Les vétérinaires du CTPA conjuguent la rigueur dans le temps et l’espace - La Semaine Vétérinaire n° 1333 du 31/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1333 du 31/10/2008

Centre technique des productions animales (CTPA) de Ploufragan

Éclairage

UNE JOURNÉE AU…

L’organisme qui les emploie est spécialisé dans les essais cliniques, essentiellement pour le compte des industriels de la santé animale. Depuis vingt-deux ans, la confidentialité est son credo.

Les vétérinaires qui exercent au Centre technique des productions animales (CTPA) de Ploufragan (Côtes-d’Armor) sont passés maîtres dans l’art des prélèvements biologiques sur l’animal vivant. Leurs gestes condensent et cristallisent le cœur de métier du centre : les essais cliniques. L’activité est entièrement consacrée à la conception, au management, à la réalisation pratique et à l’interprétation des essais en élevage. La réglementation européenne, avec le rigoureux Guide européen de bonnes pratiques cliniques, encadre strictement les expérimentations. Une démarche qualité, contrôlée par un ingénieur de l’Institut supérieur des productions animales et des industries agro-alimentaires (Ispaia), est également mise en place.

Lors de sa création, en 1985, seule une mission d’animation du Zoopôle de Ploufragan est confiée au CTPA. Les premiers essais cliniques débutent en 1986. Depuis 1993, l’année de naissance de l’association Zoopôle développement dont il constitue l’un des services, le centre a conservé et développé ses missions scientifiques et techniques. Les essais cliniques représentent 60 % des contrats signés. Les 40 % restants concernent des essais zootechniques, des analyses statistiques, des études bibliographiques, de la veille technologique. En outre, les vétérinaires du centre animent des formations à la méthodologie des essais cliniques, aux statistiques et aux techniques de prélèvements. En 2003, la société Vetrial, filiale du CTPA, a vu le jour. Elle assure l’acquisition, la gestion, la traçabilité et la réexpédition des médicaments non encore autorisés nécessaires à l’activité du centre.

Le lien entre protocole et mise en œuvre est maximisé

Le 16 juin dernier, trois vétérinaires et deux techniciens, accompagnés des ingénieurs du sponsor (voir lexique), se rendent dans un élevage porcin. Un antibiotique à visée respiratoire doit être testé, quelques porcs en engraissement toussent, c’est le moment pour repérer les malades, observer et noter les signes cliniques, leur variabilité, prendre la température, pratiquer les aspirations trachéo-bronchiques et des écouvillons nasaux. Les deux tiers des essais cliniques sont réalisés pour l’espèce porcine. Les autres animaux concernés sont les veaux, les taurillons et les volailles. Le CTPA ne possède pas d’élevages de production ou expérimentaux, ni de laboratoire d’analyses. Les essais sont effectués dans les conditions réelles d’utilisation des médicaments ou des produits d’hygiène, au sein d’élevages bretons recrutés via le réseau des vétérinaires spécialisés des filières de production. Lorsque le protocole l’exige, il peut, grâce à une convention, mener les essais au sein des unités expérimentales de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments de Ploufragan. En revanche, le centre possède son propre matériel de pesée étalonné et de prélèvement. Si besoin, il l’invente. « L’investigation est la particularité qui fait la force du CTPA », indique notre confrère Patrick Pommier, directeur du centre. La connaissance du terrain (prévalence des maladies, organisation des élevages) alliée à un savoir-faire scientifique confèrent un atout de poids au CTPA pour valider un essai clinique, de la conception du protocole jusqu’à la rédaction du rapport.

Entre 2004 et 2008, le chiffre d’affaires du centre a progressé de 50 %. Bien que le CTPA soit une association loi 1901, il ne reçoit aucune subvention. Son financement résulte uniquement de prestations privées. Ses clients sont majoritairement des industriels de la santé animale, mais aussi des fabricants d’additifs, de désinfectants et d’insecticides. Parmi les dix premiers laboratoires vétérinaires mondiaux, neuf sont des clients réguliers. Le terrain d’action du centre dépasse les frontières bretonnes et françaises. Ainsi, ses vétérinaires ont été les moniteurs d’essais se déroulant en Allemagne et en Espagne. Au-delà de l’habileté manuelle pour laquelle ils sont souvent amenés à intervenir, les compétences développées sont scientifiques, statistiques, mais également relationnelles et commerciales.

Le maître mot du centre est la confidentialité. « Rien ne doit sortir de chez nous », insiste Patrick Pommier. Les courriels destinés aux promoteurs s’échangent via des sites sécurisés. Les procédures écrites des essais sont sous clé, le réseau informatique utilisé est spécifique du CTPA et le contrat du technicien informaticien, comme celui de tous les salariés du centre, contient une clause de confidentialité.

Lexique

• Le promoteur, usuellement appelé le sponsor, est le commanditaire de l’essai clinique.

• Le moniteur, mandaté par le promoteur, est chargé d’assurer pour ce dernier le suivi de la recherche biomédicale et le contrôle de sa qualité.

• L’investigateur est la personne physique qui dirige et surveille la réalisation de la recherche sur un lieu. Il signe son adhésion au protocole. Lorsque le promoteur d’une recherche biomédicale confie sa réalisation à plusieurs investigateurs, sur un ou plusieurs lieux en France, le promoteur désigne parmi eux un coordonnateur.

• Le protocole est un document daté, approuvé par le promoteur et par l’investigateur, qui intègre, le cas échéant, les modifications successives et décrit l’objectif, la conception, la méthode, les aspects statistiques et l’organisation de la recherche.

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