Dis, c’est quoi la vie d’un vétérinaire en Mayenne ?

C ’est presque devenu un rituel. Depuis 2004, les vétérinaires de Mayenne invitent tous le sans, pendant deux jours, les étudiants en cinquième année de l’école de Nantes pour leur faire découvrir la pratique rurale et les atouts de l’exercice dans leur département. Une opération séduction devenue si importante qu’elle est intégrée au cursus et rendue obligatoire.

Cette année, ils étaient quarante-huit à venir découvrir différents cabinets, à rencontrer des praticiens (dont certains récemment installés), qui leur ont exposé la nécessaire qualité du service, le juste prix des médicaments, les questions d’urgence, la gestion du préventif, les enjeux économiques, la vaccination raisonnée, etc., leur quotidien en somme. Le tout dans une ambiance conviviale et décontractée, les pieds dans les bottes ou autour d’une bonne table. La rencontre avec des éleveurs venus témoigner de leurs attentes et de leur relation avec les vétérinaires a permis d’atténuer les décalages de perception. « Quel type d’activité pratiquez-vous ? », « avez-vous le temps de continuer à vous former ? », « à quelle distance se situent les grandes villes ? », « y a-t-il un TGV à proximité ? », etc., ont interrogé les étudiants. « C’est un département qui rassemble des élevages d’allaitantes, de laitières, des activités canines ou équines, et offre de véritables perspectives d’avenir dans un environnement agréable », a assuré Nicolas Goudout, praticien de vingt-neuf ans associé au sein d’un cabinet depuis le début de l’année. Comme lui, ils seraient trois à avoir choisi la Mayenne pour s’installer en 2008. « Et tous les ans, un tiers des étudiants vétérinaires qui choisissent l’option “élevage rural” effectuent leur stage dans le département », indique Nora Cesbron, praticienne hospitalière en animaux d’élevage à l’école de Nantes.

« Nous montrons que nous sommes là, dynamiques et soudés. Un jour, cela paiera ! »

« En 2004, je voulais simplement parler de la Mayenne aux étudiants nantais. L’un d’eux, qui y avait effectué un stage, m’a suggéré de les faire venir sur place », explique Jean-Luc Frennet, président du GTV, à l’origine de cette opération. Il y a vingt-cinq ans, il figurait parmi les nombreux vétérinaires belges venus s’installer en France. Lui avait choisi la Mayenne. « Puis est arrivé le marasme des années 90, les réticences pour le monde rural. Vers les années 2000, nous avons pris conscience que les vétérinaires de l’après-guerre allaient partir en retraite et que la relève serait difficile à assurer », raconte-t-il. Les jeunes avaient tendance à venir dans ce département fortement rural, riche de six cent cinquante mille bovins, « pour se faire une expérience, avant de repartir », déplore le président du GTV, qui mobilise avec succès l’ensemble de ses confrères pour montrer la diversité des pratiques.

« Le métier a beaucoup évolué. Plus personne ne travaille seul. Des regroupements ont eu lieu dans les cabinets. La profession s’est féminisée », poursuit Jean-Luc Frennet. « Nous ne faisons pas de positivisme, mais nous montrons que nous sommes là, dynamiques et soudés. Et un jour, cela paiera ! », affirme-t-il, de retour d’une présentation à la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), désireuse de mieux connaître l’expérience mayennaise.

En cinq ans, trois vétérinaires se seraient installées à la suite de cette opération. « Et certains de ceux qui réalisaient les exposés faisaient partie des premières promotions », constate avec plaisir Nora Cesbron.