La question de la rentabilité de la médecine féline mérite d’être posée - La Semaine Vétérinaire n° 1333 du 31/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1333 du 31/10/2008

Pratique exclusivement féline

À la une

Auteur(s) : Michel Bertrou

Si le chiffre d’affaires des structures dédiées au chat est moindre, elles semblent plus faciles à rentabiliser.

Si l’on se fie aux publications que les laboratoires pharmaceutiques et les fabricants d’aliments consacrent actuellement au chat, cepandel’activitécanine constitue aujourd’hui un véritable volant de développement. Soigner davantage ou uniquement des chats suscite néanmoins des interrogations en termes de rentabilité.

Distinguer les chiffres d’affaires globaux des activités chien et chat, jusque-là assimilés, n’a pas encore été fait en France, à notre connaissance. Il est probable que le thème choisi par l’Afvac pour son congrès 2009, « Tout sauf le chien », encouragera de telles études. Ces analyses ont en revanche été menées aux Etats-Unis en 2006(1) (voir graphique). D’après elles, la médecine féline serait rentable. Les praticiens félins feraient davantage d’examens complémentaires que leurs confrères mixtes, mais le montant moyen de leur consultation serait aussi légèrement plus élevé.

La médicalisation du chat demeure mal connue

Tout vétérinaire devrait mieux identifier et comprendre la situation individuelle de chaque tandem client-animal et son impact sur les soins, conclut une autre enquête américaine(2) qui met en évidence le lien entre la qualité de la relation propriétaire-animal et la médicalisation de ce dernier. Celle du chat ménage quelques lignes de fuite. Les praticiens félins américains constatent avec inquiétude que le volume de leurs consultations a diminué de 11 % depuis 2001. Bien que la médecine féline y soit explicitement développée, une étude(2) montre qu’en 2006, 36 % des chats n’avaient toujours pas franchi la porte d’un vétérinaire, versus 17 % des chiens.

En France, la médicalisation du chat progresse par rapport à celle du chien tout en restant nettement inférieure. Des données Panelvet récentes, issues d’une centaine de cliniques canines, montrent que 65 % des consultations concernent les chiens, 35 % les chats. Comme aux Etats-Unis, une importante proportion de félins échappe donc aux soins vétérinaires. Le circuit d’acquisition des chiens a l’avantage d’être moins opaque, et l’identification, obligatoire pour toute cession à titre onéreux ou gratuit, reste difficile à faire accepter aux donneurs de chatons.

La qualité de la communication que les praticiens établissent avec les propriétaires de chats reste par conséquent un élément clé pour développer l’activité féline. Celle des relations avec la protection animale l’est tout autant. Bien qu’en nombre encore restreint, les élevages félins sont également des intermédiaires précieux qui offrent des opportunités d’activités à la profession.

La plupart des praticiens félins français se disent satisfaits

Si les confrères confirment que le chat rapporte moins que le chien, ils se montrent plutôt satisfaits de leur bilan économique. « Notre chiffre d’affaires est moindre que celui d’une clinique canine, mais l’activité reste rentable, car nous faisons plus d’actes que de ventes », déclare Jean-Bernard Hulin, praticien félin à Marseille. Néanmoins, ce sont les structures réservées au chat et installées en ville qui ont le moins de mal à rentabiliser leur activité. La vague du chat médicalisé reste essentiellement un phénomène des centres urbains. Une structure exclusivement féline a l’avantage de pouvoir rester modeste et nécessite moins de personnel. Pascal Corlay a quitté une clientèle canine en banlieue pour reprendre récemment à Paris un petit cabinet où il ne se consacrera plus qu’aux chats. Il justifie son choix d’un point de vue économique : « Les locaux sont faciles à aménager, les frais de fonctionnement sont diminués, le stockage des aliments est allégé, et si les ventes sont moindres, le bénéfice par kilo est supérieur et les augmentations de prix passent mieux sur les petits conditionnements. Du côté des médicaments, le recours aux génériques est moins fréquent chez le chat. » Si notre confrère s’est équipé d’un analyseur et d’un appareil d’anesthésie, il compte, en imagerie notamment, faire appel à des itinérants ou à des structures spécialisées. Jean-Bernard Hulin estime de son côté qu’il y a un intérêt à investir dans le matériel : « Les clients attendent d’un spécialiste du chat qu’il puisse tout faire, nous devons avoir sur place tous les outils pour nous permettre d’identifier un problème, quitte à faire appel par la suite à un spécialiste. » Installé à Marseille depuis cinq ans, sa clientèle ne cesse de se développer, alors qu’il a fait le choix de ne pas travailler avec les associations de protection animale. « Mes clients sont en majorité des jeunes couples qui travaillent. Ils veulent soigner leur animal et, pour eux, le problème du prix ne se pose pas », explique-t-il. Corinne Laruelle, a contrario, s’occupe beaucoup de chats errants. « Par goût, avant tout, confie-t-elle. La protection animale n’est pas rentable, mais cela m’a apporté beaucoup de clients. » Installée au centre du Havre depuis onze ans, elle est maintenant associée.

L’épanouissement professionnel et le confort de travail, exprimés par les praticiens félins, restent des paramètres à mettre dans la balance. « Ce tournant dans ma vie professionnelle a été une véritable bouffée d’oxygène », témoigne Jean-Bernard Hulin. Marie Erhel, praticienne féline depuis huit ans, confesse quant à elle : « Pas un seul jour j’ai regretté de ne plus faire de canine. »

  • (1) Journal of American Veterinary Association (Avma), news de février 2006 : http://www.avma.org/onlnews/javma/feb06/060201q_pf.asp

  • (2) Journal of Avma, février 2008, vol. 232, n° 4, pp. 531-540.

  • (3) Avma’s 2007 US Pet Ownership and Demographics Source book & Catalyst : http://www.catalystsummit.org

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr