La coproscopie devient l’antibiogramme des parasitologues - La Semaine Vétérinaire n° 1332 du 24/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1332 du 24/10/2008

Workshop Avef. Vermifugation chez les chevaux

Actualité

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Pour limiter les résistances des nématodes, l’usage des antiparasitaires doit être plus raisonné.

A l’heure où les propriétaires de chevaux peuvent facilement se documenter sur le parasitisme via l’Internet et acheter (illégalement) des vermifuges sans aucun conseil vétérinaire, la commission thérapeutique de l’Association vétérinaire équine française (Avef), sous l’impulsion de notre consœur Isabelle Lussot-Kerven, a eu l’idée d’organiser une réunion sur la vermifugation. Les praticiens ont pu poser des questions concrètes à des experts parasitologues français et étrangers.

D’après James Duncan (Royaume-Uni), « les parasites du cheval sont les mêmes depuis une cinquantaine d’années, mais leur prévalence et donc leur pathogénicité ont évolué ». Les petits et les grands strongles étaient autrefois les vers les plus pathogènes, notamment Strongylus vulgaris, responsable de coliques et de diarrhée incœrcible, ainsi que de graves anévrismes vermineux dus aux migrations larvaires de ce parasite. Le ténia était connu, mais considéré comme non pathogène. Le développement de nouvelles molécules antiparasitaires (fenbendazole, avermertines) a permis de mieux gérer les strongyloses, notamment larvaires. De nos jours, grâce à l’utilisation massive des antiparasitaires, les parasitoses graves ont largement régressé. Les ascaridioses du jeune cheval, les cysthostomoses larvaires et le téniasis sont actuellement les plus préoccupantes. Ces constats ont été confirmés par Claire Laugier qui a réalisé une étude rétrospective sur les parasites digestifs identifiés au cours d’autopsie à l’Institut de pathologie du cheval pendant les vingt dernières années.

La fréquence élevée des traitements antiparasitaires favorise les résistances

Deux points essentiels ont été mis en évidence lors de ce workshop : l’émergence de résistances (surtout de Parascaris equorum) dans le groupe des lactones macrocycliques (avermectines et milbemycines) et la nécessité qui en découle de prescrire les antiparasitaires de façon plus raisonnée, en se fondant notamment sur l’examen coprologique. D’après le professeur Samson-Himmelsterjerna (Hanovre), les résistances aux anthelminthiques ne concernent, à ce jour, que les petits strongles (cyathostomes) et les ascaris (Parascaris equorum) et non les gastérophiles ou les ténias. Les résistances aux benzimidazoles sont largement répandues chez les cyathostomes. Récemment, des cas de résistance aux avermectines (ivermectines et moxidectine) sont apparus pour les ascaris. En outre, certains petits strongles sont résistants aux trois familles d’antiparasitaires (benzimidazoles, avermectines et pamoate de pyrantel).

Pour Frédéric Beugnet (Merial), différents facteurs peuvent favoriser l’émergence de ces résistances. Le plus important est la fréquence élevée des traitements antiparasitaires. Le sous-dosage, l’utilisation d’une seule famille d’antiparasitaire et l’anéantissement des différents “refuges parasitaires” lors du traitement de l’effectif équin jouent également un rôle dans le développement des résistances.

Les parasites dans un “refuge” sont ceux qui ne sont pas atteints par l’antiparasitaire (principalement les larves dans le milieu extérieur). Non exposés aux traitements, ils restent donc plus sensibles aux molécules utilisées et cette population parasitaire doit absolument être préservée, afin d’assurer le maintien de l’efficacité des produits sur le long terme. Comme pour la résistance antibiotique, les parasites qui présentent les gènes codant pour la résistance à une molécule préexistent à un faible taux avant l’usage des antiparasitaires. Mais ces derniers les sélectionnent et ils peuvent alors devenir la population dominante. La vitesse de sélection et d’amplification des résistances au sein d’une population donnée dépend de nombreux facteurs liés au parasite, mais aussi aux méthodes d’élevage (nombre de chevaux, hygiène des écuries et des pâtures) et aux traitements utilisés (fréquence et molécules).

Les résistances sont inéluctables, c’est un phénomène progressif qui apparaît en vingt à trente ans mais peut, dans certains cas, être plus rapide. Les recommandations visent donc à ralentir leur progression en traitant moins et mieux, notamment en identifiant les chevaux les plus infestés. En effet, 20 % des chevaux hébergent 80 % des parasites. La gestion contrôlée du parasitisme et des résistances repose sur l’examen coprologique, au moins avant et, idéalement, après tout traitement antiparasitaire. La recommandation est de ne traiter que les chevaux contaminés et excréteurs, soit environ 20 % des effectifs. Les jeunes chevaux, en particulier les yearlings, présentent en général des OPG (nombre d’œufs par gramme de crottins) élevés. Le dépistage des résistances repose essentiellement sur les contrôles post-traitement.

Limiter la vermifugation à deux traitements par an

En outre, Philippe Dorchies (ENV de Toulouse) insiste sur les mesures hygiéniques et préventives dans la lutte contre le parasitisme. L’émission des parasites dans le milieu extérieur et l’exposition des chevaux aux larves infestantes peuvent être réduites en ramassant les crottins régulièrement, en déparasitant les chevaux identifiés comme les plus excréteurs, en offrant des prés mixtes (ruminants et chevaux) sans surpâturage. Martin K. Nielsen, responsable scientifique du workshop, a conclu la journée en synthétisant les réponses aux questions posées par les confrères. Un compte rendu de ces réponses a été présenté en séance plénière, lors du congrès de l’Avef, par Claire Laugier et Marc Foursin, et sera prochainement publié. Au pré comme au box, la vermifugation raisonnée (après analyse coprologique) devrait conduire à limiter à deux seulement le nombre de traitements nécessaires, alors que jusqu’à présent la recommandation était plutôt de quatre traitements par an.

Toutefois, des praticiens présents n’ont pas semblé adhérer à ces recommandations, soulignant que ne pas traiter un cheval de grande valeur faiblement parasité ne leur paraissait ni souhaitable, ni applicable dans leur clientèle. En outre, l’influence d’un parasitisme à bas bruit sur les performances de ces athlètes n’a pas été évoquée.

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