Face aux maladies émergentes, la pertinence d’une stratégie transdisciplinaire est réaffirmée - La Semaine Vétérinaire n° 1334 du 07/11/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1334 du 07/11/2008

Sécurité sanitaire. Les affections animales sur la sellette

Actualité

Auteur(s) : Michel Bertrou

Le 17 octobre à Bruxelles, un colloque international a fait le point sur les menaces sanitaires et leur gestion.

Si nous sommes réunis aujourd’hui, c’est un peu une conséquence de la blue tongue. Grâce à elle, les recherches sur les maladies émergentes et vectorielles ont repris de la vigueur », a souligné Philippe Mortier, directeur de la santé animale de l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), le 17 octobre dernier à Bruxelles. Le comité scientifique de l’agence alimentaire belge organisait ce jour-là, dans les locaux de la Commission européenne, un colloque international sur le thème des « maladies animales émergentes : de la science à la politique ».

Si les crises sanitaires récentes ont sensibilisé l’opinion, elles ont pesé (et continuent de le faire) sur l’économie et la santé publique. Elles ont également révélé le manque de préparation des gestionnaires pour y répondre rapidement. D’un colloque à l’autre(1), les mêmes constats reviennent : les menaces sanitaires augmentent au train galopant de la mondialisation, elles exigent d’anticiper l’imprévisible, une nouvelle synergie entre les acteurs de la santé animale est nécessaire. Avec une ironie implacable, ce même 17 octobre a vu l’apparition d’un nouveau sérotype de la fièvre catarrhale ovine aux Pays-Bas.

Représentante régionale de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) à Bruxelles, notre consœur Caroline Planté a réaffirmé que, pour « se préparer à l’inattendu et pouvoir y répondre rapidement », la qualité des services vétérinaires reste d’une importance cruciale. La pertinence du concept « un monde, une santé », en faveur duquel l’OIE s’est engagée aux côtés d’autres organisations internationales(2), a été largement démontrée par notre confrère Lonnie King, directeur du National Center for Zoonotic, Vector-borne and Enteric diseases aux Etats-Unis. En rappelant l’importance des facteurs anthropogènes dans les nouvelles émergences, comme celle des zoonoses (75 % des maladies émergentes), il a insisté sur les liens de plus en plus inextricables entre la santé humaine, la santé animale et l’environnement, ainsi que sur l’urgence d’adopter une stratégie transdisciplinaire, à l’interface des écosystèmes humains et animaux.

Afin de croiser les disciplines, le colloque avait invité le climatologue Jean-Pascal van Ypersele, vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), à exposer les résultats des travaux du groupe. Ceux-ci démontrent que le réchauffement climatique est désormais inéluctable. D’ici à 2100, les températures augmenteront dans une fourchette comprise entre 1,1 et 6,4 °C. Cette hausse modifiera les cycles hydrologiques : il fera plus sec au Sud et plus humide sous nos latitudes. Toutefois, l’impact réel du réchauffement climatique sur l’émergence de nouvelles maladies reste encore incertain et constitue, pour le moment, davantage un facteur favorisant que déterminant.

La lutte contre les maladies émergentes ne peut se réduire aux vaccins

Concernant la gestion du risque, qui constituait la deuxième partie du colloque, Bertrand van Goethem, de la Direction générale santé et protection des consommateurs, a détaillé la stratégie de santé animale de la Commission européenne pour 2007-2013. Avec pour devise « mieux vaut prévenir que guérir », celle-ci semble résolue – dans ses intentions du moins – à tirer les leçons du passé. Elle a articulé sa politique de santé animale sur quatre piliers : définir des priorités ; moderniser le cadre juridique ; promouvoir le partage des données épidémiologiques, améliorer la biosécurité à la ferme, au cours des échanges et aux postes frontières, promouvoir les réseaux d’intervention et les banques de vaccins ; soutenir la science et encourager la recherche.

Un troisième volet du colloque a alors examiné plusieurs cas concrets de maladies émergentes (ou réémergentes) que l’Europe doit continuer de surveiller : la peste porcine classique, la fièvre West-Nile, la tuberculose et la brucellose, ainsi que toutes les maladies à virus exotiques (majoritairement africains) dont la fièvre de la vallée du Rift. S’il existe un consensus dans la manière de s’organiser pour limiter les risques sanitaires, la problématique de leur financement reste éludée, laissant la santé animale à la merci de la bonne volonté de ses bailleurs de fonds. Or il est apparu récemment que les crises sanitaires ne sont pas les seules conséquences de la mondialisation. « Il faut faire des progrès avec la gestion du risque », a même déclaré Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, sans faire une seconde allusion aux risques épizootiques. La rallonge de cent millions d’euros que la Commission vient de décider pour la vaccination contre la blue tongue l’an prochain en Europe est toutefois le signe d’une prise de conscience politique sur ces questions. Cependant, comme l’ont rappelé les intervenants de ce colloque annuel du comité scientifique de l’Afsca, lutter contre les maladies émergentes ne peut se réduire aux vaccins. La détection précoce est l’un des éléments clés, au même titre que les réseaux scientifiques pour partager les données, les outils et les compétences. Effort coopératif sur les plans local, national et mondial, le concept transversal du « un monde, une santé », à la croisée des disciplines, apparaît comme une approche désormais incontournable.

La Commission a justement prévu un colloque sur ce thème le 10 novembre prochain pour inaugurer la Semaine vétérinaire européenne qu’elle organise avec la Fédération des vétérinaires européens (FVE).

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1330 du 10/10/2008 en page 32 et 1331 du 17/10/2008 en page 30.

  • (2) Organisation mondiale de la santé (OMS), Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Banque mondiale.

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