La marbofloxacine améliore l’état clinique de deux tiers de chiens leishmaniens - La Semaine Vétérinaire n° 1331 du 17/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1331 du 17/10/2008

Antibiothérapie. Symposium d’actualités à Lisbonne (Portugal)

Actualité

Auteur(s) : Valentine Chamard

Une rechute est toutefois observée chez la moitié des animaux, au bout de six mois et demi en moyenne.

Une centaine de vétérinaires praticiens, enseignants et spécialistes européens en antibiothérapie et en parasitologie se sont réunis les 29 et 30 septembre derniers, à Lisbonne (Portugal). La leishmaniose était à l’honneur de ce symposium, organisé par Vétoquinol, destiné à présenter les nouvelles avancées en termes d’antibiothérapie vétérinaire.

L’expression de la leishmaniose dépend du statut immunitaire de l’hôte, ce qui explique les formes cliniques, subcliniques ou encore le portage sain, a expliqué Laia Solano-Gallego, du Royal Veterinary College de Londres (Royaume-Uni). Ainsi, une infection n’est pas synonyme de maladie (20 % des habitants du sud de la France seraient séropositifs et ce taux est encore plus élevé chez les chiens de la région, en l’absence de symptômes). Les personnes les plus touchées sont immunodéprimées (Sida, traitements immunosuppresseurs) et développent surtout une forme viscérale. 12 millions d’individus sont atteints dans le monde, avec une incidence annuelle de 1,5 à 2 millions de personnes.

Dans le bassin méditerranéen, l’agent pathogène est Leishmania infantum, transmis par les phlébotomes femelles. Son principal réservoir est le chien. Chez cette espèce, les sujets malades sont en général âgés de moins de trois ans ou de huit à dix ans et de sexe mâle. Le berger allemand, le boxer et le rottweiler sont davantage touchés. Les chats pourraient servir de réservoir secondaire.

Les techniques de biologie moléculaire permettent d’affiner le diagnostic et le suivi

Charles Mary, pharmacien au CHU de Marseille (Bouches-du-Rhône), a présenté les nouveautés en termes de diagnostic chez l’homme. Au classique diagnostic par examen direct et sérologie s’ajoutent aujourd’hui des techniques de biologie moléculaire, plus rapides et plus sensibles. Il s’agit de la polymerase chain reaction (PCR) qualitative, mais surtout quantitative (ou en temps réel) qui permet de différencier une leishmaniose asymptomatique d’une forme déclarée. Cette technique est exploitable en médecine humaine, car le seuil de parasitémie qui différencie un individu malade d’une personne infectée est clairement établi, à la différence du chien. Ces nouvelles techniques sont intéressantes, car une séropositivité n’est pas toujours associée à une maladie déclarée, aussi bien chez l’homme que chez le chien, a expliqué Pierre Marty, du CHU de Nice (Alpes-Maritimes). En outre, les malades immunodéprimés sont souvent séronégatifs. De surcroît, une séronégativité peut être associée à une PCR positive et vice versa. Chez les chiens avec une maladie déclarée, soignés avec des anti-leishmaniens, une amélioration clinique est souvent notée, malgré une persistance de la séropositivité et de la parasitémie. Le diagnostic moléculaire est ainsi particulièrement intéressant quand l’examen direct est négatif, ainsi que dans le cadre du suivi.

Aucun protocole standardisé n’existe chez le chien

Gaetano Oliva, de la faculté vétérinaire de Naples (Italie), a abordé le traitement. Les anti-leishmaniens conventionnellement utilisés chez l’homme (antimoniaux, amphotericine B, pentamidine, miltefosine) ont une faible efficacité chez le chien (rémission temporaire, effets indésirables). En Italie, les molécules les plus usitées chez le chien sont l’antimoniate de méglumine et l’allopurinol, seules ou en association. Chez l’homme, le traitement de choix repose sur une molécule récente, l’amphotéricine B sous forme liposomale. Elle permet une rapide rémission chez le chien, mais n’élimine pas les parasites, et ne se différencie donc pas, de ce point de vue, des autres traitements. Il est recommandé de la réserver à l’usage humain, afin de limiter les résistances. Il n’existe pas de protocole standard pour le traitement de la leishmaniose canine en Italie, aussi bien sur les molécules à utiliser que sur leur dosage.

Un traitement repose sur l’administration de marbofloxacine pendant vingt-huit jours

Le laboratoire a présenté les résultats d’une étude interne sur l’efficacité de la marbofloxacine (Marbocyl® P) contre la leishmaniose. Soixante-quatorze chiens naturellement infectés par Leishmania infantum et présentant au moins un symptôme compatible avec la maladie ont participé à l’étude. Soixante et un seront retenus. Le diagnostic est confirmé via un examen direct, un western blot et une PCR conventionnelle à partir de prélèvements sanguins et ganglionnaires. Les critères d’exclusion sont une insuffisance rénale, une séropositivité à Ehrlichia canis, une association PCR et western blot négatifs. Parmi les soixante et un chiens sélectionnés, 38 % ont déjà reçu un traitement anti-leishmanien. La marbofloxacine est administrée à raison de 2 mg/kg/jour pendant vingt-huit jours.

Une amélioration clinique, associée à une baisse de la charge parasitaire, est observée dans 70 % des cas. La molécule agit sur les formes promastigote et amastigote de L. infantum, par la voie du TNF-α et du NO, en corrélation avec une production de NO2. Elle agirait également grâce à une immunostimulation.

En moyenne, la réponse au traitement est obtenue en cinquante et un jours. Parmi les animaux qui y répondent, le plus fort taux de réponse (56 %) est observé trois mois après le début du traitement, soit deux mois après son arrêt (rôle de l’immunostimulation). En outre, les chiens qui ont déjà reçu un anti-leishmanien répondent mieux et plus rapidement. Cependant, une rechute (dégradation clinique éventuellement associée à une augmentation de la charge parasitaire) est notée chez 53 % des animaux, dans une moyenne de six mois et demi. De plus, les sérologies Elisa ne montrent pas de modifications significatives pendant le traitement et de nombreuses PCR à partir de ponctions ganglionnaires restent positives pendant une longue période, malgré l’amélioration clinique. Ainsi, parmi les axes de recherche, il est envisagé d’administrer le traitement deux fois par an, au début et à la fin de la saison de transmission, afin de limiter les rechutes observées, ou encore d’y associer l’allopurinol.

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