des vétérinaires canins sont aujourd’hui les écrans plasma, etc., ce n’est pas le pharmacien ». « Vaut-il mieux une grande part qui augmente ou une petite tartelette qui n’augmente pas ? »

Les débats se sont achevés sur l’ouverture du capital des entreprises vétérinaires. Selon Claude Andrillon, « cette évolution est inéluctable ». Certains industriels présents, qui n’ont pas encore envisagé cette possibilité en France, se sont dits prêts à le faire le moment venu. « Dans un tel schéma, la liberté de prescription serait-elle toujours garantie ? Comment s’organiserait alors l’intervention de l’entreprise pharmaceutique ? » s’est interrogé l’un d’eux.

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