Quand les vaches sont moins fécondes, le taureau doit être suspecté - La Semaine Vétérinaire n° 1331 du 17/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1331 du 17/10/2008

Reproduction bovine

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Paul Perié

Les taureaux présents dans les exploitations sont à examiner comme les mâles utilisés pour les inséminations.

La monte naturelle est la méthode la plus fréquemment utilisée en élevage allaitant. Une mauvaise fertilité a une influence considérable sur le bilan de reproduction : augmentation de l’intervalle vêlage-vêlage, pertes financières, pertes génétiques. Un examen de la fonction reproductrice est alors nécessaire et il obéit à un protocole rigoureux. Les journées nationales des Groupements techniques vétérinaires (GTV), organisées à Nantes en mai dernier, ont donné l’occasion à notre confrère François Courouble de rappeler les modalités de cet examen, ainsi que quelques causes d’infertilité.

L’examen clinique doit être complet et rigoureux

Le recueil des commémoratifs est tout d’abord indispensable afin de connaître les maladies qui ont précédé la visite. L’état général et l’aspect du poil sont inspectés. Les éventuelles boiteries sont recherchées, ainsi que la “masculinité” du taureau (rapport entre l’arrière-main et l’avant-main, largeur de l’encolure, morphologie de la tête et des cornes).

Grâce aux informations de l’éleveur, le comportement sexuel du taureau est évalué. Sa libido peut être appréciée en présence d’une vache en chaleurs. Le temps de réaction, bien que variable selon les conditions de monte, l’âge et le caractère du taureau, doit être inférieur à dix minutes. L’excitation, la recherche du rapport sexuel, le chevauchement sont observés. Le degré d’excitation est noté, ainsi que l’intromission du pénis lors du chevauchement.

Les organes génitaux externes sont inspectés et palpés. Le praticien s’attardera sur la position des testicules (descendus dans les bourses ou à proximité de l’anneau inguinal) et la présence de lésions cutanées. Les testicules sont mobilisés afin de rechercher d’éventuelles adhérences. Les asymétries en taille, en consistance et en volume sont notées. La circonférence scrotale et la hauteur des testicules sont retenues (voir tableau 1 en page 52).

Les organes génitaux internes font également l’objet d’un examen. La portion pelvienne de l’urètre, la prostate et les vésicules séminales sont palpées par voie transrectale. En cas d’inflammation, les glandes bulbo-urétrales peuvent également être palpées.

L’analyse du sperme est un complément indispensable

Le prélèvement du sperme peut être réalisé lors de saillie naturelle ou par électro-éjaculation. Cette technique nécessite un manchon de prélèvement, un porte-manchon, un électro-éjaculateur et une cage de contention. Le fourreau est tondu, désinfecté, puis séché. La sonde de l’électro-éjaculateur est introduite dans le rectum et l’animal reçoit une série de décharges d’intensité croissante. Le taureau éjecte d’abord le liquide séminal, transparent et en quantité variable, puis l’éjaculat au sens strict, plus blanc. Dans la plupart des cas, la verge est extériorisée et son intégrité est vérifiée. En l’absence d’extériorisation, la récolte se fait à l’extrémité du fourreau, mais le prélèvement est alors souillé. Un tube en verre de 10 à 15 ml est fixé au bout du manchon. Le volume moyen est de 3à 5 cm3. Généralement, un second éjaculat, de meilleure qualité, est prélevé quinze minutes plus tard.

La couleur et la consistance du sperme sont alors évaluées : plus il est opaque, plus il est riche en spermatozoïdes. Une goutte est ensuite placée entre lame et lamelle. La motilité de masse est notée sur une échelle de 0 (aucun mouvement) à 5 (tourbillon). La semence est ensuite diluée dix fois dans du sérum physiologique chauffé à 37 °C et examinée à l’objectif 10 du microscope. Le nombre de spermatozoïdes vivants est évalué, ainsi que leur mobilité individuelle.

La numération précise des spermatozoïdes est réalisée à la suite d’une dilution au 1/100e dans du NaCl à 3 %. Les gamètes sont alors détruits, tout en restant intacts. La numération fait appel à une cellule de Malassiez : le quadrillage donne le nombre de spermatozoïdes par millimètre carré. Ceux à l’aspect anormal sont également recherchés (voir tableau 2 en page 52).

L’âge et la saison influent sur la qualité de la semence

D’après les éleveurs, un taureau est stérile lorsque les vaches ne sont pas fécondées dans un temps défini. Les causes sont alors nombreuses. Selon une étude québécoise, la semence est de meilleure qualité en été qu’en hiver : « La proportion de taureaux dont la semence est de qualité satisfaisante varie de 49 % en janvier à 73,3 % en mai. » Pour expliquer ce phénomène, différentes hypothèses sont avancées : luminosité trop faible en saison hivernale, agression par le froid, alimentation de moins bonne qualité, etc.

Un sperme de mauvaise qualité, voire une azoospermie sont souvent rencontrés chez les taureaux âgés de dix à quinze mois. Ces animaux sont, pour la plupart, fertiles à partir de dix-huit mois, mais un déclin est observé après cinq ans. Les organes génitaux externes ou internes sont souvent lésés. La maturité sexuelle varie selon la race : la charolaise est ainsi l’une des plus tardives.

En outre, les boiteries affectent la qualité du sperme et la capacité de monte. Les traitements antibiotiques utilisés lors de panaris ou de lésions du sabot ne semblent pas avoir d’influence réelle sur la fertilité. Cependant, l’administration de corticoïdes joue un rôle néfaste sur la spermatogenèse.

Infections et inflammations sont à l’origine de stérilité d’une durée variable

Les bursites peuvent induire une inflammation importante du testicule sous-jacent, avec parfois des séquelles telles que des adhérences. La fertilité est alors amoindrie, voire nulle.

Les orchites sont quelque fois accompagnées de périorchite et d’épididymite. Un œdème de la parois crotale, une hyperthermie et une consistance molle du scrotum sont alors observés. Néanmoins, si l’infection est traitée précocement, le taureau se rétablit rapidement. Les inflammations des organes génitaux internes chez les jeunes animaux sont rares et affectent principalement les individus âgés de plus de cinq ans. Elles donnent lieu à une augmentation de la taille et à une consistance dure de la prostate ou des vésicules séminales.

Les hernies scrotales, généralement traumatiques, sont rarement observées. La fertilité est définitivement réduite à la suite d’un déficit de la thermorégulation. La réduction de la hernie doit être pratiquée rapidement et la castration est systématique.

L’hyperthermie est fatale pour la spermatogenèse

Les maladies infectieuses s’accompagnent généralement d’hyperthermie, parfois importante, avec une atteinte de la spermatogenèse. Les agents pathogènes sont multiples. Notre confrère François Courouble rappelle que le virus de la diarrhée virale bovine peut être transmis, via le sperme, par les individus infectés permanents immunotolérants, mais aussi par les taureaux atteints d’infection aiguë, qui sont alors des infectés transitoires. Des avortements précoces sont observés dans ce cas. Le virus de la fièvre catarrhale ovine est également incriminé dans les baisses de fertilité, toujours en raison de l’hyperthermie.

Lors de monte naturelle, un examen de la fonction reproductrice du taureau est essentiel, afin d’obtenir un intervalle vêlage-vêlage acceptable. L’appareil reproducteur puis le sperme sont examinés. L’objectif de l’éleveur doit aussi être précisé, ainsi que la valeur génétique de l’animal. Lors de fertilité moyenne ou nulle, principalement chez les jeunes animaux, un second examen est préconisé quelques semaines plus tard.

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