Plusieurs voies mènent à une retraite anticipée avec des revenus à taux plein

Cesser de travailler avant l’heure passe par la retraite progressive (depuis septembre 2006) ou par la cessation de toute activité grâce au rachat de trimestres. Bien entendu, il est aussi possible de diversifier les moyens de générer des revenus lors de la retraite et, à ce titre, des placements sûrs ont évidemment leur place dans un patrimoine. La démarche à retenir est, dans un premier temps, de faire estimer sa retraite. Ensuite, il convient de comparer les différentes solutions, voire de les panacher pour atteindre son objectif de la manière la plus indolore possible.

Conjuguer la retraite et une petite activité est autorisé

Un arrêté, publié le 13 septembre 2006, rend possible la mise en place de la retraite progressive pour le régime complémentaire des vétérinaires praticiens. Elle permet de bénéficier d’une retraite partielle qui inclut une partie de la retraite complémentaire, après avoir liquidé ou en liquidant en même temps la retraite de base dans le cadre du cumul emploi/retraite, tout en continuant une activité libérale réduite. Pour bénéficier de ce régime, il faut avoir soixante ans ou plus et les revenus nets annuels futurs issus de l’activité libérale ne doivent pas dépasser le plafond de la Sécurité sociale (33 276 € cette année).

La liquidation de la retraite progressive se fait en deux phases. Dans un premier temps, il y a la liquidation totale de la retraite de base (si cela n’est pas déjà fait) et la liquidation partielle, au titre de la retraite complémentaire, d’un maximum de 80 % des points acquis au 31 décembre de l’année qui précède la demande de retraite progressive. Dans un second temps, il y a la liquidation totale des points qui restent, c’est-à-dire les 20 % non encore liquidés et les points acquis durant la période retraite/activité, et l’arrêt définitif de toute activité libérale.

L’estimation du montant des prestations servies se fait avec les règles de calcul à l’âge de la demande et, bien entendu, en tenant compte des trimestres acquis. Selon ces éléments, l’écart sera plus ou moins grand entre la retraite progressive et la retraite normale qui aurait été acquise en poursuivant les cotisations jusqu’à l’âge de soixante-cinq ans. Il est conseillé de faire des calculs pour vérifier quelle solution est la plus avantageuse.

Racheter des trimestres et des points permet d’augmenter sa retraite

Depuis la loi du 1^er janvier 2004, ceux qui justifient d’une durée d’assurance, tous régimes confondus, de cent soixante trimestres, bénéficieront d’une retraite à taux plein à partir de soixante ans, du moins jusqu’à la fin de cette année pour les personnes nées avant 1948. Pour celles nées après cette date, à partir de 2009, cette durée augmentera d’un trimestre par an.

Prendre sa retraite entre soixante et soixante-cinq ans sans avoir le nombre de trimestres requis entraîne une décote de la pension de 1,25 % par trimestre manquant. Ce n’est qu’à soixante-cinq ans qu’il sera possible de bénéficier du taux plein, quelle que soit la durée d’assurance. Pour réduire cette décote et pour permettre de partir avant soixante-cinq ans avec une meilleure retraite, il convient alors de racheter certaines périodes durant lesquelles le futur retraité aura peu ou pas cotisé. Ouvrent droit au rachat, dans la limite de douze trimestres dans le régime de base, tous régimes confondus, les périodes d’études qui précèdent lorsque le régime de la Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL) est le premier régime d’affiliation et les années civiles d’affiliation à ce régime n’ayant pas permis de valider quatre trimestres par an.

Racheter des trimestres permet de réduire la décote ou d’obtenir des points de retraite supplémentaires. Le coût dépend de l’âge auquel le rachat est effectué et du revenu moyen des trois dernières années.

Les sommes ainsi versées sont déductibles du revenu imposable, sans limitation de montant. Cela permet de diminuer sérieusement le coût du rachat. L’économie qui en résulte dépend du taux marginal d’imposition, ainsi que du rythme auquel les versements sont étalés. En cas de rachat de plus de huit trimestres, il est possible de les étaler sur cinq ans au maximum. Les sommes rachetées pourront être déduites chaque année au fil des versements. Cette solution permet d’optimiser le montant de l’avantage fiscal.

L’intérêt du rachat de trimestres et/ou de points dépend d’un certain nombre de facteurs. En effet, il est important de tenir compte du niveau de rémunération du professionnel. Dans la mesure où le coût d’un rachat est identique pour toutes les rémunérations égales ou supérieures au plafond de la Sécurité sociale, il sera d’autant plus avantageux qu’elle sera importante. De plus, plus la tranche d’imposition sera élevée, plus la déduction aura un impact fiscal notable. En outre, le coût du rachat de trimestres croît avec l’âge du futur retraité. Il sera donc plus intéressant d’avoir recours au rachat plusieurs années avant la retraite. Cependant, il ne sera pas opportun non plus pour les jeunes d’effectuer cette démarche, car les sommes versées seront définitivement aliénées et pour de nombreuses années.

Ainsi, le rachat de trimestres sera d’autant plus intéressant que la rémunération du futur retraité sera importante, sa tranche d’imposition élevée et le nombre d’années séparant le rachat de la retraite plutôt conséquent. Mieux vaut donc avoir recours à une simulation pour évaluer la rentabilité de l’opération avant d’opter pour cette solution.

Réaliser des placements sûrs pour revendre à terme ou louer en continu

Pour accroître leurs revenus lors de la retraite, les professions indépendantes disposent de différents types de placements.

Les professionnels libéraux, de préférence ceux qui se situent dans les tranches d’imposition de 30 et 40 %, peuvent privilégier en priorité les investissements défiscalisants, car ceux-ci leur apportent un rendement certain : l’économie d’impôt. Ensuite, il convient de retenir le placement qui correspond le mieux à l’effort d’épargne qu’ils peuvent consentir et à la durée d’investissement qu’ils peuvent retenir.

Par exemple, l’investissement de type Borloo populaire ou de Robien permet de bénéficier, durant l’activité, d’une défiscalisation importante et de créer un capital en se constituant un patrimoine immobilier. Ce dernier peut être revendu à la retraite pour disposer de liquidités ou être loué pour assurer des revenus réguliers. Il est recommandé cependant d’effectuer un tel placement plusieurs années avant la retraite, puisqu’il est nécessaire de conserver ce type de bien au moins neuf ans pour bénéficier des avantages fiscaux.

Les contrats Madelin sont, quant à eux, un type de placement qui permet de réaliser, chaque année, une économie d’impôt puisque le montant des versements est déductible des revenus. Les cotisations sont placées et rémunérées avec une option “gestion sécurité” sur le fonds euros. Au moment de la retraite, il ne reste plus qu’à percevoir des revenus réguliers sous forme de rente viagère.

A côté de ces placements défiscalisants, il existe également des contrats d’assurance-vie pour générer des revenus complémentaires au moindre coût durant la retraite, tout en disposant d’un capital. Ce support de placement est caractérisé par une enveloppe fiscale favorable qui permet de bénéficier d’une imposition nulle ou faible sur les revenus, les produits financiers et les plus-values. En cas d’imprévus, ce type de placement permet d’opérer des retraits, même avant huit ans, en bénéficiant d’une fiscalité relativement douce. De plus, les enfants peuvent être désignés bénéficiaires des contrats d’assurance-vie en exonération de droits de mutation (dans la limite de 152 500 € pour ceux souscris avant soixante-dix ans) sous certaines conditions.

Selon sa situation, l’effort d’épargne, la fiscalité et la retraite estimée, une ou plusieurs de ces solutions seront à privilégier. Pour le savoir, le mieux est de faire réaliser une étude personnelle avec simulations à l’appui.

• Patrimoins Premier, tél. : 01 45 74 01 05, fax : 01 45 74 01 15, e-mail : catherinebel@patrimoinepremier.com

• (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/9/2008 en pages 60-61.